Covid-19 : le plan de Bruno Bernard pour accompagner la seconde vague

Ses opposants politiques l’enjoignaient à agir vite. Le nouveau président EELV Bruno Bernard a toutefois pris le temps de la concertation avant de présenter, ce jeudi, son plan d’actions à l’égard des publics fragiles et des commerces impactés par la seconde vague, toujours très forte à Lyon et en AuRA, où près de 200 patients des HCL devaient être transférés cette semaine vers d'autres régions. Une quinzaine de mesures seront soumises au vote ce lundi, visant en premier lieu à donner des moyens aux acteurs déjà présents à l’échelle du territoire.
(Crédits : ML)

Il aurait pu annoncer la création d'une énième plateforme de e-commerce, ou encore d'un guichet unique au siège de la métropole. Mais le nouveau président de la métropole lyonnaise, Bruno Bernard, a dévoilé ce jeudi la philosophie qu'il souhaitait mettre en place pour accompagner l'économie durant cette seconde vague de Covid-19. Et celle-ci n'est pas de créer une nouvelle couche institutionnelle, comme l'a rappelé l'élu EELV, mais plutôt de s'appuyer sur les acteurs économiques et associatifs du territoire qui existent déjà pour les aider à remplir leurs missions.

Résultat ? Son nouveau « plan d'urgence économique et sociale » vise en premier lieu à accorder davantage de moyens aux acteurs qui fédèrent tant le tissu associatif qu'économique. Cette volonté se traduira notamment par la mise au vote, ce lundi 16 novembre, d'un financement de 125.000 euros à destination des « structures relais du territoire », soit 25.000 euros chacune pour la Chambre de Métiers et d'Artisanat du Rhône, la Chambre de Commerce et d'industrie Lyon Métropole Saint- Etienne Roanne, le Medef Lyon Rhône, la Confédération des Petites et Moyennes Entreprises du Rhône (CPME) ainsi que la Chambre régionale de l'Économie Sociale et Solidaire (Crees).

Avec un objectif : que celles-ci puissent intervenir directement auprès des entreprises à travers la mise en place « d'accompagnements individuels sur-mesure », au cours des six prochains mois. Le Grand Lyon compte également sur la poursuite de la plateforme Care (Collectif pour l'Assistance au Redémarrage des Entreprises), qui se veut comme une « porte d'entrée et d'orientation » pour les entreprises locales.

Mise en place conjointement par 20 partenaires publics et privés (dont le Grand Lyon), cette plateforme « avait déjà montré son efficacité lors du premier confinement », a rappellé Bruno Bernard, en proposant aux chefs d'entreprise un accompagnement ainsi que des conseils sur mesure à l'égard des programmes d'urgence existants.

Soutenir le commerce de proximité

En s'appuyant sur des données estimant que  «près de 6.500 commerces ainsi que 30.000 emplois directement menacés par ce nouveau confinement » dans le secteur du commerce de proximité, le président de la métropole s'est engagé à proposer une subvention de 52.500 euros visant à accélérer la transition digitale de 150 commerçants, à travers une initiative portée par l'association Entreprises et Numérique.

Une autre enveloppe de 50.000 euros visera également à augmenter le soutien aux « structures de management des centre-villes », afin de « veiller au maintien et au renforcement des pôles commerciaux de centre-ville et de centre-bourg, qui permettent d'assurer une desserte de proximité pour les ménages ou de contribuer à l'attractivité globale des territoires ».

Pas question néanmoins de suivre, à ce stade, les réquisitions d'une partie de l'opposition, menée par conseiller métropolitain et président de la fédération UDI, Christophe Geourjon, qui réclamait la mise en place d'une nouvelle plateforme de e-commerce, une sorte d'«Amazon Lyonnais». Au lieu de cela, Bruno Bernard a annoncé la mise en place d'une campagne de communication de soutien aux commerces lyonnais, « afin d'inciter les citoyens à faire leurs courses de décembre auprès des commerces locaux ».

Une coordination politique toutefois délicate

Plus largement, il semble qu'à ce sujet, la question de la concertation sur la scène lyonnaise, entre des collectivités désormais administrées par des bords politiques opposés, ait ajouté une dose de complexité, chacun y allant de sa propre initiative.

Pour rappel, le président LR de la région Auvergne Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, avait annoncé de son côté la semaine dernière le second volet de son plan d'urgence au commerce de proximité, comprenant notamment une nouvelle plateforme de e-commerce 100% AuRA. Même ambition du côté de Grégory Doucet, qui affirmait quelques heures plus tard sa volonté de mettre sur pied une plateforme destinée aux commerçants lyonnais pour les aider à vendre en ligne.

