Michaël Galy, directeur général du CHU de Saint-Etienne : "L’ARS finance notre projet à 100%, c’est une première dans la région"

Le CHU de Saint-Etienne investit près de 90 millions d’euros dans sa restructuration immobilière. Objectif : se recentrer sur deux sites exclusifs. Séduite par le projet et attentive au fort taux d’endettement de l’établissement, l’ARS met lourdement la main à la poche. Interview de son directeur général, Michaël Galy.
(Crédits : DR)

Le projet d'établissement 2013/2018 se termine. Où en est-on des axes de travail qui avaient été lancés ?

Ce projet d'établissement était basé sur un objectif : un CHU à deux sites. Nous avons donc travaillé à un regroupement sur Nord et Bellevue. Le premier a vocation à fédérer toutes les activités de court séjour dans le cadre d'un campus santé innovation, le second sera plutôt orienté vers les séjours longue durée et la gériatrie.

Cela signifie qu'à horizon 2021/2022, nous céderions notre site de centre-ville, la Charité. Nous en sommes au stade exploratoire avec la Ville de Saint-Etienne, afin de voir comment pourront être préservées les parties classées historiques. Nous lancerons un appel à projet afin d'obtenir un beau projet urbain.

Les activités de la Charité seront donc hébergées ailleurs ?

Effectivement. Nous allons, par exemple, réceptionner dans quelques jours une nouvelle unité de soins de longue durée sur le site de Bellevue. Nous avons aujourd'hui 160 lits répartis entre Bellevue et la Charité, dans des conditions non optimales.

Quelles sont les autres opérations immobilières liées à la restructuration sur deux sites?
Nous avons trois autres opérations liées aux pôles mère/enfant, gériatrie et psychiatrie. Pour le premier, les soins seront regroupés à Nord et les services de néonat, maternité et pédiatrie seront rénovés afin d'offrir des conditions hôtelières de meilleure qualité. Nous allons entrer dans la phase d'appel d'offres.

En ce qui concerne la gériatrie, plusieurs bâtiments de Bellevue vont être réhabilités en profondeur. Les entreprises seront choisies d'ici à la fin de l'année. Enfin, en matière de psychiatrie, nous allons regrouper toute l'hospitalisation conventionnelle sur le site Nord grâce à la construction d'un nouveau bâtiment. Toutes ces opérations s'inscrivent dans notre schéma directeur immobilier.

Quel est l'investissement consenti ?
Au total, le coût est de 90 millions d'euros : 20 millions pour la nouvelle USLD de Bellevue, 30 millions pour le pôle mère-enfant, 20 millions pour la gériatrie et 22 millions pour le pôle psychiatrie.

C'est assez unique pour être souligné, ce plan d'investissement est presque entièrement financé par l'Agence Régionale de Santé. C'est une première dans la région.

Comment s'explique cet effort ? Est-ce que votre endettement a pesé dans la balance ?

Je crois que nous avons respecté le contrat avec un retour à l'équilibre financier depuis 2016. De plus, notre projet immobilier était parfaitement cohérent, il a su convaincre. Ceci étant dit, notre taux d'endettement a évidemment compté.

Depuis les années 2000, l'établissement est lourdement endetté. C'est d'autant plus impactant que la moitié des emprunts sont toxiques, avec donc des risques de dérapage. Il nous reste encore 230 millions d'euros à rembourser sur les 300 que nous devions. Il est donc vital que nous ne nous réendettions pas.

L'ARS a été sensible à ce point pour la pérennité de l'établissement.

Vous investissez 22 millions dans la psychiatrie. Est-une réaction aux observations de ce début d'année de la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté ?
Non, c'était au programme de notre schéma directeur immobilier.

Avez-vous pris des mesures suite à cette inspection ?

Elle a mis en avant des problématiques autour de la contention notamment en période d'activité intense aux urgences. Les équipes en ont été particulièrement blessées. Ce constat ne remet pas en cause leur professionnalisme et leur engagement mais il est vérifié, en particulier dans les périodes en tension.

Nous avons travaillé sur les pratiques des médico-soignants et nous avons mis en place un plan renforcé de formation de nos services sur la réglementation en matière de contention. Nous avons aussi ouvert nos portes à des professionnels extérieurs afin qu'ils nous apportent leur regard.

Nous allons, par ailleurs, recruter une dizaine de médecins supplémentaires d'ici un an pour renforcer les services. Et enfin, nous investissons un million d'euros supplémentaire (hors SDI) pour adapter l'architecture de nos urgences afin d'avoir des circuits dédiés à la santé mentale. Les travaux seront lancés au premier semestre 2019.

Vous évoquiez tout à l'heure un campus santé innovation pour le site nord, et non simplement un hôpital ? Quel est-il exactement ?
Depuis 4 ans, nous avons groupé sur le site Nord le CHU, la faculté de médecine, nos laboratoires de recherche, ceux de l'Ecole des Mines. Cela a généré un écosystème unique en France.

Nous avons par exemple des médecins qui ont le double parcours ingénieurs des Mines/Médecine. Lorsqu'on sait comment les chirurgiens vont de plus en plus utiliser l'IA, c'est particulièrement intéressant !

Et puis, nous avons ici aussi quelques startups de la santé. Elles sont dans un lieu idéal pour tester et faire évoluer leurs idées.

Où en est le projet d'établissement 2019/2024 ?
Il sera présenté au premier semestre 2019. Les grands axes tourneront autour de l'articulation avec le groupement hospitalier de territoire et autour du travail en réseau avec les trois autres CHU de la région.

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