Comment la clermontoise Maison Alfa a bâti une garde robe durable

[TRANSITIONS ECOLOGIQUES] En Auvergne, Maison Alfa créé des vêtements pour femmes à partir de fins de rouleaux de tissu voués à être jetés, en s'entourant de partenaires locaux. Elle renverse ainsi son process de fabrication, tout en essayant de contribuer à impulser un virage plus durable au sein de l’industrie textile.
La créatrice clermontoise Alice Durupt dessine aujourd'hui à plus de la moitié des modèles à partir des tissus qu'elle récupère.
La créatrice clermontoise Alice Durupt dessine aujourd'hui à plus de la moitié des modèles à partir des tissus qu'elle récupère. (Crédits : DR)

Cette startup incarne l'upcycling et lutte concrètement contre le gaspillage et la pollution dans l'industrie textile. Alice Durupt dessine quatre collections par an, soit sont cinq à dix pièces pour chaque saison, pour sa griffe, Maison Alfa.

Clermontoise passée par Lyon en école de design et de mode, elle avait commencé par lancer sa marque avec deux amis, un styliste et un associé au profil orienté plutôt business. "Nous n'avions pas envie d'une mode impersonnelle", résume Alice Durupt.

Les trois fondateurs rêvaient de travailler en écho avec leurs valeurs, à partir de matières naturelles, de créer des pièces de qualités, made in France. Mais les matières premières nobles et naturelles coûtent cher, et le départ d'une associée s'additionne, avant que la situation ne se transforme finalement en opportunité :

"Un jour, un fournisseur m'a proposé une fin de rouleau à un prix très intéressant. Je me suis dit que d'autres fournisseurs devaient aussi avoir des fins de rouleau dont ils ne savaient que faire. cela faisait sens avec notre modèle économique."

 ... à une fabrication plus durable

Alice Durupt, désormais seule à la barre de son entreprise, trouve ainsi une réponse à ses inquiétudes, et une manière originale de défendre ses convictions. "Travailler de cette façon depuis 2018 a changé complètement nos process : je m'adapte à ce que je trouve comme tissu, et cela me permet d'être alignée à mes valeurs, dans une industrie de la mode où l'impact écologique s'avère considérable".

D'après le WWF, le secteur de la mode contribue en effet aux émissions de gaz à effet de serre, avec près de 1,7 milliard de tonnes de CO2 par an. De nombreuses entreprises utilisent encore trop peu de matières recyclées ou produites de façon durable, consomment trop d'eau ou polluent celle-ci, sans compter l'impact des stocks de tissus abandonnés et non recyclés.

Avant, la créatrice dessinait une collection et commandait aux fournisseurs le tissu et les matières dont elle avait besoin. Aujourd'hui, plus de la moitié des modèles sont dessinés à partir du tissu. "Une matière ou un imprimé va en réalité m'inspirer le vêtement. La démarche s'en retrouve donc inversée."

Tous les vêtements sont ensuite confectionnés par une seule couturière à son compte, installée à Lyon. "Nous avons une relation de travail très privilégiée. Je dessine les modèles et elle coud toutes les pièces. J'aimerais pouvoir l'embaucher", ajoute Alice Durupt.

Un écosystème en région Auvergne Rhône-Alpes

Pour appuyer son engagement local, la jeune femme envisage aussi de faire grossir le nombre de ses fournisseurs, tous basés en Auvergne-Rhône Alpes. "Ca a du sens pour moi de travailler en local depuis le départ, avec des fournisseurs comme Deveaux ou Uptrade", glisse-t-elle.

La jeune entrepreneuse s'est fixé comme objectif de doubler son chiffre d'affaires au cours de l'année à venir. "Nous avons démarré avec 15.000 euros d'apport en 2017. Nous sommes désormais rentables et nous nous autofinançons depuis le début, en réinvestissant au sein de l'entreprise tout ce que l'on gagne".

Elle a intégré le Village by CA à la mi-juin et a réalisé une première demande de prêt qui devrait lui permettre de se concentrer sur le développement de son activité. "Notre chiffre d'affaires a déjà été multiplié par dix les trois premières années de notre existence, et nous étions à 20.000 euros de CA l'an dernier", illustre-elle.

Pour l'heure, Maison Alfa diffuse ses collections par le biais de partenaires, mais son principal canal de vente demeure les achats sur son site internet (80 %). "Nous avons de plus en plus de demande de boutiques physiques qui aimeraient proposer la marque", glisse la fondatrice.

La jeune femme souhaite désormais pousser encore un peu plus loin la démarche, et rêve déjà de proposer une solution de seconde main pour ses produits, sur son site internet. Avec un second objectif : proposer, à terme, quinze à vingt nouvelles pièces pour chaque saison.

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