Pourquoi Sanofi rachète la biotech anglaise Kymab

DECRYPTAGE. Le combat contre le Sars-Cov-2 ne doit pas en faire oublier d’autres batailles. Le lyonnais Sanofi, toujours engagé dans la course contre la montre pour le développement de ses deux candidats vaccins d’ici fin 2021, a annoncé en ce début de semaine l’acquisition d’une nouvelle biotech anglaise, Kymab. Objectif : renforcer ses positions dans le secteur de l’immunologie.
Avec le rachat de cette nouvelle biotech Kymab, Sanofi renforce ses positions dans le domaine de l'immunologie et immuno-oncologie, avec des travaux sur les anticorps KY1005 et KY1044.
Avec le rachat de cette nouvelle biotech Kymab, Sanofi renforce ses positions dans le domaine de l'immunologie et immuno-oncologie, avec des travaux sur les anticorps KY1005 et KY1044. (Crédits : Benoit Tessier)

Le laboratoire lyonnais Sanofi se trouve actuellement sur tous les fronts, ou presque. Toujours engagé dans les recherches liées à ses deux candidats vaccins prévus désormais pour fin 2021, il n'en oublie pas ses autres champs d'actions.

Ce lundi, Sanofi a annoncé l'acquisition de la biotech anglaise Kymab, basée sur le campus de l'université de Cambridge (Royaume-Uni). Montant de la transaction ? 1,1 millions de dollars (soit plus de 900 millions d'euros), pour une opération qui doit être finalisée dans le courant du premier trimestre 2021.

Spécialisée dans le développement clinique d'anticorps monoclonaux entièrement humains, pouvant être utilisés pour des indications en immunologie et immuno-oncologie, cette biotech anglaise permet à Sanofi de compléter ainsi son expertise basée sur l'usage de l'anticorps KY1005.

Cet anticorps avait notamment complété en août dernier un essai clinique (phase Iia) concernant le traitement de la dermatite atopique, une affection de la peau. Cette transaction lui permettra également de travailler sur un autre anticorps KY1044, actuellement en cours d'étude, susceptible de provoquer une réponse immunitaire favorisant la régression de certaines tumeurs.

Des biotechs qui deviennent de plus en plus stratégiques

Car comme l'a démontré la crise sanitaire, avec le rôle clé joué par la pépite allemande BioNTech dans le développement du vaccin Pfizer, l'innovation passe de plus en plus souvent par l'acquisition de jeunes pépites innovantes permettant aux grands groupes d'accélérer dans certains domaines clés sur le terrain de l'innovation.

Et Sanofi n'est pas en reste sur cette stratégie, puisqu'il s'agirait d'ailleurs de la quatrième acquisition depuis l'arrivée de son nouveau directeur général Paul Hudson, un ancien des laboratoires GlaxoSmithKline et AstraZeneca, en septembre 2019, tout juste quelques mois avant l'apparition de la crise sanitaire.

Et déjà, sa feuille de route visait à faire prendre à Sanofi de plus fortes positions sur le marché des troubles immunitaires, prévoyant notamment des investissements dans le domaine des maladies rares et de l'immunologie, tout en se retirant des recherches sur d'autres pathologies comme le diabète ou les maladies cardiaques.

Plusieurs transactions complétées

Depuis mai dernier, le laboratoire français a d'ailleurs accéléré en ce sens puisqu'après s'être départi de la biotech américaine Regeneron en récupérant la coquette somme de 11,7 milliards de dollars, elle a procédé à une série d'investissements au sein de nouvelles biotechs.

A commencer par celui de l'américaine Principia Biopharma Inc, spécialisée dans le traitement des maladies auto-immunes comme la sclérose en plaques, pour 3,7 milliards de dollars. S'en est suivi ensuite le rachat, en novembre dernier, de la biotech néerlandaise Kiadis pour 308 millions d'euros, déjà dans l'optique de « renforcer ses positions » dans l'immunothérapie anticancéreuse avec son portefeuille de médicaments innovants à base de cellules NK (natural killer) prêtes à l'emploi. L'objectif était affiché : développer des applications pour le traitement de tumeurs liquides et solides.

Explorer de nouvelles voies thérapeutiques

A chaque fois, ces acquisitions visent à offrir des synergies avec le portefeuille en plein développement de Sanofi dans le domaine de l'immuno-oncologie, qui repose actuellement sur onze molécules en développement clinique (immuno-oncologie et en oncologie moléculaire), et quinze autres aux portes de la recherche clinique.

L'objectif ? Explorer un large panel de « modalités thérapeutiques », allant des petites molécules de synthèse aux anticorps monoclonaux, bi-spécifiques ou tri-spécifiques, parfois conjugués aux anticorps-médicaments, en passant par les nouvelles voies reposant sur l'usage des nanobodies et protéines optimisées, amenées notamment par les biotechs Ablynx et Synthorx.

L'oncologie représente d'ailleurs l'un des quatre axes de recherche du laboratoire français, et repose sur deux sites experts situés à Vitry-sur-Seine (Ile-de-France) et Strasbourg (Grand-Est), et représente désormais près de 40 % de son budget de recherche -contre seulement 15 % il y a 4 ans-, selon les chiffres communiqués par le groupe.

Avec une ambition : rattraper ses concurrents dans la course vers marché en forte croissance, évalué chaque année à près de 100 milliards de dollars (soit 86 milliards d'euros).

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Commentaire 1
à écrit le 12/01/2021 à 16:01
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Le fait que la laboratoires ne trouvent plus rien depuis 20 ans, (non de grâce pas le covid svp, merci) n'est pas du au fait que nos chercheurs seraient devenus complètement nuls, non c'est juste que pour ces entreprises aux actionnaires gourmands co...

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