Vers une "affaire massive d'espionnage des mails" à la région Auvergne Rhône-Alpes ?

Selon Laurent Wauquiez, qui a confirmé une information publiée hier dans la presse, la grande majorité des adresses mails des élus du conseil régional Rhône-Alpes était sous surveillance. L'outil d'espionnage informatique aurait été mis en place pendant la campagne électorale de 2015. Il aurait été identifié et désactivé il y a une dizaine de jours. Auvergne Rhône-Alpes envisage de saisir la justice.

Article actualisé à 17:46

"Oui, il y eu une affaire massive d'espionnage des boîtes mails à la région Rhône-Alpes, pilotée par le directeur de la direction des systèmes informatiques (DSI), vraisemblablement sur instruction". En marge de l'Assemblée plénière de la collectivité locale, son président Laurent Wauquiez a confirmé ce jeudi une information révélée hier soir par Lyon Mag. Pendant la campagne électorale des régionales en 2015, institution alors présidée par le socialiste Jean-Jack Queyranne, les adresses électroniques des "membres du cabinet, des vice-présidents, de tous les élus, majorité comme opposition, de la direction générale, des directeurs, des groupes, et des syndicats", étaient surveillées, assure Laurent Wauquiez. "Nous avons découvert par l'intermédiaire du syndicat Sud que le directeur du service informatique, monsieur Dehais, avait mis en espionnage la totalité des boîtes mails de la région", explique le président Les Républicains.

Les recherches sur les adresses mails, portaient notamment "au mois d'octobre 2015" sur des "communications avec la presse", poursuit-il. "Les consignes avaient été données de le faire sous le sceau de la confidentialité". L'objectif était notamment d'identifier des conversations avec l'hebdomadaire satirique Les Potins d'Angèle. Ce journal portera plainte.

Audit interne

Selon les premiers éléments recueillis par la Région, qui a diligenté un audit interne, le directeur des systèmes d'information aurait agi sur instruction. Ce dernier a quitté son poste à la Région début janvier. Contacté par Acteurs de l'économie - La Tribune, l'ancien directeur de la DSI, aujourd'hui en poste à la région Occitanie, "assure être au courant de rien, de ne pas avoir mis en place de système d'espionnage et n'avoir jamais reçu de demande de ce type".

Mais selon des éléments consultés par Acteurs de l'économie - La Tribune, l'ancien directeur des services d'information serait bien à l'initiative de la requête technique auprès des techniciens, pour la mise en place de ce dispositif de surveillance des boîtes mails.

Se pose alors la question de l'origine de cette commande. "Nous n'avons pas pu avoir d'informations supplémentaires concernant la provenance de cette demande et le commanditaire. Je ne veux pas anticiper quoi que ce soit, mais je ne pense pas que ce soit le directeur des services d'informations qui ait décidé de lui-même de placer les boîtes mails des élus sous surveillance".

"Je veux savoir qui a demandé cela, quels étaient les objectifs et quelles utilisations en ont été faites", a assuré l'élu Les Républicains.

Du côté de l'opposition, Jean-Charles Kohlhaas, conseiller régional Le Rassemblement, attend lui aussi que la lumière soit faite sur cette affaire : "Y-t-il eu commande ou non ? Si cela s'avère vrai, c'est pénalement très grave." Et poursuit : "En regardant les dates, je ne pense pas que l'enjeu soit politique mais tout est possible."

Ce système d'espionnage mis en place en novembre 2015 a été identifié par le syndicat Sud, il y a seulement une dizaine de jours. Le membres du syndicat menait alors une opération de vérification des droits d'accès à leurs messageries. Les outils de la surveillance étaient donc potentiellement toujours actifs, sous la présidence actuelle de Laurent Wauquiez et de la nouvelle assemblée.

Pour le syndicat Sud, cette mise en alerte "ne se veut absolument pas politique. Nous défendons uniquement les intérêts des agents de la Région", assure un représentant.

Des boîtes mails peu utilisées

Mais pourquoi donc espionner les boîtes mails de la Région quand celles-ci ne serviraient que très peu, notamment pour les élus ? C'est ce que confirment certains mais aussi un ex-DSI de la collectivité.

"Lorsque nous avions à travailler sur des dossiers sensibles, nous passions par nos boîtes mails privées, se souvient un ancien vice-président qui affirme que le système était trop archaïque. Peut-être que j'ai été surveillé mais si cela avait été le cas, ils n'auront rien pu trouver car je ne l'utilisais pas."

"Si nous avons à faire passer des messages à la presse, je fais la même chose et jamais je n'utilise le mail de la Région", raconte un conseiller régional.

Suite pénale

La difficulté, pour les services de la Région, est désormais de "tracer" dans le temps les données afin de savoir précisément quels utilisateurs et courriers ont été consultés, si cela est techniquement possible.

"Nous allons attendre la fin de l'audit interne pour décider des suites pénales à cette affaire. C'est quelque chose de très grave, qui porte à la fois atteinte à la presse et à l'intégrité et à l'éthique de la Région", a conclu Laurent Wauquiez.

Après plusieurs tentatives, Jean-Jack Queyranne (ancien président PS de la région Rhône-Alpes) n'a pu être joint ce jeudi.

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Commentaires 2
à écrit le 10/02/2017 à 9:15
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Cela pourrait être une information majeur mais bon sortie par Wauquiez cela en retire beaucoup l'intérêt quand même hein.

à écrit le 09/02/2017 à 15:13
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Ah nos socialos, ils font comme la droite , ils donnent aussi des leçons...de moralité! Merci au syndicat Sud, qu'il continue dans ce sens pour connaitre la vérité !

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