Plan Montagne, acte 2 : la Région soutient l'hébergement en station

Le Conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes lance l'acte 2 du plan montagne, d'un montant de 20 millions d'euros sur quatre ans. Après avoir soutenu l'installation de canons à neige, la Région s'attaque désormais aux difficultés d'hébergement en station. De son côté, l'opposition milite pour une politique d'investissement permettant de diversifier les activités en station.
Val Thorens (Savoie)
Val Thorens (Savoie) (Crédits : DR)

"Le ski doit être accessible à tout le monde et non devenir une discipline élitiste." C'est en ces termes que Laurent Wauquiez, en déplacement à Notre-Dame-de-Bellecombe lundi 8 janvier, a présenté le deuxième acte du plan montagne qui sera voté en Commission permanente le 18 janvier. L'annonce a été faite "en grande pompe, avant le vote", une pratique à laquelle les élus de l'opposition disent avoir du mal à s'habituer. Les dispositifs de l'acte 2 visent à apporter un soutien à l'offre d'hébergement en station, pour un investissement total de 20 millions d'euros sur la période 2018-2021.

Héberger les saisonniers, un vrai casse-tête pour les stations

La première "priorité" de ce deuxième volet concerne le logement des saisonniers. Compte tenu du prix à la location en station, l'hébergement des travailleurs peut être un frein à l'embauche, analyse l'institution régionale, qui veut résoudre ce problème en apportant de nouveaux financements. Contactée par Acteur de l'Economie, Valérie Léger, directrice du CCAS (centre communal d'action sociale) de Courchevel, confirme que les cas de mal logement ne sont pas rares en station.

"Il arrive qu'un employeur loge 4 personnes dans un petit studio de 18 mètres carrés, à peine suffisant pour en accueillir deux".

La Région va proposer de soutenir la création et la réhabilitation d'hébergements collectifs à hauteur de 40 %.

Si Valérie Léger accueille cette mesure avec enthousiasme, elle insiste sur le fait que "tout ne doit pas reposer sur les épaules de la commune. Le secteur privé, et en particulier l'hôtellerie, doit avoir sa part de responsabilité."

A titre d'exemple, elle déplore que "certains hôtels n'attribuent pas de chambres à leurs saisonniers, et viennent ensuite demander de l'aide aux pouvoirs publics pour les loger. Il s'agirait de concevoir un système où chacun s'y retrouve. "

Soutenir les investissements immobiliers des communes

La deuxième mesure du plan montagne concerne les hébergements collectifs, notamment ceux destinés aux classes de neige. Leur nombre a baissé d'un cinquième en 10 ans. Un soutien de 40 % des acquisitions foncières ou immobilières est prévu par le Conseil régional, ainsi qu'un financement jusqu'à 30 % des travaux de création et de réhabilitation des hébergements collectifs.

Enfin, le troisième axe fort est le soutien de la Région aux démarches locales pour maintenir les lits chauds en station. Pour lutter contre le "refroidissement des lits" (résidences secondaires retirées du marché locatif) et l'érosion de l'hébergement de loisirs, l'institution se dit prête à soutenir à hauteur de 40 % le rachat de résidences touristiques par les communes, ainsi que leurs investissements pour créer des "espaces propriétaires" destinés à les aider à louer leur bien.

"La volonté régionale a été d'apporter un soutien spécifique à nos stations, en plus de l'accompagnement renforcé des communes via les Contrats Ambition région et les aides aux bourgs-centres", explique Gilles Chabert, conseiller spécial de la région Auvergne-Rhône-Alpes délégué à la Montagne.

Diversifier l'offre

Du côté de l'opposition, le constat est plus mitigé. Corinne Morel Darleux, conseillère régionale RCES à la commission montagne, regrette que le budget de l'acte 2 soit inférieur à celui de l'acte précédent, qui concernait le financement de l'enneigement (33 millions d'euros ont à ce jour été octroyés).

"Non seulement les canons à neige sont coûteux en termes d'impact environnemental, mais ils répondent avant tout aux intérêts des acteurs du ski alpin. A la vue des effets du changement climatique, il s'agirait plutôt d'investir dans la diversification des activités en station, plutôt que de tout miser sur le ski."

Lire aussi : Montagne : la Région mise sur le court terme

Rien d'étonnant donc selon elle à ce que la Région alloue plus de fonds à cette mesure qu'à celle de l'hébergement, qui répond à des besoins sociaux. Corinne Morel Darleux reconnait tout de même que l'acte 2 "va dans le bon sens", notamment en matière de transparence dans l'attribution des fonds aux stations. "Cette fois, il y a des critères clairement établis. Avant, rien n'empêchait de servir avant tout les amis".

Lire aussi : Affaire Chabert : le Mr Montagne de Wauquiez visé par une enquête préliminaire

Les communes peuvent désormais envoyer un dossier pour recevoir les aides émanent de l'acte 2 du plan montagne. Le Conseil régional ne saurait dire à l'heure actuelle combien de stations seront concernées. Depuis le lancement de l'acte 1 en 2016, la Région dit avoir déjà soutenu 107 stations pour un montant de 33 millions d'euros. Les stations peuvent encore demander à en profiter pour financier l'installation d'enneigeurs, même si la météo actuelle fait douter de leur nécessité cette saison.

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