Auvergne-Rhône-Alpes vise le top 5 des régions touristiques d'Europe

Tourisme itinérant, « outdoor », bien-être thermal, art de vivre... La Région, encore trop tributaire des sports d'hiver, lance un plan ambitieux pour diversifier ses offres, partout, et tout au long de l'année. Durant les vacances de printemps, retrouvez chaque jour un ou plusieurs articles de notre série "Auvergne-Rhône-Alpes : les ambitions d'un géant du tourisme". Premier volet : le plan pour intégrer le top 5 des régions touristiques d'Europe.
(Crédits : Sebanado - Auvergne-Rhône-Alpes Toursime)

Auvergne-Rhône-Alpes veut sortir de sa dépendance touristique à l'or blanc. Après avoir longtemps focalisé sa stratégie autour de ses 173 stations de montagne qui font du territoire le premier domaine skiable au monde, la Région, dirigée par Laurent Wauquiez, le président des Républicains, joue désormais la carte de la diversification.

L'idée : faire encore progresser un secteur qui génère près de 20 milliards d'euros de retombées économiques par an, soit 8 % du PIB régional, et emploie 160 000 personnes grâce à la promotion d'un territoire désormais multifacettes, plus seulement tourné vers ses montagnes neigeuses.

Une réorientation illustrée par un plan stratégique de développement reposant sur cinq piliers, considérés comme des "thématiques d'excellence régionale" : la montagne, bien sûr, qui pèse 80 % du chiffre d'affaires du tourisme régional, mais aussi le tourisme itinérant (randonnées pédestres, à vélo...), l'outdoor (activités nautiques, équestres, aériennes...), le bien-être thermal et enfin l'art de vivre avec un fort penchant pour la gastronomie.

"Ces axes stratégiques symbolisent la diversité absolue de la région, expose Nicolas Daragon, maire de Valence et vice-président de la Région chargé du tourisme. Il est possible, en Auvergne-Rhône-Alpes, de pratiquer l'ensemble des activités touristiques qui existent. Il nous manque la mer, mais nous avons des lacs magnifiques... Cette diversité permet à chacun de se retrouver dans l'offre touristique de la région, quel que soit son âge ou sa classe sociale."

L'objectif est ambitieux : intégrer, d'ici à 2020, le top 5 des régions touristiques européennes en croisant différents classements (nombre de nuitées payantes, retombées économiques, nombre de visiteurs internationaux...), là où la deuxième destination touristique française (après l'Île-de-France) se situe actuellement autour du huitième rang européen.

La Région estime, notamment, avoir des arguments à faire valoir en prenant le contrepied de destinations trop fréquentées, à l'image des rues de Paris ou des plages de la Côte d'Azur. D'où un nouveau positionnement marketing symbolisé par un slogan, « Renaître ici », à l'accent slow tourisme assumé.

Des activités sur l'ensemble du territoire

"L'angle marketing a évolué. On ne vend pas juste une chambre d'hôtel, mais une véritable expérience de vie. Notre promesse est que les visiteurs qui ont passé des vacances dans la région soient "différents" lorsqu'ils repartent", n'hésite pas à vanter Lionel Flasseur, le directeur général d'Auvergne-Rhône-Alpes Tourisme, le bras armé de la Région chargé de mettre en oeuvre le plan de développement touristique.

Ce qui se traduit par la promotion d'un tourisme "authentique, bienveillant et responsable, qui se soucie de son impact économique mais aussi écologique ou sociétal".

Une nécessité pour le territoire, mais également pour les touristes de passage.

"Dans les enquêtes de satisfaction, le contact avec les habitants est l'un des premiers critères pris en compte. Il est donc important de veiller au rapport entre ceux qui voyagent et ceux qui les reçoivent", rapporte-t-il.

Pour attirer davantage de visiteurs français et étrangers sans tomber dans les excès du tourisme de masse, le plan est donc de parvenir à une meilleure répartition géographique avec la mise en avant d'activités sur l'ensemble du territoire régional.

Pour l'instant, le compte n'y est pas : l'Auvergne verte et vallonnée représente ainsi seulement 15 % des 20 milliards d'euros annuels générés par le tourisme. La diversification visée passe également par une meilleure répartition de l'offre tout au long de l'année, pour que le tourisme régional repose moins sur son pic de fréquentation hivernale.

