Régionales 2021  : Laurent Wauquiez résiste à la vague verte

SONDAGE EXCLUSIF. Encouragés par leurs bons résultats aux élections municipales, les écologistes et la gauche reviennent sur le devant de la scène pour les élections régionales de 2021. Une percée très sérieuse, mais pas encore suffisante, pour inquiéter le président sortant s'il se représentait comme l'indique le sondage réalisé pour La Tribune par OpinionWay.
Le sondage OpinionWay pour La Tribune teste différents scénarios et têtes de liste potentielle, comme Laurent Wauquiez (LR et union de la droite), Jean-Charles Kohlhaas (EELV et union de la gauche) et Olivier Veran (LREM et Modem).
Le sondage OpinionWay pour La Tribune teste différents scénarios et têtes de liste potentielle, comme Laurent Wauquiez (LR et union de la droite), Jean-Charles Kohlhaas (EELV et union de la gauche) et Olivier Veran (LREM et Modem). (Crédits : DR)

Les urnes pour les élections municipales sont à peine remisées, que l'on songe déjà aux prochaines échéances électorales en Auvergne-Rhône-Alpes. Dans huit mois, devraient se tenir les élections régionales - un report, un temps évoqué par le président de la République ne serait plus d'actualité, c'est en tous cas ce qu'affirmait ce matin sur France Inter le président du Sénat, Gérard Larcher.

"Poids" de l'UDI

Si aucune des personnalités testées n'est officiellement candidate, le sondage OpinionWay pour La Tribune met en lumière la nouvelle offre électorale pour 2022. Contrairement à 2015, le paysage politique régional est éclaté.

"C'est la fin des blocs", confirme Bruno Jeanbart, le directeur général adjoint d'OpinionWay.

Le sondage teste différents scénarios, notamment l'influence de l'UDI dans l'échiquier électoral régional. Ainsi, si Laurent Wauquiez se présentait avec une liste d'union (Les Républicains, Les Centristes et l'UDI), il obtiendrait 31% des voix au premier tour. Et 34% des voix au second tour.

"Un bon score comparé à 2015 alors même que la LREM n'existait pas", juge un proche de Laurent Wauquiez qui, à la faveur d'une triangulaire, l'avait emporté avec 40.9% des voix, devant la liste d'union de la gauche conduite par le socialiste Jean-Jack Queyranne.

OpinionWay sondage juillet 2020

Certes, l'actuel président n'est pas encore officiellement en campagne. Mais son implication quotidienne dans la gestion de la crise sanitaire et son opposition permanente au centralisme parisien, prônant régulièrement "l'agilité et la force des territoires" renforce potentiellement ses positions (même si ce sondage le présente légèrement en retrait comparé à celui d'avril 2019) et la thèse de son prochain engagement. Il devrait en toute logique se présenter à sa succession.

Reste à savoir, si, comme en 2015, il réussira à emporter toute la droite régionale. Car s'il gouverne à la région avec l'UDI depuis, le parti a, au niveau national, pris quelques distances avec Les Républicains pour rejoindre plus franchement le parti présidentiel.

Une tendance qui ne se traduit pas forcément dans les intentions de vote. Alors que le parti centriste n'apporterait "que" 1 point supplémentaire au candidat Wauquiez au premier tour, une liste La République en Marche, du Modem et d'Agir, conduite cette fois par Olivier Véran, obtiendrait 18% des voix quel que soit le scénario. A contrario, la liste Europe Ecologie-Les Verts, conduite par Jean-Charles Kohlhaas, perdrait un point.

OpinionWay sondage juillet 2020

Au second tour, les électeurs de l'UDI voteraient sans distinction pour une étiquette, et s'associeraient, selon les scénarios, à LREM ou à la droite. L'UDI constituerait donc une petite réserve de voix mais non négligeable dans une élection où l'abstention est en moyenne de 50% (57,7% de votant en 2015).

Décollage des Verts, LREM se maintient

L'actuel ministre de la Santé, Olivier Véran, reconduit dans ses fonctions par le nouveau gouvernement Castex, peut s'appuyer sur des bases iséroises fortes. Candidat potentiel, le jeune neurologue de 40 ans pourrait miser sur sa gestion de la crise et sur son capital sympathie développée à cette occasion. Et sur son expérience de jeune suppléant à l'Assemblée nationale, lors de la nomination de Geneviève Fioraso au Ministère de l'Enseignement Supérieur. Une visibilité qui se traduit déjà dans ce sondage, même s'il se positionne encore très loin du président sortant : il obtiendrait 18%, contre 16% des voix il y a à peine un an.

Autre liste qui fonctionne à l'étiquette : les écologistes. Alors que leur liste de 2015 menée par le conseiller régional Jean-Charles Kohlhaas avait récolté 5,3% des voix au premier tour, une liste estampillée EELV mais portée par le même candidat, pointerait désormais entre 16 et 17% des intentions de vote.

