L'UNIS a rapidement et vivement réagi aux dernières annonces du gouvernement, quels sont les points qui vous interpellent ?
Ils sont nombreux. D'abord les incohérences entre le discours du Premier ministre et la réalité. Il nous dit qu'il souhaite accroître les mises en concurrence. Mais elles sont possibles depuis 1965 et cette possibilité a été renforcée par la loi Alur qui a demandé aux conseils syndicaux de mettre les syndics de copropriété en concurrence. Cette mesure a été annulée un an après par Emmanuel Macron. C'est à ne plus rien y comprendre...
D'autant que la mise en concurrence, nous la vivons tous les jours. Elle est indispensable car comme dans toutes les professions, nous avons des bons et des moins bons et il est bien normal que les copropriétaires puissent mettre les syndics en concurrence et en changer s'il ne donne pas satisfaction.
Le Premier ministre nous dit aussi que le contrat de syndic n'est pas lisible. Mais ces contrats nous ont été imposés en 2014 à la ligne près, alors que les associations de consommateurs et les syndics avaient prévenu que ces contrats n'étaient pas adaptés.
Vous estimez donc que l'on doit s'inscrire dans un statut quo en matière de gestion d'immeubles ?
Pas du tout. Il y a aujourd'hui une consultation en cours avec Matignon sur la réforme de la copropriété. L'Etat, les professionnels et les copropriétaires peuvent s'exprimer, laissons ces discussions aller jusqu'au bout pour trouver un point de rencontre et améliorer les choses en tenant compte des attentes de chacun.
Au lieu d'adopter cette position, on ressasse sans cesse des choses qui n'ont pas lieu d'être et on jette l'opprobre sur les syndics avec des conséquences dangereuses pour notre profession.
Lesquelles ?
Nous ne parvenons plus à recruter. Le métier de syndic a une image désastreuse auprès des jeunes. Aucun ne veut embrasser un métier qui demande une disponibilité croissante, notamment pour animer des réunions de copropriétés qui se terminent très tard le soir et assumer de plus en plus de tâches administratives.
Pourtant, nous sommes là pour conseiller nos clients, gérer de la proximité, de l'humain, du service. Tout cela à un prix qui n'est pas le même que celui d'un outil numérique proposé aujourd'hui par des nouveaux entrants sur nos métiers, mais chacun a sa place et ce n'est pas une raison pour stigmatiser sans cesse les syndics.
Vous ne pouvez toutefois pas nier que les charges de copropriétés sont dans une tendance haussière depuis plusieurs années ?
Les charges de copropriété augmentent, c'est un fait, mais les charges ne sont pas exclusivement composées des honoraires des syndics. Prenez le chauffage, les copropriétaires doivent s'acquitter d'une taxe (la TICGN, NDRL) qui va augmenter de 140% en trois ans. Personne n'en parle, tout le monde stigmatise le syndic.
Pourtant, le syndic fait de son mieux pour porter la bonne parole et inciter les copropriétaires à investir dans des travaux d'efficacité énergétique qui au final sont transparents sur le montant des charges en raison d'une taxe.
Que préconisez-vous ?
Nos métiers changent, nous souhaitons nous inscrire dans une logique d'amélioration des choses. Nous sommes donc attentifs à ce qui se passe ailleurs, nous remettons en cause nos pratiques, mais il faut prendre le temps de la concertation pour aboutir à de vraies propositions.
Il y en a assez de stigmatiser la profession de syndic de copropriété alors qu'elle est un formidable outil de proximité indispensable pour le bon fonctionnement de la ville.
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