La métropole grenobloise accouche de son exécutif, mais...

Ce vendredi 18 septembre, la métropole grenobloise a retrouvé une forme de majorité, ou presque. À la suite du duel qui s’était établi à la mi-juillet entre le camp du maire EELV Eric Piolle et celui du président réélu (ex-PS) Christophe Ferrari, le conseil métropolitain a enfin accouché d’un nouvel exécutif composé de 20 vice-présidents. Mais cela n’aura pas été sans douleur : les quatre groupes qui composent sa majorité plurielle s’avèrent plus que jamais fragiles.
(Crédits : DR/Lucas Frangella)

Alors que certains craignaient un scénario de blocage total de cette super-collectivité, qui dessert 49 communes et près de 430.000 habitants pour 750 millions d'euros de budget, le conseil communautaire de Grenoble Alpes Métropole se réveille ce lundi avec les noms de ses vingt vice-présidents. Mais il aura à nouveau fallu, pour cela, plus d'une dizaine d'interruptions de séance, ainsi que cinq heures de suspension pour élire les 20 vice-présidents de Grenoble Alpes Métropole. Car près de dix heures après le démarrage de la séance, le premier VP n'était toujours pas élu...

"Après la crise du 17 juillet, il y a le 18 septembre : la gauche est rassemblée pour affronter les défis climatiques, économiques et sociaux de notre territoire dans cette période difficile", a déclaré Christophe Ferrari. Pour autant, l'heure n'est pas à la victoire.

Déchirée depuis sa séance d'installation de la mi-juillet, la métropole grenobloise dispose toujours d'une majorité marquée par quatre blocs, mais désormais répartie en deux courants, sur lesquels il va falloir compter au cours des délibérations à venir.

Le souvenir du 17 juillet dernier

Avec, d'un côté, le maire EELV Eric Piolle, qui, fort des succès électoraux des Verts aux dernières municipales, avait souhaité "accélérer les transitions" en appelant les élus métropolitains à soutenir la candidature de l'écologiste Yann Mongaburu - par ailleurs président du syndicat mixte des transports en commun-, à la présidence de la métropole. Et de l'autre, le sortant Christophe Ferrari, qui n'entendait pas laisser sa place et avait recueilli le soutien d'un bloc composé des petites communes, ainsi que des voix issues de la droite et du centre lors du 3e tour de scrutin.

A l'issue de l'été, et alors que deux écologistes avaient déposé un recours contre son élection, Christophe Ferrari avait rouvert la séance ce vendredi en proposant une liste de huit vice-présidents sur 20, laissant ainsi de la place aux négociations qu'il appelait de ses vœux.

La journée de débats aura finalement accouché, au fil des interruptions de séance, d'une liste complète, mais montée par ordre alphabétique et non par importance de délégation, comme s'en est habituellement la coutume. Les compétences des VP (7 femmes et 13 hommes) devraient d'ailleurs être encore "affinées" au cours des prochains jours.

Un président, une majorité

Si le président réélu conserve donc les rênes de la "Metro" grenobloise, il devra plus que jamais compter sur les élus écologistes et communistes pour gouverner au cours des six prochaines années, puisqu'ils deviennent majoritaires au sein de l'exécutif.

L'arc humaniste (EELV, LFI, Génération.s, communistes, citoyens) que revendique Eric Piolle, avec les groupes UMA et CCC compte ainsi 12 vice-présidents, tandis que Christophe Ferrari et ses alliés des petites communes (ACTES et NMC) décrochent, quant à eux, huit sièges au sein de ce nouvel exécutif. A noter que le sort du rival de Christophe Ferrari à la tête de la métropole, Yann Mongaburu, a occupé une partie des débats : il prendra finalement la tête d'une nouvelle vice-présidence Défi climatique, spécialement taillée pour lui. Il demeure aussi le VP moins bien élu à 58 voix, contre 89 voix pour Ludovic Bustos (Administration générale et RH), du groupe ACTES.

Ce compromis, trouvé in extremis au sein des rangs de la majorité plurielle, leur permet surtout de laisser les élus LREM et divers droite en dehors de l'exécutif. "On retrouve une lisibilité politique, c'est une majorité de gauche, écologique et citoyenne, qui reflète le choix des électeurs aux municipales", se félicitait à ce sujet le maire EELV Eric Piolle. Celui qui avait quitté la séance lors de l'annonce de l'élection de Christophe Ferrari à la mi-juillet estime désormais que cette nouvelle séance constitue "une bonne étape".

"Ce n'était pas facile de regarder vers le futur car le vote du 17 juillet restera la marque d'un mode de vote archaïque", affirme l'élu écologiste, en estimant que le scrutin indirect faisait de LREM et de la droite "des faiseurs de roi alors qu'ils avaient perdu les municipales".

D'autres étapes à venir

Si une forme d'apaisement semble donc être de retour au sein de la métropole grenobloise, tout n'est pas joué :  sur les 128 délibérations inscrites à l'ordre du jour, une centaine demeurent encore en attente et sont à nouveau renvoyées un nouveau conseil, prévu le 25 septembre prochain.

Les esprits se sont par exemple immédiatement crispés lorsque Christophe Ferrari la création d'un organe consultatif incluant largement l'opposition, dont l'ancien maire de droite, Alain Carignon, condamné pour corruption. Il a été contraint de faire marche arrière, face aux pressions exercées par les élus de l'arc humaniste.

 "Il y a des blessures de part et d'autre et il faudra du temps pour les cicatriser, il reste du travail... mais l'important est que nous avons de nouveau une majorité au périmètre parfaitement défini", résumait pour sa part le maire communiste d'Echirolles, Renzo Sulli.

Alors que les syndicats patronaux avaient fait part de leurs inquiétudes en matière de gouvernance de la métropole, la candidature du maire divers droite de Vif, Guy Genet, devrait être entérinée à la présidence de la commission d'appel d'offres par Christophe Ferrari d'ici quelques jours. Un signe positif pour le monde économique, mais qui demeurera certainement à consolider.

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