La reconduction de Jacques Samarut en question

Jacques Samarut est officiellement candidat à sa succession à la tête de l'ENS Lyon. Un pari moins aisé qu'il ne paraît.
Jacques Samarut, actuel "patron" de l'ENS Lyon.

 

Ce vendredi 28 février, la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche Geneviève Fioraso est à Lyon pour inaugurer, aux côtés de la Médaille Fields 2010 Cédric Villani, la Fédération de recherche en mathématiques Rhône-Alpes Auvergne. Et Jacques Samarut compte bien profiter de ce passage à l'université Lyon 1 pour lui annoncer de vive voix qu'il est candidat à sa succession à la présidence de l'ENS Lyon. « J'en ai bien informé ses services, mais on ne sait jamais… », précise-t-il. Car ce qui était apparu comme une évidence il y a quelques mois avait peu à peu été mis en doute. Usé par cette lourde responsabilité - surtout depuis le départ de son directeur général Olivier Faron au cabinet du ministre de l'Enseignement supérieur Laurent Wauquiez en 2011 puis à la tête du CNAM deux ans plus tard ? Lassé d'un microcosme lyonnais éreintant et volontiers sclérosant - comme en atteste le retentissant échec à l'Idex ? Déstabilisé par un soutien qu'il espérait d'une seul voix et qui, in fine, se révèle moins consensuel - jusque chez d'emblématiques décideurs politiques et économiques ? Atteint par la limite d'âge ? « J'ai aujourd'hui 64 ans. Au sein du ministère il m'a été assuré que je pouvais accomplir en toute légalité les cinq années d'un nouveau mandat ». Un ministère par ailleurs coupable d'une erreur de procédure par la faute de laquelle l'appel à candidatures n'a toujours pas été lancé, alors que, selon les statuts de l'établissement, la nomination doit officiellement être actée au plus tard le 14 juin.

Juste ou excessive confiance ?

Alors face à qui Jacques Samarut devra-t-il ferrailler ? Des candidats « extérieurs » devraient très prochainement se manifester. Parmi les caciques de l'ENS, si Michel Lussault, ancien président de l'Université de Lyon, a décidé de ne pas se présenter face à son président, il s'avère que Jean-François Pinton, directeur de l'Institut de physique du CNRS, ne devrait pas avoir les mêmes états d'âme. Au sein du ministère, la candidature de Jacques Samarut ne fait pas l'unanimité, d'aucuns redoutant le mandat de trop ou, pire, une défaite, qui constituerait un « injuste et cruel » camouflet pour celui qui conduisit, aux côtés d'Olivier Faron, non sans vicissitudes mais avec succès, la fusion des ENS Sciences et Sciences humaines en janvier 2010. « Sans doute aurait-il été plus sage de lui confier une belle porte de sortie jusqu'à la retraite plutôt que de l'exposer à un tel risque ». Ou bien, complète un hiérarque du monde universitaire lyonnais, lui réserver un "mandat limité à deux à trois ans, au cours duquel il aurait pu exprimer le meilleur de lui-même : sa contribution à l'édification du site Lyon-Saint-Etienne". « Sur la foi de mon bilan, je suis confiant », réplique de son côté un Jacques Samarut plébiscité pour ses qualités humaines et fort de soutiens importants dans la communauté lyonnaise. Sans doute aussi conscient qu'il sera difficile pour Geneviève Fioraso de justifier une non reconduction de son mandat lorsque le comité de sélection lui présentera la liste des trois candidats retenus. S'il y figure.

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