Végétal local : une nouvelle filière qui pousse les ressources du territoire

Elle compte déjà près de 530 espèces labellisées, dont 115 uniquement pour le Massif Central. Créée à l'initiative des Conservatoires botaniques nationaux, de l'Afac Agroforesteries et de Plante & Cité, la marque Végétal local se pose aujourd'hui comme un outil de traçabilité, propriété de l'Office français de la biodiversité (OFB). Avec, au menu, une solution basée sur la nature en vue de revégétaliser des espaces naturels altérés.
La filière Végétal local, montée en 2015, propose de garantir à la fois la provenance locale à travers une traçabilité complète, une diversité génétique et une conservation de la ressource au sein du milieu naturel.
La filière Végétal local, montée en 2015, propose de garantir à la fois la provenance locale à travers une traçabilité complète, une diversité génétique et une conservation de la ressource au sein du milieu naturel. (Crédits : DR)

Les paysagistes, urbanistes et entrepreneurs en travaux publics se heurtent parfois à des problèmes liés à l'emploi de végétaux d'origine méconnue. Certaines plantes, inadaptées au territoire et à la biodiversité locale, s'avèrent ponctuellement envahissantes, d'un entretien coûteux et nécessitent souvent l'utilisation renforcée de pesticides et autres intrants.

"Leur remplacement par des végétaux locaux d'origine sauvage permet de répondre à ces inconvénients", argumente Stéphane Perera, responsable du service médiation scientifique au Conservatoire botanique national du Massif central. Jusqu'à présent, il était particulièrement difficile d'acquérir ces végétaux sur le marché, faute de filières spécifiques.

La filière Végétal local, montée en 2015, propose ainsi de garantir à la fois la provenance locale à travers une traçabilité complète, une diversité génétique et une conservation de la ressource (plantes et arbres des écosystèmes d'origine) au sein du milieu naturel. Et ce, pour toutes les semences, les plantes, les arbres et les arbustes sauvages commercialisées sous sa marque.

Une marque déposée

Créée à l'initiative des Conservatoires botaniques nationaux, de l'Afac Agroforesteries et de Plante & Cité, la marque Végétal local se pose aujourd'hui comme un outil de traçabilité, propriété de l'Office français de la biodiversité (OFB).

En France, 530 espèces sont labellisées, dont 115 uniquement pour le Massif Central. Commercialisée par territoire, la marque est présente jusqu'en Corse. Deux entreprises productrices seront labellisées prochainement dans la Haute-Loire et dans le Puy-de-Dôme. Pour l'instant, elles sont une poignée a produire semences, plants, arbres ou herbacées, réparties en Nouvelle Aquitaine, dans les Bouches-du-Rhône, la Drôme, le Cantal et la Loire. Difficile de chiffrer combien de plantes ont été commercialisées sous le label ces dernières années mais la marque évalue ce chiffre plusieurs centaines de milliers de plantes.

Collectés en milieu naturel, les semences et boutures commercialisées à travers cette marque n'ont pas subi de sélection par l'homme ou de croisement : elles sont donc naturellement présentes et prélevées au sein de l'une des 11 grandes régions écologiques définies dans le cadre de la marque -des territoires cependant indépendants des régions administratives.

Dotées de caractéristiques écologiques, géologiques et climatiques qui leur sont propres, chacun de ces territoires présente en effet une flore dotée d'adaptations génétiques particulières et séculaires. Ces régions d'origine, validées par le corps scientifique, permettent ensuite de justifier leur caractère "local", au regard des ressources génétiques employées.

Des avantages de taille pour de petites pousses

"Grâce à ces plantes, des prescripteurs comme les paysagistes, architectes, urbanistes peuvent proposer une palette végétale plus adaptée au contexte d'implantation. Les végétaux d'origine locale colonisent et cicatrisent rapidement les terrains aménagés", détaille Stéphane Perera.

Et présentent plusieurs atouts : car en couvrant le sol et en offrant des sources d'alimentation pour la faune, ces végétaux facilitent l'infiltration de l'eau dans le sol tout en limitant son érosion, et contribueraient ainsi à la restauration des écosystèmes dégradés, comme les talus d'une route.

"Du côté des collectivités, en plantant des végétaux locaux, on reproduit la palette végétale disponible dans le paysage local. Les couleurs et textures de l'aménagement se fondent dans leur environnement immédiat assurant l'insertion paysagère immédiate du projet ", détaille Stéphane Perera.

Le patrimoine naturel local et ses espèces végétales sont ainsi mis en valeur, revalorisés et redécouverts par les habitants. D'un point de vue économique et écologique, comme ils sont issus d'une longue sélection naturelle qui les a adaptés au climat, aux sols, au relief rencontrés dans leur région, ces végétaux se montrent plus résistants aux aléas climatiques.

"Du fait de leurs capacités innées, les plantes d'origine locale se montrent également résistantes aux maladies et ravageurs locaux. Ayant co-évolué avec ces derniers, elles disposent déjà de mécanismes de défense naturels, que ne possèdent pas forcément les plantes d'origine horticoles", observe le responsable médiation scientifique.

"Sans oublier que la filière contribue ainsi au développement d'entreprises régionales et sources d'emplois spécialisés", poursuit Stéphane Perera

La filière a mis sur pied des cycles de formations techniques autour des végétaux locaux, qui s'échelonneront jusqu'à 2021 à destination des horticulteurs, pépiniéristes, producteurs et revendeurs de végétaux notamment. Une occasion d'accroître encore davantage le poids du local.

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