L'épidémie de rougeole qui s'est déclarée en Alsace, ce mois-ci, ne peut que conforter les promoteurs de la campagne de prévention « Immuniser Lyon » dévoilée le 10 juin. « C'est une initiative pionnière en France et en Europe. Ce nouveau modèle d'actions locales mobilise 20 partenaires publics et privés. A partir de Lyon nous voulons remettre l'accent sur la nécessité de la vaccination qui recule», a justifié Gérard Collomb, sénateur maire de Lyon et président de la Métropole.
Métropole désormais engagée dans les politiques de prévention de santé publique depuis qu'elle a pris en charge la PMI sur son territoire, le 1er janvier 2015.
« Les évènements récents (Ebola, entre autres) nous ont rappelé qu'il faut rester modestes vis à vis des agents pathogènes », a reconnu Alain Mérieux, président de l'Institut du même nom.
La vaccination à un tournant
« La vaccination est à un tournant y compris social. D'aucuns pensent qu'il faut supprimer l'obligation vaccinale. A condition de passer à autre chose », a enchaîné le Pr Yves Gillet, directeur adjoint des urgences pédiatriques de l'hôpital Femme/mère/enfant, aux Hospices Civils de Lyon.« Les gens ont besoin d'informations fiables et d'un discours cohérent. Immuniser Lyon fait appel à l'intelligence ».
A propos de la rougeole, et des 50 000 cas en France sur la période 2006/2011 (selon une estimation approximative et peut-être en deça de la réalité) le médecin a rappelé qu'il n'existait aucun traitement antiviral. Or, cette maladie infantile qui peut s'exprimer de façon grave « est évitable avec le vaccin ». Il a également cité l'exemple de la méningite de type C, «totalement éradiquée en Hollande et en Grande-Bretagne. En France, le vaccin existe mais on le fait pas ».
Défiance vis à vis des hexavalents
Quant à la défiance vis à vis des vaccins hexavalents, en particulier :
« Ils sont recommandés par tous les acteurs de la vaccination. Un vaccin qui protège contre 6 maladies c'est mieux que deux. Mais on ne veut pas forcer la main aux gens », a commenté Yves Gillet.
A propos de la pétition récemment lancée par le Pr Henri Joyeux (chirurgien cancérologue de Montpellier), eu égard au vaccin DT Polio, il l'a qualifiée de « polémique dénuée d'arguments scientifiques ». Pour sa part, Véronique Wallon directrice de l'Agence régionale de santé de Rhône-Alpes a toutefois mis en avant une opinion générale largement positive : « plus de 80 % des adultes sont favorables à la vaccination C'est plus qu'il y a vingt ans. Mais il y a des disparités selon les zones, les maladies... ». Et des interrogations.
Sanofi Pasteur, sponsor
L'opération lyonnaise, soutenue par les pouvoirs publics, fera t-elle école ? La campagne de communication et le site Internet ont été payés par Sanofi Pasteur, leader mondial des vaccins dont le siège est à Lyon. Les autres participants s'y consacrent sur la base du volontariat et du bénévolat pris sur leur temps professionnel. L'opération est, à ce stade programmée sur une année (jusqu'à fin mai 2016) et « les résultats seront mesurés à l'aune des ventes de vaccins et des consultations de vaccinations dans les centres et chez les médecins », a précisé Anne-Sophie-Baron, présidente du comité de pilotage. Un défi à relever.
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