Montagne : plus que quelques jours pour "sauver" les vacances de février

Le premier ministre Jean Castex a donné rendez-vous aux acteurs de la montagne à nouveau ce mercredi 20 janvier pour faire part de sa décision concernant la réouverture des stations, en fonction des indicateurs sanitaires. Ce week-end, c’est le pdg des établissements Club Med qui est monté au créneau à travers une lettre ouverte en rappelant l’importance d’ouvrir avant les vacances de février pour la survie des acteurs de la filière.
Pour les acteurs de la montagne, une fermeture lors des vacances de février entraînerait une nouvelle perte de 40 % de leur chiffre d'affaires, contre près de 25% pour le mois de décembre déjà perdu.
Pour les acteurs de la montagne, une fermeture lors des vacances de février entraînerait une nouvelle perte de 40 % de leur chiffre d'affaires, contre près de 25% pour le mois de décembre déjà perdu. (Crédits : Adbar ((CC BY-SA 3.0))

Les montagnards ne lâchent rien, mais attendent à nouveau avec inquiétude la date du 20 janvier. Il s'agit du nouveau rendez-vous qu'a fixé Jean Castex aux acteurs de la montagne pour revenir sur les indicateurs sanitaires permettant d'envisager une réouverture des remontées mécaniques et leur "donner de la visibilité en travaillant avec eux à l'élaboration d'une méthode d'ouverture encadrée et progressive".

Dans une lettre ouverte, le PDG du Club Med Henri Giscard d'Estaing a demandé ce week-end au Premier ministre de "sauver la montagne française".

"Le 20 janvier, vous déciderez de la survie de la montagne française. C'est le destin de l'un des rares leaders mondiaux français, et de ses acteurs, qui est entre vos mains", écrivait ainsi Henri Giscard d'Estaing, rappelant que "les sports d'hiver représentent 50% du PIB de la Savoie, et un peu moins en Haute-Savoie".

Celui qui gère 14 clubs situés en altitude qui emploient près de 4.200 salariés, "dont la plupart sont actuellement chez eux en activité partielle" est très préoccupé par le sort de "plus de 100.000 emplois saisonniers qui pourraient disparaître".

Dans ce courrier, Henri Giscard d'Estaing a enjoint Jean Castex à sauver "un écosystème créatif, dynamique, entreprenant qui ne demande qu'une chose : vivre, travailler et continuer à avancer en recevant ses clients dès le début février, tout en les protégeant et en adoptant des protocoles sanitaires parmi les plus stricts et les plus responsables".

Une "mise à mort" de la montagne française

Une prise de position saluée par les acteurs de la montagne, à commencer par le président de Domaines Skiables de France, Alexandre Maulin, qui se bat depuis plusieurs semaines pour sauver la saison d'hiver.

"Ce qui est en train de se passer, c'est une mise à mort de la montagne française. Elle a mis 60 ans à se mettre en place et on va la tuer en quelques mois", ajoutait Jean-Luc Boch, président de l'Association nationale des maires des stations de montagne (ANMSM) et président de France montagne.

Les exploitants des stations de ski espèrent toujours pouvoir remettre les remontées en route début février, juste avant le coup d'envoi des vacances scolaires, qui représentent un nouveau cap déterminant pour leur profession, après des fêtes de fin d'année déjà perdues.

En effet, près de 40% de leur chiffre d'affaires est réalisé sur cette période, selon des chiffres avancés par l'ANMSM. Déjà, plusieurs voix au sein de la profession s'élèvent,  estimant qu'il "ne servirait à rien de rouvrir après cette période, la saison serait fichue".

"Si nous n'arrivons pas à ouvrir sur la période de février qui représente en général 40% du chiffre d'affaires, cela va avoir des conséquences dramatiques car on n'arrivera jamais à compenser les pertes", indiquait ce week-end Jean Luc Bloch, au micro de France inter, qui anticipe un "drame" à venir au niveau de la masse salariale du secteur.

"On parle de 50 000 à 100 000 personnes qui vont se retrouver minimum au chômage et de dizaine de milliers de commerçants qui auront tout perdu".

Du côté du Club Med, Henri Giscard d'Estaing estimait lui aussi que le plan d'aide de 400 millions d'euros, annoncé par le gouvernement français à l'occasion des fêtes de fin d'année, ne représenterait qu'une compensation "minime" face aux pertes de chiffres d'affaires enregistrées par les domaines skiables, mais également pour l'ensemble des professionnels qui gravitent autour des stations.

Il y a quelques jours, le directeur général du Crédit agricole des Savoie, Laurent Bennet, affirmait lui-même que "qu'une saison blanche impacterait tous les autres secteurs. C'est l'ensemble du territoire qui serait concerné".

Des indicateurs toujours dans le rouge

Pour autant, cette décision sera prise dans un contexte particulièrement tendu pour l'exécutif, qui a annoncé un couvre-feu généralisé sur l'ensemble du territoire jeudi dernier. L'épidémie semble atteindre un plateau avec une moyenne du nombre de cas située à 20.000 par jour, tandis que la France a dépassé ce week-end les 70.000 morts en raison du Covid-19. La semaine dernière, Jean Castex n'excluait d'ailleurs pas de devoir prendre des mesures "plus drastiques" en cas d'absence d'effets de la stratégie actuelle sur le nombre de contaminations journalières.

Plusieurs acteurs dont le président du Club Med, opposent cependant les protocoles sanitaires proposés par les stations, qu'ils estiment à "mettre en parallèle" avec ceux suivis dans les transports en commun, qui demeurent quant à eux ouverts.

A l'ANMSM, Jean-Luc Bloch rappelait pour sa part que "la plus grande des stations françaises possède une capacité intrinsèque de 25 000 à 30 000 lits. Cela ne représente même pas la moitié d'un petit arrondissement parisien. Le brassage de population est-il en montagne ou dans les grandes villes ?", questionnait-il, dénonçant les "effets d'annonces".

Henri Giscard d'Estaing va plus loin et affirme que dans les stations, des tests PCR ou antigéniques pourraient être demandés. Reste à savoir si cette fois, l'ensemble de ces revendications permettra à l'exécutif d'envisager une issue à cette crise sanitaire, qui se déplace chaque jour un peu plus sur le terrain économique.

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Commentaires 2
à écrit le 18/01/2021 à 17:25
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Faut pas rêver avec ce gouvernement ce sera sûrement confinement de février.

à écrit le 18/01/2021 à 12:57
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"pour la survie des acteurs de la filière" Oui mais ceux que disent aussi les marchands d'armes, de traite des femmes, d'enfants, d'ados, de drogues, d'organes humain, les agro-industriels également, le secteur aéronautique aussi... Bref ce n...

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