A Grenoble, les acteurs économiques s’inquiètent de l’avenir de la métropole

Ils n’ont pas l’habitude de se prononcer sur les questions d’ordre politique, mais cette fois, ils ont choisi de tirer la sonnette d’alarme. Les trois organisations professionnelles iséroises (Medef 38, CPME 38 et FBTP 38) appellent à la mise en place d’une "gouvernance stable et opérationnelle" de Grenoble Alpes Métropole. Et ce, alors que l'explosion de la majorité de gauche, matérialisée par le duel Piolle-Ferrari, fait craindre un blocage de l'institution.
A Grenoble, la future gouvernance de la métropole, gelée par le conflit au sein de la majorité de gauche, inquiète les acteurs économiques qui entrevoient déjà des impacts sur leurs carnets de commande.
A Grenoble, la future gouvernance de la métropole, gelée par le conflit au sein de la majorité de gauche, inquiète les acteurs économiques qui entrevoient déjà des impacts sur leurs carnets de commande. (Crédits : DR/Lucas Frangella)

Elles ont toutes trois décidé de prendre la parole, par la voix de leur président respectifs. Les trois organisations professionnelles iséroises (Medef 38, CPME 38 et FBTP 38) ont publié ce vendredi un communiqué de presse dans lequel elles appellent les élus de leur territoire à "la responsabilité", face au conflit qui a fait exploser la majorité de gauche en plein vol, lors des dernières élections métropolitaines, le 17 juillet dernier.

Car depuis deux mois, la métropole grenobloise n'a toujours pas de vice-présidents, de même qu'un certain nombre de représentants à des postes clés, qui doivent être issus du renouvellement des urnes. "La métropole n'a par exemple plus de président de la commission des appels d'offres, ni de vice-président à l'économie", déplore le président du Medef 38, Pierre Streiff.

Une absence qui deviendrait, depuis quelques semaines, particulièrement préjudiciable au tissu économique isérois. "Dans le contexte économique difficile lié à la crise sanitaire, les acteurs économiques font appel au sens des responsabilités des 119 élus de Grenoble Alpes Métropole qui représentent 49 communes", rappellent les trois élus.

Inquiétudes autour d'un blocage

Car les conditions dans lesquelles s'est déroulée la réélection du président de "la Métro", Christophe Ferrari, inquiètent désormais fortement les acteurs économiques du bassin grenoblois, qui redoutent "un risque de blocage" du fonctionnement de leurs institutions, provenant des élus du camp d'Eric Piolle (EELV).

Avec, pour conséquence, plusieurs millions d'euros de travaux. "Cela concerne à la fois de travaux votés et qui n'ont pas pu être lancés, mais également des appels d'offres qui auraient dû être publiés au cours des dernières semaines. Car entre la coupure du Covid-19, des semaines précédant les élections municipales, puis des deux mois sans gouvernance, nous craignons que ce ne soit les entreprises qui trinquent", affirme Pierre Streiff, par ailleurs président du groupe Streiff, spécialisé dans les travaux de génie climatique.

Tous les secteurs qui dépendent de la commande publique serait concernés : avec en premier lieu, bien entendu le BTP, mais également les secteurs des travaux de rénovation énergétique, de l'entretien et du nettoyage, etc.

"On sait très bien aujourd'hui que dans de grandes villes comme Grenoble, c'est désormais la métropole qui prend une place importante, avec le transfert d'un certain nombre de compétences liées aux travaux, à l'économie, etc", ajoute-t-il.

Pas de politique sans économie

"On souhaite également, à travers ce communiqué, rappeler à nos élus que le rôle de la politique est de vouloir gérer et administrer la société, mais pas de gérer de petits conflits de personnes et de partis politiques", reprend le président de la CPME Isère, Jérôme Lopez. Ce dernier rappelle en effet que chaque année, les commandes publiques effectuées par la métropole grenobloise représentent près de 10 millions d'euros d'investissements annuels, rien pour les domaines liés à la voirie et l'eau.

Plusieurs centaines d'entreprises et jusqu'à 10.000 emplois du bassin dépendraient ainsi des commandes réalisées par Grenoble Alpes Métropole, selon les organisations professionnelles. "Or, il ne se prend plus aucune décision d'investissement depuis plusieurs mois, car les équipes ont des directeurs pour prendre des décisions liées au budget de fonctionnement, mais pas d'investissement".

Et d'ajouter : "Cette situation impacte également toutes les sociétés d'économie mixte de la métropole (SEM), qui passent également par des appels d'offres". Il cite en exemple le cas de sa propre société, actuellement en attente d'une décision concernant l'octroi d'un contrat visant à déployer plusieurs appareils de désinfection au sein du réseau de transport grenoblois. Des équipements d'autant plus recherchés en période de Covid19. "Pour l'instant, aucune décision ne peut être prise à ce sujet", résume-t-il.

S'il n'existerait, d'après les représentants économiques, pas encore "de crise majeure" au sein de l'économie métropolitaine, "les délais qui s'allongent pourraient provoquer un phénomène de creux, que l'on retrouvera ensuite dans six mois", atteste Jérôme Lopez. Celui-ci craint d'ailleurs déjà que les entreprises iséroises ne puissent pas, une fois la reprise des commandes annoncées, rattraper l'ensemble du retard accumulé. "Les entreprises ne pourront pas faire le double du travail, même si elles embauchent des intérimaires. D'autant plus que dans ce cas, elles auront nécessairement une main d'œuvre qui coûtera plus cher et qui attaquera leur marge", explique Jérôme Lopez.

Un appel "à la raison", adressé par conséquent, des acteurs économiques à leurs responsables politiques, assorti d'une mise en garde : "les entreprises n'accepteront pas que des considérations politiciennes viennent aggraver encore davantage leur situation ainsi que celle de leurs salariés". Ici à Grenoble, le ton est donné.

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