Les robots sont là. Vraiment ?

Le salon Innorobo de Lyon a fermé ses portes jeudi. Au vue des exploits technologiques présentés, on serait tenté de croire que les robots sont déjà parmi nous, mais la réalité est bien différente.

Cette semaine, j'ai visité le salon Innorobo de Lyon. J'ai assisté aux exploits d'un drône -  mis au point à Compiègne -  capable de suivre des lignes tracée sur le sol et de voler en formation. J'ai échangé avec des commerciaux de Murrplastik, une société allemande implantée en France spécialisée dans les pièces à destination de la robotique industrielle. J'ai aussi rencontré le rédacteur en chef de Planètes Robots, un magazine consacré à nos amis à puces. J'ai même jaugé un projet d'exosquelette, une structure métallique externe conçue par RB3D, permettant à des ouvriers de transporter de lourdes charges sans risquer de se blesser.

Expérience saisissante

Et pourtant... Pourtant, je n'ai pas quitté mon bureau de Paris. J'ai parcouru les allées d'Innorobo et conversé avec les robots et humains qui le peuplent grâce à une application,  Beam, installée sur mon ordinateur et connectée à un robot de téléprésence prêté par la société française Awabot. Ayant passé des années à parcourir les salons high-tech du monde entier, j'ai trouvé cette expérience saisissante. Car j'ai pu exercer mon drôle de métier de journaliste-entrepreneur - m'informer, transmettre, nouer des contacts - comme si j'étais effectivement présent. L'expérience la plus proche du rêve d'ubiquité. Faille dans le système ?Je n'ai même pas eu besoin de me faire accréditer! Les visiteurs du salon voyaient mon visage - captée par ma webcam - perché sur une tige de métal le plaçant à hauteur d'homme. Et je pilotais cet être étrange monté sur roulettes comme on dirige une voiture de jeu vidéo. Avec les flèches du clavier… Les plus à l'aise ont été les enfants qui n'ont cessé de m'apostropher pour engager la discussion et me parler de leurs robots préférés. Comme si c'était naturel… Ils ont toutefois écarquillé les yeux systématiquement quand je leur expliquais que j'étais à Paris. "Waouh, alors là c'est dingue", m'a résumé un écolier.

Pragmatiques d'un coté...

"Les robots sont là", serait-on de tenté de croire à la vue de ces exploits très concrets. Mais la communauté internationale gravitant autour de la robotique est bien plus partagée qu'il n'y parait. Au risque de simplifier à outrance, il y a d'un côté les pragmatiques, de l'autre, les rêveurs. Les pragmatiques sont partout. Ils ont donnée une économie aux robots, les ont imposé dans l'industrie au point de les rendre incontournables, et les font maintenant gagner les foyers grâce à un redoutable cheval de Troie : l'aspirateur. Le marché du iRobot et de ses concurrents anti-poussière s'élève déjà à des dizaines de millions d'euros en Europe. Le principal distributeur est Robopolis du français Bruno Bonnel mais de petits acteurs comme Eitao.com, un spécialiste sur Internet, pourraient bien tirer leur épingle du jeu.

...rêveurs de l'autre

Et les rêveurs, alors? Les rêveurs sont déçus. C'est ce que j'ai pu constater au Japon en préparant un livre - sur les traces de "l'homme augmenté" - qui sort cette semaine ("Nous sommes tous des robots", Michalon, distribué dans toutes les FNAC, sur Amazon et dans toutes les bonnes librairie!). "Des aspirateurs ? Voila donc à quoi ressemblent les premiers robots domestiques du troisième millénaire", se désolent-ils. Ça fait rêver... La vérité, c'est que la robotique a terriblement déçu. Depuis trente ans, on nous promet des robots humanoïdes autonomes et intelligents dans nos maisons à longueur de livres et de films. On les a imaginés pour les années 90, voulus pour les années 2000, attendus désespérément en 2010… "C'est ce que je reproche aux spécialistes de la robotique, m'a expliqué à Tokyo Reno J. Tibke, qui couvre le marché depuis 15 ans pour des médias spécialisés. Logés dans leur tour d'ivoire, ils ne réalisent pas que les robots qu'ils conçoivent ne sont pas ceux que l'on attend."

Les espoirs de la robotiques

Pourtant, c'est à la masse, au peuple, de décider ce qu'est un robot !". Il garde pourtant la foi. "Vous n'avez pas idée de ce que nous allons voir d'ici dix ans. Vous allez être bluffés, scotchés, liquéfiés!", m'a encore assuré Reno, qui pense que l'ère des humanoïdes autonomes est presque là. Son principal espoir Boston Dynamics, une entreprise du Massachusetts qui vient d'être rachetée par Google et fait office de référence mondiale. En France, les équipes d'Aldebaran Robotics impressionnent aussi avec leur petit robot Nao que le président de la République a reçu officiellement il y a quelques mois. Elles viennent de dévoiler Romeo, un nouvel être encore plus sophistiqué qui vise les services à la personne. L'androïde le plus convaincant aura-t-il le français comme langue maternelle?

Olivier Levard, ancien chef de rubrique économie pour TF1 News et chroniqueur high-tech sur LCI, est désormais producteur (FLUO PROD), conférencier et professeur de journalisme. Il publie "Nous sommes tous des robots" (Michalon, 2014), un ouvrage consacré aux objets connectés au corps, bracelets et Google Glass, à l'Internet des objets, à l'hypercloud et à l'homme du futur.

 

 

 

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Commentaires 4
à écrit le 24/03/2014 à 10:59
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En terme de robots, nous avons deja les Daft Punk

à écrit le 23/03/2014 à 2:27
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Je remarque surtout qu'on reste encore dans les automates, des machines pré-programmées( si l'environnement se modifie, la machine ne marche plus et voit son comportement devenir hors contrôle), et non les "vrais" robots, capables de s'adapter à des ...

à écrit le 22/03/2014 à 14:54
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A quel bel avenir on nous prépare: 1) Les gens inaptes au travail (vieux et malades) abandonnés dans des EMS-mouroir sous les bons soins de robots 2) Les gens aptes au travail pointant au chômage (et oui le job est réalisé par les robots)

à écrit le 22/03/2014 à 8:43
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Terminator n'a jamais été une fiction, hélas....................

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