Ce qui doit se traduire, concrètement, par une croissance de la consommation touristique des habitants d'Auvergne-Rhône-Alpes. Ils représentent à peine plus d'un quart des touristes de la région. Ce sont eux, pourtant, qui sont susceptibles d'effectuer de courts séjours, vers une destination proche de leur domicile lors des périodes creuses.

Le plan « Quatre saisons » porte également sur la reconquête de la montagne en été, largement sous-exploitée au regard de son potentiel.

"Nous ne pouvons pas nous en réjouir, mais nous sommes aidés par le réchauffement climatique. De plus en plus de personnes fuient les grosses chaleurs en allant à la montagne", reprend Lionel Flasseur.

Suivre la cadence du côté de l'emploi

Un potentiel de la montagne verte aussi identifié par les acteurs privés, à l'image du Club Med. Il compte parmi les principaux acteurs touristiques de la région avec 15 villages vacances installés dans les Alpes. Le groupe, qui projette de bâtir un nouveau village par an dans les cinq prochaines années, compte aussi faire tourner en été ses nouveaux complexes pour rentabiliser des investissements compris entre 80 et 100 millions d'euros.

"Désormais, nous parlons de tourisme à la montagne et plus seulement de sports d'hiver. L'un des freins au développement de la montagne l'été réside dans une conception sportive des vacances, avec la pratique de la randonnée, du vélo ou encore du canyoning, ce qui ne convient pas à tout le monde. Nous devons donc proposer de nouvelles activités autour de l'eau, de l'air, du patrimoine ou encore de la gastronomie. C'est un véritable défi à relever, notamment pour attirer une clientèle internationale qui n'a pas encore le réflexe de venir dans les Alpes en été", explique Xavier le Guillermic, le directeur de la stratégie montagne du Club Med.

Reste que pour croître et intégrer le top 5 européen, les métiers du tourisme devront réussir à suivre la cadence du côté de l'emploi. Les professionnels rencontrent déjà les plus grandes difficultés à pourvoir leurs postes vacants, à commencer dans l'hôtellerie-restauration. Elle représente la moitié des 160000 emplois du secteur.

"On estime que 1500 postes ne sont pas pourvus dans la région faute de candidats. Des établissements ferment à certaines périodes de l'année non pas faute de touristes, mais de personnel. Les recrutements sont encore plus compliqués pour les contrats courts ou saisonniers", rapporte Alain Grégoire, le président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih) Rhône-Alpes.

Une meilleure répartition du tourisme tout au long de l'année pourrait permettre, d'après lui, de résoudre une partie du problème. Et de conclure :

"Si les établissements ouvraient plus longtemps dans l'année, trouver du monde pour ces postes serait plus facile"

Le tourisme industriel, un secteur "à exploiter davantage"

    Le Palais des bonbons et du nougat de Montélimar, la Cité du chocolat valrhona à Tain-l'Hermitage, L'Aventure Michelin à Clermont-Ferrand, la Source Volvic... Autant de sites qui drainent chaque année plusieurs dizaines de milliers de visiteurs, comptabilisés comme du tourisme industriel. Il totalise environ 1,4 million d'entrées par an en Auvergne-Rhône-Alpes. Un secteur en croissance structurelle en France, que la région devrait pourtant « exploiter davantage » selon Cécile Pierre, de l'Association nationale de la visite d'entreprise, Entreprise et Découverte. « La région possède un potentiel énorme en termes de patrimoine industriel et il existe une véritable dynamique autour de ce tourisme. Mais ce n'est malheureusement pas un secteur considéré comme intéressant par la Région », juge-t-elle, déplorant le manque d'action pour développer la filière.

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Commentaires 2
à écrit le 23/04/2019 à 8:41
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Macron ne parle pas de revoir ce ridicule découpage des régions ???

à écrit le 23/04/2019 à 4:08
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Auvergne Rhone Alpes ne sera jamais dans le top, car il n'y a pas la mer ! Les atouts de Auvergne Rhones alpes c'est les montagnes surtout. Faut arreter d'etre prétentieux là.

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