Economie : l'alliance stratégique

La coopération entre les « quenelles lyonnaises » et les « anoraks grenoblois » au niveau économique s'incarne de manière informelle et concrète dans les pôles de compétitivité. Le format et le fonctionnement de ceux-ci permettent en effet de transcender les territoires via une approche « projet ».

Dès sa genèse en 2004, sous l'impulsion du Grand Lyon, le pôle de compétitivité mondial en vaccin et diagnostic Lyonbiopôle s'est attaché à se doter d'une assise bipolaire centrée sur l'axe Lyon-Grenoble. « Cette volonté s'est traduite dès le départ dans la gouvernance du pôle, avec la présence de deux Grenoblois, BD et le CEA, mais aussi celle de bioMérieux qui est à moitié sur Lyon et Grenoble, et enfin l'implication d'une PME grenobloise dans le conseil d'administration », souligne Isabelle Scarabin, directeur des affaires économiques et internationales du pôle. Certains projets de R&D engagent des acteurs grenoblois et lyonnais. A l'image de Microvax, lancé en 2006 par BD, Sanofi Pasteur et une unité Inserm à Lyon, qui a permis de commercialiser dès 2010 un nouveau système d'administration intradermique de vaccin. Lyonbiopôle a aussi ouvert en avril 2009 à Lyon un Centre d'infectiologie accueillant dans un espace commun des équipes de recherches issues des deux villes. Le pôle organise par ailleurs des journées collaboratives mêlant Grenoblois et Lyonnais pour monter de nouveaux projets de R&D, comme par exemple le programme Sepsis. « Nous avons repoussé les barrières d'une manière assez spectaculaire. Il y a six ans, les gens ne travaillaient pas ensemble. Il nous a fallu montrer que nous faisions extrêmement attention à la confidentialité, explique Isabelle Scarabin. Même s'il y a toujours un point nerveux au niveau de la discussion du consortium car les acteurs doivent se mettre d'accord sur la valorisation des résultats ».

Un « métapôle » à l'échelle de Rhône-Alpes

La multiplication des pôles de compétitivité et la course à la labellisation n'ont pas empêché Lyon et Grenoble de jouer la carte de l'alliance stratégique. « Dès la première réunion de ce que allait devenir Axelera, nous avons su qu'un autre pôle chimie se préparait du côté de Grenoble et nous nous sommes dit qu'il serait dommage qu'il y ait deux candidatures sur la région », se souvient Bruno Allenet, vice-président d'Axelera. Aujourd'hui, les acteurs grenoblois représentent environ 20% des adhérents du pôle, dont la moitié de PME. « Les acteurs minoritaires ayant tendance à mal vivre la situation, nous avons veillé les premières années à soigner « les petits », assure Bruno Allenet. Axelera dispose d'ailleurs d'un bureau sur Grenoble et y organise un Jeudi d'Axelera sur cinq. Très tôt, Rhodanos, projet dans le traitement de l'eau, a impliqué les acteurs des deux villes. « Cette collaboration a tendance à s'intensifier fortement », précise encore Bruno Allenet. L'un des ingrédients déterminants de cette coopération au sein des pôles a été le soutien des collectivités locales, qui ont compris leur intérêt à financer des projets mobilisant au-delà de leur territoire. « Les collectivités du Rhône ont joué le jeu de l'implication dans Minalogic, et leurs homologues grenobloises dans Lyonbiopôle », observe Jean Chabbal, directeur général du pôle Minalogic. « Notre participation permet, par ailleurs, celle d'autres collectivités et du Feder », confirme Céline Tupin, chargée de mission innovation à la ville de Grenoble. Quant à la Région, elle a toujours imposé une coopération entre Lyon et Grenoble pour financer les pôles de compétitivité. D'autant que l'argent public est devenu rare. Les pôles de compétitivité tissent d'ailleurs des liens toujours plus importants entre eux. Minalogic a ainsi monté deux projets de recherche avec Imaginove (Lyon), dédié aux loisirs numériques, et avec Axelera. Enfin, un appel d'offres concernant l'électrification du véhicule vient d'être lancé par Lyon Urban Truck et Bus (LUTB), dédié aux systèmes de transports urbains, le pôle mécanique de la vallée de l'Arve et Minalogic. Symbole de ce rapprochement entre pôles, Ecotech Rhône-Alpes, créé en 2010 est une sorte de métapôle de compétitivité sur les écotechnologies qui regroupe notamment Minalogic, Tenerrdis, Axelera et LUTB. « Il n'y a qu'un autre pôle de ce type en France, à Nice. Cela a pu marcher en Rhône-Alpes car nous avons un réseau des villes qui permet de prendre des positions communes sur des thèmes et des habitudes de coopération entre mondes de l'entreprise et de la recherche », explique Jean-Louis Gagnaire.

 

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.