Il se tient depuis 1967 à Las Vegas et n'a pas choisi cette année de baisser les bras. Faute de pouvoir réunir au cœur du Nevada ses quelques 4.500 exposants issus de 150 pays et ses 200.000 visiteurs annuels, le Consumer Electronics Show (CES) se tient cette année en format digital, à compter de ce lundi.

Même si la délégation française de cette grande mecque de l'électronique grand public devrait être légèrement moins fournie en 2021 -avec 113 jeunes pousses contre 130 l'an dernier-, les startups hexagonales seront bel et bien présentes pour ce grand-rendez-vous. Avec toujours, le même objectif de présenter leurs produits et services innovants aux investisseurs des quatre coins de la planète.

Et cette année, la Région Auvergne Rhône-Alpes et son partenaire Minalogic ont retenu une quinzaine de startups au sein de leur délégation régionale, un chiffre légèrement en baisse comparé à l'an dernier (elles étaient 29 en 2020). Mais elles comptent bien représenter les couleurs de l'écosystème auralpin, qui pourrait encore cette année encore faire émerger de belles pépites, au sein de plusieurs secteurs. Avec au menu, plusieurs domaines fortement accélérés par la pandémie mondiale : énergie, santé, mais aussi solutions numériques (traitement des datas et plateformes de digitalisation, etc)...

Même si Minalogic et la Région ont tenu à garder la primeur pour leur conférence de presse, en vue de présenter leurs pépites officiellement ce mardi, on peut d'ores et déjà noter quelques tendances pour cette édition 2021 :

« On observera notamment cette année, au sein de la délégation régionale, une forte présence des startups du secteur de Grenoble et de Valence, qui sont des pôles en plein boom, ayant enregistré de belles levées de fonds en 2020 malgré la crise », traduit Alexandre Vallat, référent startups de French Tech Onelse Lyon Saint-Etienne.

Avec une édition partagée entre ceux qui ont déjà franchi la porte du Sheraton et du Hilton -les deux hôtels phares accueillant habituellement cette exposition mondiale-, et ceux pour lesquels cette expérience digitale marquera plutôt une première participation.

Ceux qui débarquent cette année

Plusieurs de ces jeunes pousses se frotteront aux investisseurs du CES pour la première fois cette année.

C'est par exemple le cas de Dracula Technologies (Valence), qui a déjà levé courant 2020 et malgré la pandémie 2,2 millions d'euros pour industrialiser son module photovoltaïque à base de matériaux organiques, qui pourrait remplacer demain les piles dans les objets connectés.

Ou encore de la spin-off grenobloise du CEA Leti, Kentyou, qui fournit un logiciel de jumelage permettant aux collectivités de collecter et unifier leurs données urbaines, en vue de contribuer à l'émergence de projets locaux.

Autre grenoblois de l'étape : la startup SCPTime, spin-off de la PME matheysine Gorgy Timing, fera également partie de cette délégation, avec sa solution de synchronisation horaire visant à coordonner l'ensemble des réseaux et équipements connectés.

En Auvergne, la jeune pousse Perfect Memory, basée à Chamalières (Puy-de-Dôme), sera également présente cette année avec sa plateforme logicielle qui collecte et interprète différents types de données pour rendre ensuite exploitables afin de développer de nouveaux services. Celle-ci travaille par exemple déjà sur des projets en collaboration avec le Paris-Saint-Germain, RTL ou encore Eurovision Media Services.

A noter la présence cette année également de la startup haut-savoyarde Terabee, basée à quelques kilomètres de Genève, qui s'est réorientée dans le développement des capteurs de distance, utilisés par les systèmes de navigation autonomes des drones, de la robotique et des objets connectés. En s'appuyant sur une collaboration avec le CERN de Genève, elle a déjà vendu ses capteurs à de grands industriels comme Airbus ou Lufthansa, et travaille désormais à développer un logiciel de comptage de personnes automatisé, visant à aider les grands magasins et enseignes à mieux gérer les flux de visiteurs dans un contexte de Covid-19.

Ceux qui y retournent

D'un autre côté, on retrouvera, parmi les habitués du CES déjà présents l'an dernier, plusieurs lyonnais qui pourront à nouveau profiter de ce tremplin pour présenter leurs innovations. Ce sera par exemple le cas de Bookinou, qui propose une liseuse audio connectée où les parents (et grand-parents) peuvent enregistrer eux-mêmes leurs histoires à distance grâce à une application mobile, et que les jeunes enfants pourront ensuite réécouter en autonomie. Le lyonnais, qui produit ses liseuses en Asie, a commencé à les commercialiser auprès de plusieurs distributeurs comme Boulanger, Decitre ou Nature et Découvertes.

Même chose pour la jeune pousse FasTeesT, créatrice d'une "brosse à dents du futur", promettant un brossage dentaire qui se veut efficace en 10 secondes et adressant 16 dents simultanément. Elle vise notamment, avec cette innovation brevetée qui se place du côté des dispositifs médicaux, à accompagner en premier lieu les personnes âgées et les enfants, ainsi que les résidents des établissements de soins.

A Lyon toujours, le fournisseur d'outils de visioconférence et de télétravail français Private Discuss réembarque également pour une seconde année consécutive, sur un marché plus que jamais accéléré par les usages résultant de la pandémie actuelle. De quoi tenter de damner le pion aux plus grands noms du secteur : Microsoft Teams, Zoom, Skype...

Mais les grenoblois tiendront aussi la corde dans cette délégation, avec plusieurs pépites prometteuses : c'est le cas de la deeptech BeFC, spin-off du CNRS, qui conçoit un modèle de pile miniature et écologique à base de papier et de sucre, et ambitionne de révolutionner le secteur de l'électronique. Elle avait notamment déjà remporté l'an dernier le prix 10.000 startups pour changer le monde, organisé par La Tribune, dans la catégorie Environnement & Energie.

Une autre deeptech iséroise, eLichens, qui vient de s'appuyer sur ses capteurs de gaz pour la détection des fuites et l'amélioration de l'air intérieur, a trouvé une autre application en plein période de Covid-19 : son capteur vient d'être intégré par l'industriel américain Honeywell, afin de protéger les travailleurs de la chaîne du froid. Objectif : que ceux-ci soient alertés lorsqu'ils manipulent de trop fortes concentrations de C02, émanant du processus de réchauffement de la neige carbonique, elle-même utilisée désormais pour le transport des vaccins Covid-19 notamment. La société vient d'ailleurs de lever, courant juin dernier, près de 6 millions d'euros auprès de ses investisseurs et banques historiques pour accompagner le développement de ce nouveau marché.

Retrouvez la liste complète de la délégation ici : BeFC, Bookinou (by Pimely), Clicky, Dracula Technologies eLichens, FasTeesH, ido-data, IoTize™, Kentyou,Perfect Memory, Private Discuss, ProovStation, SCPTime, Terabee.