Les Atelières vers le dépôt de bilan

En cessation de paiement, la coopérative de lingerie corseterie des Atelières pourrait déposer le bilan ce mardi, moins d'un an après son sauvetage.
at

C'est sans doute la fin d'une belle aventure qui se profile. Selon nos confrères du Figaro, le dépôt de bilan de la coopérative de lingerie et corseterie les Atelières à Villeurbanne (Rhône) pourrait intervenir ce mardi 17 février. La société est en effet convoquée ce matin devant le tribunal de commerce de Lyon. Depuis le 5 février, les Atelières sont en cessation de paiement et pourrait s'acheminer vers la liquidation judiciaire.

Muriel Pernin avait fondé en janvier 2013 cette SA coopérative d'intérêt collectif, lors de la liquidation de Lejaby. Le projet avait alors bénéficié de l'engouement autour du "made in France". Et en 2 ans, il aura recueilli "1,1 million de fonds propres et quasi fonds propres :  100.000 euros de dons, 170.000 euros de titres participatifs, 290.000 d'avances remboursables d'un de ses actionnaires, 110.000 euros issus du dispositif économie sociale et solidaire et les mises d'argent des actionnaires d'origine". Se sont ajoutés 60.000 euros de subventions du conseil régional et 70.000 euros au titre de la revitalisation des territoires. Trois banques (LCL, La Caisse d'Epargne et le Crédit Coopératif) auront apporté 350.000 euros, entre septembre et novembre 2014, des concours garantis à 70 % par BpiFrance.

800 000 euros de déficit en 2014

Les Atelières ont accumulé 800 000 euros de déficit de 2014, pour un chiffre d'affaires de 230 000 euros (390.000 euros de revenus en 2013 et 500.000 euros de pertes). Jointe lundi par Acteurs de l'économie, Muriel Pernin explique ces résultats par beaucoup d'impayés, une baisse des commandes de donneurs d'ordre confrontés à la situation en Russie. Ainsi "Maison Lejaby", qui a pesé pour 60 % dans son activité de l'an dernier, ne lui aura fait fabriquer, in fine, que 6400 pièces en 2014 alors que l'entreprise lui en avait promis 14.000, initialement, selon la présidente des Atelières.

"Notre partenariat de départ avec Alain Prost - repreneur de Maison Lejaby en janvier 2012 - était sincère. Mais l'entreprise a eu du mal à se réformer. Sa vision de la sous-traitance est un peu féodale", constate Muriel Pernin.

Aussi et pour être moins dépendant de la sous-traitance, l'atelier a t'il mobilisé son personnel sur le lancement de sa propre marque générant ainsi des dépenses salariales et de matières premières. La première collection "maison" avait été présentée en novembre 2014 et commercialisée sur son e-boutique. Mais les ventes n'ont pas été à la hauteur des attentes, du fait du contexte économique.

"Nous sommes arrivés trop tard pour les fêtes de Noël. Et, en janvier les consommateurs n'avaient pas le coeur à acheter. Les temps ont été très difficiles pour la lingerie", analyse Muriel Pernin.

Liquidation évitée il y a un an

Déjà menacées de liquidation, en mars 2014, les Atelières avaient néanmoins réussi à se sauver, à l'époque, grâce à une nouvelle collecte d'argent. La remise à niveau des fonds propres était une condition pour que les banques accordent leur concours, poussées par Arnaud Montebourg, alors ministre de l'Économie qui s'était saisi du dossier.

Les Atelières emploient une trentaine de personnes. Au total sur les deux ans de leur existence, la coopérative a travaillé avec 25 clients pour des produits haut de gamme. Pour le moment, aucun repreneur ne s'est fait officiellement connaître."Maison Lejaby", passée sous le contrôle du fonds privé parisien Impala, après avoir frôlé le dépôt de bilan, l'été dernier, pourrait elle être intéressée ? Les nouveaux dirigeants que nous avons contactés n'étaient pas joignables. Si elle reconnait que Arnaud Montebourg a bien soutenu son projet, Muriel Pernin constate toutefois :

"Il a fait une erreur de sémantique. En parlant du made in France, il a légitimité une norme très floue. Il suffit que le produit soit finalisé en France".

Reste que, conclut-elle,  "pendant 25 mois, 30 personnes en moyenne, auront travaillé aux Atelières. A l'ouverture de l'atelier, l'essentiel du personnel était au chômage ou en sortie d'études".

Actualisé le 17/02/2015 à 8 h

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 5
à écrit le 17/02/2015 à 8:20
Signaler
Quel gâchis ,après avoir retrouvé l'art et la manière de fabriquer du luxe Français grâce à une main d'œuvre formée et spécialisée et rare, voilà un triste constat. J'espère que tous les décideurs ont entendu ce SOS envoyé par Me Muriel Pernin , il...

à écrit le 16/02/2015 à 21:24
Signaler
Etonnant non comme toutes ces reprises échouent....Pour se raffraichir la mémoire allez voir les circonstances de l'échec de la coopérative ouvrière ayant repris LIP. Je suis sans doute parano....

à écrit le 16/02/2015 à 20:42
Signaler
il ne connait pas les charges lui ....

à écrit le 16/02/2015 à 15:25
Signaler
Pourtant dans la lingerie le made in France est porteur non ?

le 16/02/2015 à 21:13
Signaler
Oui, j'espère que vous en achetiez beaucoup, sans regarder le prix. Les russes, friands de ces lingeries, en ont notablement moins acheté vu l'embargo et la chute du rouble, avec les attentats, les français avaient autre chose à penser, résultat, ba...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.