Et même si la bonne campagne de terrain faite par Jean-Charles Kohlhaas aux élections métropolitaine, où il a remporté la circonscription Lones et Côteaux face au candidat à la présidence de la métropole François-Noel Buffet, lui fait gagner quelques points de notoriété, cela n'explique pas tout.

"Au-delà de la personnalité, parfois peu connue, la marque "écologiste" reste forte", note Bruno Jeanbart.

Chez les Verts, on attendait la fin des municipales pour préparer les prochaines échéances.

"Ce sont des résultats encourageants même s'il faudra convaincre l'électorat des territoires ruraux", note-t-on chez les Verts où les premiers échanges et les prises de contact démarrent, pour une prise de décision à partir de septembre.

Rien n'indique d'ailleurs que le 5e vice-président de la métropole de Lyon Jean-Charles Kohlhaas, tout juste nommé aux déplacements, aux intermodalités et à la logistique urbaine, soit la prochaine tête de liste. Comme à Lyon, un candidat hors des radars habituels pourrait très bien sortir du processus de désignation interne.

Nécessité du rassemblement

Car c'est là tout l'enjeu : faudra-t-il aller à l'élection seul au premier tour - comme c'est généralement le cas - ou faudra-t-il réaliser une alliance en amont pour espérer conquérir une région désormais "prenable" pour les Verts.

"Rien n'est tranché, c'est un débat stratégique à mener", souligne une source proche des écologistes.

Les électeurs, eux, ont déjà une idée.

Au premier tour, la liste du Parti Socialiste et du Parti Communiste conduite par Jean-François Debat obtiendrait 8% des votes tandis que celle de Jean-Charles Kohlhaas 17%. Mais au second tour, une liste d'union de la gauche (Europe Ecologie-Les Verts / Parti socialiste / Parti communiste soutenue par La France Insoumise), conduite par Jean-Charles Kohlhaas, obtiendrait 28% des voix, soit davantage que le score des deux formations réunies du premier tour, et largement devant la liste LREM du ministre Véran, à 20% des voix. De quoi peser davantage dans l'exécutif régional que les 8 conseillers actuellement à la manœuvre.

Capture tour 2

Même si le Front national perd globalement de l'influence, potentiellement handicapé par la personnalité forte de Laurent Wauquiez qui pourrait séduire une partie de ses sympathisants, la liste du Rassemblement National conduite par Christophe Boudot réaliserait encore 18% des suffrages, contre 25% en 2015.

"Traditionnellement, leur score remonte à l'approche des élections", rappelle Bruno Jeanbart.

Autant d'éléments qui peuvent sérieusement challenger Laurent Wauquiez et ses 33 à 34% d'intentions de votes, selon les alliances.

Covid-19 et abstention ?

Contrairement aux dernières élections municipales, la crise sanitaire ne devrait pas peser autant sur l'issue du scrutin régional selon OpinionWay.

"95% de l'abstention était due à la peur de la maladie. Les élections municipales étaient loin des préoccupations des électeurs. Il est probable que l'on retrouve des taux plus normaux, voire un certain rattrapage pour certains qui éprouveraient désormais le besoin de voter. Si l'on est à nouveau dans la pandémie, on saura vivre avec, cela aura moins d'influence", juge Bruno Jeanbart.

Comme c'est désormais le cas depuis plusieurs élections, l'abstention reste la grande inconnue. Si les électeurs, notamment les plus âgés, boudaient à nouveau les urnes, cela desservirait en premier lieu la liste de droite (41% des 65 ans et plus interrogés voteraient pour elle). A contrario, elle serait plus favorable aux "petites formations", comme EELV, où la motivation des militants à aller voter est la plus forte.

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Enquête réalisée en ligne du 26 juin au 1er juillet 2020 auprès de 1036 personnes inscrites sur les listes électorales en Auvergne-Rhône-Alpes, issu d'un échantillon de 1125 personnes, représentatif de la population de la région Auvergne-Rhône-Alpes âgée de 18 ans et plus. L'échantillon a été constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d'âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d'agglomération et du département de résidence.

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Commentaires 4
à écrit le 09/07/2020 à 6:54
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Wauquiez fait le job dans sa région et les habitants sont satisfaits de son travail très productif sans augmenter la pression fiscale, c’est super

le 13/09/2020 à 21:38
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Wauquiez est un keynésien.. il ne fait pas de dette visible parce que comme toute la clique au pouvoir, il fait financer les infrastructures par des fonds d'investissement et notamment Carlyle.. il a pillé les stations de ski dans les aravis et a mêm...

à écrit le 08/07/2020 à 11:50
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interesting article, good writing

à écrit le 08/07/2020 à 9:50
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"95% de l'abstention était due à la peur de la maladie." Oui voilà c'est bien c'est ça, rassurez vous tous, tout ce que vous savez faire vu que vous ne parvenez même plus à faire illusion.

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