Les premières leçons de la campagne de dépistage massive en AuRA

A la veille des fêtes de Noël, le président LR de la région Auvergne Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez a dévoilé les premiers résultats en chiffres de sa campagne de tests massive, déployée du 16 au 24 décembre auprès de l’ensemble des habitants : taux de positivité de 4,1%, près de 625.000 personnes testées à ce stade... De quoi annoncer, pour celui qui se pose désormais comme le "Monsieur Tests" au niveau régional, une nouvelle campagne auprès des lycées et CFA dès le mois de janvier. Mais aussi, une « main tendue » au gouvernement, en vue de provoquer « un changement d’échelle ».
Selon le président LR de la région Auvergne Rhône-Alpes Laurent Wauquiez, la campagne actuelle de dépistage aurait permis de multiplier par quatre le nombre de tests déployés dans la région, au cours de la semaine écoulée.
Selon le président LR de la région Auvergne Rhône-Alpes Laurent Wauquiez, la campagne actuelle de dépistage aurait permis de multiplier par quatre le nombre de tests déployés dans la région, au cours de la semaine écoulée. (Crédits : Dado Ruvic)

Avec sa campagne de tests préventive lancée à l'attention des huit millions d'habitants de la région Auvergne Rhône-Alpes juste avant les fêtes, Laurent Wauquiez s'est posé comme le nouveau "Monsieur Tests" de sa région, annonçant les premiers résultats comptabilisés ce mercredi 23 décembre, soit huit jours après son démarrage.

Une campagne massive, « la première à cette échelle au niveau d'une région et qui couvre les territoires ruraux aussi bien que les métropole », comme l'a rappelé à plusieurs reprises le président de région, et qui était pour l'occasion dotée d'un budget de 19 millions d'euros, affecté par la Région, pour 2 millions de tests précommandés (antigéniques et PCR) et 1.312 centres de dépistages temporaires installés sur 12 départements.

Selon l'exécutif régional, les premiers chiffres auraient démontré l'utilité de cette campagne, que plusieurs élus et politiques avaient, au cours des dernières semaines, décrié :

« Selon les chiffres arrêtés hier midi, nous avons réalisé près de 625.000 tests, pour une détection de près de 30.000 cas positifs (28.848 plus précisément), ce qui porte à 4,1% le taux de positivité au sein de notre région, alors que celui-ci n'était attendu, dans le cadre d'une campagne aussi large, qu'à 1% », dévoile Laurent Wauquiez.

Selon ce premier bilan, le nombre de tests réalisés au sein de la région AuRA aurait ainsi été multiplié par quatre au cours de la semaine du 14 au 22 décembre, mobilisant 18.840 professionnels, tous corps de métiers de la santé confondus : médecins, infirmières, kinésithérapeutes, pharmaciens, secouristes, étudiants, etc.

De premières données qui confirmeraient, sans nul doute selon le président de région, l'intérêt de mener des campagnes de dépistages massives comme celle-ci, saluées également par plusieurs représentants du corps médical présents lors de cette restitution, dont l'URPS des médecins en Auvergne Rhône-Alpes, l'URPS des pharmaciens ou encore l'Ordre des infirmiers (CROI) Auvergne Rhone Alpes.

10.000 à 30.000 cas évités ?

Son vice-président délégué à l'enseignement supérieur, la recherche, l'innovation, les fonds européens et la santé, Yannick Neuder, par ailleurs cardiologue de formation, a en effet estimé que les cas détectés correspondraient, à « 10.000 à 30.000 contaminations évitées à l'échelle de la région d'ici huit jours ».

Et ce, selon le  taux de réplication du virus établi, à l'heure actuelle et selon les dernières modélisations disponibles, à R0 ou R1. Même s'il rappelle qu'il est nécessaire de demeurer prudent quant à un possible ralentissement du rythme de cette épidémie à la suite de cette campagne, le vice-président confirmait ainsi, par ces chiffres à nouveau, l'utilité d'une campagne basée sur la prévention plutôt que sur le dépistage des cas symptomatiques. Et justifiait l'usage des tests antigéniques, qui ont été mêlés aux tests PCR :

« On peut accepter une petite diminution de la sensibilité de ces tests, dès lors qu'ils offrent d'autres avantages, comme la possibilité de délocaliser ces tests pour les placer à de forts endroits de flux, avec une réponse rapide, tout en conservant le tests PCR pour des publics à plus forts facteurs de risques, par exemple ».

Des conclusions qui devront encore être consolidées cependant puis transmises au comité scientifique du gouvernement, qui a souhaité en avoir une copie, mais également au conseil scientifique, mis en place par la Région et présidé par le virologue Bruno Lina.

Reste que parmi ces premières données, d'autres enseignements auraient été mis en lumière : à commencer par le taux de positivité découvert au sein des 483 lycées testés.