Bruno Bernard a lui-même regretté à demi-mots qu'un travail de coordination sur ces sujets n'ait pas été engagé avec la Région, au même titre qu'avec la ville de Lyon ou les maires des métropoles, avec lesquels il se concerterait plus régulièrement. « J'espère que Laurent Wauquiez réunira prochainement les grandes agglomérations afin que nous puissions travailler ensemble, ce qui ne s'est pas encore fait pour l'instant », a-t-il glissé. Une déclaration qui rejoint le même souhait exprimé tout récemment par Grégory Doucet, dans une interview accordée à la Tribune Auvergne Rhône-Alpes, à l'heure où l'Etat doit amorcer la territorialisation du plan de relance.

Des aides plus directes aux commerces

La métropole de Lyon souhaite également agir de manière plus « directe » en rappelant la mise en place d'un dégrèvement partiel de la Cotisation Foncière des Entreprises (CFE), voté en juillet dernier, qui représente un coup de pouce fiscal de 9,2 millions d'euros à l'égard des entreprises des secteurs du tourisme, de l'hôtellerie, du sport, de la culture et de l'événementiel (dont 4,6 millions seraient ainsi à la charge du Grand Lyon, le reste étant assuré par l'État).

Elle reconduira également son dispositif d'éxonération des loyers, sur la période du reconfinement, à destination des professionnels touchés à nouveau par une fermeture administrative et occupant des locaux gérés par la métropole ou ses organismes fonciers. Une mesure qui représenterait une aide directe de 92.000 euros à l'égard de 390 locataires professionnels estimés, dont 231 artisans, commerçants et TPE ainsi que 122 associations et 37 professionnels indépendants. Ce dispositif d'exonération pourra s'appliquer, de manière totale ou partielle, à la discrétion des organismes gestionnaires, tels que la Société d'équipement et d'aménagement du Rhône et de Lyon (Serl), la Société d'économie mixte patrimoniale (Sempat), ainsi que les Offices publics de l'Habitat.

Des dépenses pour la culture et les plus fragiles également

Du côté des acteurs culturels, la métropole s'inscrira, en complément des mesures spécifiques prises par l'État, en soutien là encore aux côtés des structures d'accompagnement de la filière. Ce sera par exemple le cas avec l'attribution de subventions de fonctionnement d'un montant total de 87.500 euros au profit de plusieurs associations du secteur (Réseau Le Périscope, Arty Farty, Pôle Pixel, etc).

Enfin, le président de la métropole en a profité pour alerter sur la situation financière des publics les plus fragiles, remarquant que « l'après-confinement » a ainsi été marqué par une forte augmentation des demandes d'aides sociales. Le Grand Lyon, qui tient notamment les cordons de la bourse du RSA, observe que le nombre des bénéficiaires ne cesse d'augmenter, avec 44.199 bénéficiaires enregistrés en septembre 2020 (soit une hausse de 9,5%). Résultat : « Nous nous dirigeons vers une augmentation de 30 millions d'euros de dépenses supplémentaires sur ce volet, alors que nous distribuons déjà 23 millions d'euros par mois, dont la moitié seulement sont désormais compensés par les allocations de l'Etat ».

Et Bruno Bernard de pointer un équilibre déjà fragile qui risque, en métropole lyonnaise, de basculer : « Nous nous attendons encore à une hausse des dépenses sur le volet du RSA de l'ordre de 50 millions d'euros en 2021 ». Couplé à une diminution de certaines recettes comme les droits de mutations perçues par la collectivité, le Grand Lyon estime ainsi que ses capacités d'autofinancement pourraient fondre, chutant ainsi de 500 millions d'euros à près de 250 millions d'euros en 2020. Une situation qui incite l'élu EELV à interpeller le gouvernement afin de présenter un plan de relance « qui intègre les collectivités ». De manière immédiate, cette baisse pourrait déjà avoir un impact sur le prochain PPI (plan pluri-annuel d'investissements) que la métropole lyonnaise doit mettre sur la table dès 2021 pour les cinq prochaines années.

A ce sujet, la nouvelle majorité EELV sera notamment attendue au tournant puisqu'un collectif de 22 maires issus de la droite, du centre et de la société civile l'ont déjà exhorté à « agir en faveur de l'investissement public » au sein d'une lettre ouverte, en lui demandant de préparer notamment dès à présent l'ouverture des discussions. Le tout, en rappelant un chiffre : les entreprises du secteur des travaux publics dépendent elles aussi à plus de 70% de la commande publique.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 15/11/2020 à 10:50
Signaler
Bonjour, """""""On vit une époque formidable.......""""""""" ça c'est sûr !!!!!!!!!! Et maintenant on fait quoi ????? Eh bien Messieurs les Élus, on prend son courage à deux mains et on fait payer (enfin) les responsables de tout ça : """"""Tr...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.