L'opposition au projet de ligne ferroviaire Lyon-Turin s'est peu à peu structurée côté français ces cinq dernières années. Mais avec des différences notables par rapport à l'autre côté de la frontière. Dans son article "L'affirmation d'une opposition française au "Lyon-Turin" : un conflit entre liminarité et intermédiarité" (JAR-RGA), le géographe Kevin Sutton résume :
"Le principe d'utilité est premier en France lorsque, historiquement, le principe de responsabilité est le ferment en Italie."
D'après ses observations, l'opposition italienne, dont le cœur historique est situé dans le Val de Suse depuis 1994 autour du mouvement No TAV, refuse la légitimité de l'administration. En France, au contraire, les responsables administratifs et politiques restent légitimes pour les opposants, en témoigne la mobilisation de rapports de la Cour des comptes pour appuyer les arguments anti-LGV.
L'utilité publique au cœur de la contestation française du Lyon-Turin
Depuis la réalisation de l'enquête d'utilité publique en 2012, le mouvement français s'est structuré autour de Daniel Ibanez qui lui a apporté "cohérence et consistance d'argumentation" d'après Kevin Sutton. En France, la notion dl'utilité publique est, depuis cette date, particulièrement mobilisée par les opposants au projet. Ces derniers contestent la cohérence des retombées économiques et des prévisions de trafic, proposant plutôt le renforcement des lignes de liaison existantes.
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Peu à peu, la lutte française a réussi à dépasser l'aspect local. L'évolution du mouvement, pour Kevin Sutton, est liée à celle d'EELV. Daniel Ibanez a d'ailleurs été candidat d'ouverture sur les listes EELV aux élections européennes en 2014 et régionales en 2015. La critique de l'Europe institutionnelle a permis aux opposants français et italiens de trouver des points de convergence.
La ligne Lyon-Turin fait partie du débat politique et public depuis de nombreuses années. Elle a été évoquée pour la première fois de manière conjointe par la SNCF en France et les FS en Italie en 1987. Quatre ans plus tard, elle est inscrite au Schéma directeur national des liaisons à grande vitesse en France. Aujourd'hui, elle est de plus en plus contestée, alors que de villes comme Grenoble renoncent à lui apporter une aide financière.
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