Il n'y a pas de fatalité au massacre de populations civiles

Samedi dernier, 23 Pyramides de chaussures ont poussé dans l'Hexagone. Erigées par les citoyens, sous l'impulsion de Handicap International, ces pyramides sont, depuis 20 ans, le symbole de la mobilisation en faveur des victimes de guerre. Cette année, elles étaient consacrées au combat contre l'utilisation des armes explosives en zones peuplées. 30 000 personnes sont ainsi venues signer notre pétition pour dire non à ces bombardements de civils qui continuent en Syrie et sur les théâtres des autres conflits actuels, à faire de nombreuses victimes parmi les habitants. 40 000 personnes tuées ou blessées par des armes explosives en 2014

Syrie, Bande de Gaza, Soudan du Sud, Yémen ou encore Ukraine... autant de zones concernées par le recours massif aux bombardements et aux armes explosives en zones urbaines au cours de ces derniers mois. En 2014, au moins 40 000 personnes ont été tuées ou blessées par une arme explosive dans le monde. En Syrie, selon une étude conduite par Handicap International , 5 millions de personnes vivent sous la menace directe des armes explosives, dont 2 millions d'enfants.

60% des personnes blessées en Syrie par des armes explosives

Les conséquences sont graves, parfois irréversibles : les armes explosives tuent, provoquent des blessures sévères (brûlures, amputations, fractures complexes, etc.), génèrent des handicaps et des traumatismes psychologiques durables. En Syrie par exemple 60% des personnes blessées interrogées par Handicap International, en 2012 et 2013 avaient été victimes d'armes explosives. Un quart des blessés recensés avait dû subir une amputation .

Les habitants sont forcés de se déplacer pour échapper aux bombardements et tirs, contraints de laisser derrière eux leurs biens et leurs maisons. Les armes explosives détruisent les infrastructures essentielles telles que les habitations, les écoles ou les hôpitaux...

Un héritage mortel

Une fois le conflit terminé, « l'héritage » des armes explosives rend périlleux le retour des populations dans leur quartier. Selon une enquête conduite par Handicap International à Kobané, ville du nord de la Syrie, les affrontements particulièrement violents qui ont secoué la ville ces derniers mois avaient laissé après les combats une pollution massive avec une moyenne de 10 munitions / m² dans le centre-ville.

A l'image de la Syrie, aujourd'hui, 70 pays sont contaminés par les restes explosifs de guerre, qui peuvent rester actifs plusieurs décennies après les conflits. Ils freinent la reconstruction, rendent dangereux l'accès aux champs ou aux services et maintiennent les pays dans la pauvreté.

Une violation du Droit international Humanitaire

Le droit international humanitaire (DIH) interdit aux parties prenantes d'un conflit de prendre pour cible des personnes civiles et des bâtiments publics. Toute attaque doit respecter le principe de distinction entre civils et combattants. Or, dans les conflits actuels, les belligérants visent et bombardent régulièrement les villes et les zones où se regroupent les populations. Cette pratique, qui provoque un nombre de morts et de blessés important parmi les habitants, constitue une violation des dispositions majeures du DIH.

La communauté internationale doit réagir ! Handicap International appelle les Etats à prendre leurs responsabilités et à s'engager dans un processus diplomatique pour mettre fin à ces pratiques contraires au droit international humanitaire. Et alors que la France a engagé des frappes aériennes en Syrie, l'organisation demande au gouvernement français de tout mettre en œuvre pour protéger les populations civiles, et tout particulièrement de s'engager à ne pas utiliser d'armes explosives en zones peuplées.

Il n'y a pas de fatalité !

La communauté internationale prend peu à peu conscience des conséquences humanitaires de l'utilisation des armes explosives en zones peuplées. 40 pays ont publiquement exprimé leur inquiétude à l'égard de cette problématique, et le Secrétaire Général des Nations Unies ainsi que le Comité International de la Croix-Rouge ont appelé les États à se mobiliser contre cette pratique. La récente conférence de Vienne qui s'est déroulée les 21-22 septembre a confirmé qu'une dynamique internationale contre les dommages causés aux civils par l'utilisation d'armes explosives en zones peuplées était véritablement lancée.

L'Histoire récente nous a montré qu'il n'y a pas de fatalité au massacre de populations civiles. La mobilisation des Etats, des ONG et des citoyens a déjà abouti à deux victoires d'envergure : les Traités d'Ottawa et d'Oslo interdisant respectivement les mines antipersonnel et les bombes à sous-munitions.  Pour la première fois dans l'histoire du Droit International Humanitaire, des armes conventionnelles ont été interdites. Le nombre de victimes annuelles de ces armes a ainsi été divisé par cinq, 28 pays ont été décontaminés et 190 millions de mines et de sous-munitions stockées par les États ont été détruites.

La marche vers une troisième victoire est encore longue mais des solutions politiques se dessinent. Nous devons tous, plus que jamais, restés mobilisés pour faire cesser ces pratiques inacceptables.

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