« Cette campagne nous a en effet permis de voir que si le virus circulait moins dans ces établissements, il était bien présent et son enjeu demeurait important car il était bien souvent issu de cas asymptomatiques, qui peuvent aboutir à des chaînes de contaminations fortes », a estimé Laurent Wauquiez, rappelant que un récent avis du Conseil scientifique qui estimait que 40 à 50% des contaminations actuelles seraient provoquées par des personnes asymptomatiques.

Un argument sur lequel le président de région s'est appuyé pour annoncer, à cette occasion, la poursuite de la campagne de tests volontaires au sein des lycées mais également des centres d'apprentis, dès le mois de janvier prochain.

Une circulation en légère diminution au sein des métropoles ?

Autre leçon tirée de cette expérience auralpine ? Les premiers chiffres tendraient à indiquer, selon l'exécutif régional, que la circulation du virus serait plutôt désormais en diminution au sein de la métropole lyonnaise, un territoire qui était pour autant jusqu'ici très touché par la vague actuelle. Même chose pour la Savoie, qui faisait partie des territoires où le nombre de cas demeurait jugé préoccupant.

« Nous voyons également l'impact de la Suisse sur le département de la Haute-Savoie, et notamment de sa jonction avec Genève qui est lui-même un des territoires les plus touchés d'Europe », a affirmé Laurent Wauquiez.

Malgré une nécessité de demeurer prudents également sur ces chiffres encore non consolidés, le président de région a glissé que les territoires comme la Loire et la Haute-Loire se trouveraient actuellement en phase de stabilisation également et en profite pour déboulonner une idée reçue, voulant que le taux de positivité en métropole soit supérieur nécessairement à celui observé au sein des espaces ruraux : « Ce n'est pas aussi évident que cela était intuité ».

Affirmant que la campagne de tests se poursuivrait jusqu'à ce jeudi soir -et pourrait même être prolongée pour les centres de dépistage temporaires qui en feront la demande-, Laurent Wauquiez également annoncé « tendre la main au gouvernement ». Sa proposition ? « Capitaliser conjointement sur les acquis positifs de cette campagne afin que nous puissions organiser la poursuite d'une campagne ciblée sur les territoires ».

La « main tendue » au gouvernement Macron

Celui qui semble avoir repris les rênes de l'épidémie en s'appuyant sur son propre conseil scientifique régional, en a profité pour faire également la leçon au Président de la république, Emmanuel Macron, en lui adressant un message sur le plan national :

« Il semble que cette campagne ait démontré qu'il reste encore clairement un cap à franchir en matière de tests. (...) Car si les équipes de l'assurance-maladie chargées du contact-tracing ainsi que les patients eux-mêmes s'isolent dans un esprit de responsabilité une fois le résultat reçu, nous ne faisons pas assez de tests. Or, inciter les gens qui n'ont pas de symptômes à faire l'effort de se dépister, montre clairement ses effets ».

Le président LR de région a ainsi appelé à « un changement d'échelle» en matière de tests, un point qui irait d'ailleurs selon lui dans le sens des études menées par l'Inserm, qui proposent de les démultiplier.

Questionné également sur le montant de 19 millions d'euros accordé au soutien logistique de cette campagne, Laurent Wauquiez a ajouté : « Tout le monde a bien vu ce que coûte le confinement, et mesure désormais ce que cela peut faire d'avoir protégé 10.000 à 30.000 contaminations supplémentaires, que l'on prenne en compte le nombre d'arrêt de travail, de soins difficiles, et potentiellement de décès épargnés. Ceux qui chercheraient à dire que le coût est trop élevé n'auraient rien compris à ce qu'a révélé cette épidémie : à savoir, que lorsqu'on fait des économies sur le système de santé, on en paie le prix fort ».

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Commentaires 6
à écrit le 24/12/2020 à 9:01
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La Région Auvergne-Rhône-Alpes organisait, samedi 19 décembre, un dépistage Covid (tests antigéniques) à Rochepaule, aux portes du plateau nord-ardéchois. D’abord prévus sous une tente, au vu de la température et des précipitations, les tests ont été...

à écrit le 23/12/2020 à 21:42
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5 minutes apres le test on pourrait attraper le virus.

à écrit le 23/12/2020 à 17:09
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Wauquiez ne fait pas des tests, il fait de la politique.

à écrit le 23/12/2020 à 16:41
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Pour résumer, 625.000 volontaires sur 8 millions qui n'ont pas souhaiter le faire.

à écrit le 23/12/2020 à 15:40
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La covid19 provoquant 80% d'asympomatiques contagieux, je ne vois pas d'autre solutions que le mass testing en attendant le vaccin

le 24/12/2020 à 21:51
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A haute fréquence comme le trading? En plus ça rapporte gros aux labos ou autres rabatteurs (généralistes, pharmaciens, etc)...

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