Grenoble : La Casemate donne le coup d’envoi de sa reconstruction

Deux années après l’incendie, revendiqué par un collectif anarchiste, qui avait mis hors d’usage la moitié de ses locaux, la Casemate de Grenoble peut enfin donner le coup d’envoi de ses travaux de reconstruction. En attendant la réouverture de son 1er étage, prévu pour avril 2020, ce centre de sciences, pionnier dans son domaine lors de sa création en 1979, a profité pour diversifier son modèle économique.
(Crédits : DR)

La pose de la première pierre des travaux aura lieu début décembre. Après près de deux années d'attente, le centre de culture scientifique (CCSTI) La Casemate va bientôt faire peau neuve. Et surtout, reprendre possession de son 1er étage, inutilisable depuis l'incendie criminel qui avait ravagé ses locaux. Une bonne nouvelle pour ce centre de sciences qui fêtait cette année ses 40 ans au service d'un large public, allant des plus jeunes, mais aussi des adolescents et des familles.

Fondée en 1979 à l'initiative de représentants des universités et centres de recherche locaux et des collectivités locales, la Casemate s'est posée comme la première structure de ce type en France, et avait ensuite ouvert à la voie à la création d'une quarantaine de lieux similaires à travers l'Hexagone. Conçu comme une partie intégrante des fortifications de la Bastille au XVIIIe siècle, son bâtiment avait été incendié le 21 novembre 2017, dans la foulée d'une série d'incendies, revendiqués sur la même période par un collectif anarchiste grenoblois. Celui-ci avait notamment justifié son geste à travers une publication sur le site Indymedia, dénonçant une "institution notoirement néfaste par sa diffusion de la culture numérique".

Un million d'euros de dégâts

"Depuis cette date, toute l'équipe ainsi que l'ensemble des activités a été réinstallée au rez-de-chaussée, alors que tout le premier étage, d'une surface de 500m2, est devenu inutilisable", explique Jeany Jean-Baptiste, directrice du CCSTI La Casemate. Les dégâts avaient ainsi été estimés à près d'un million d'euros, machines comprises. Une somme qui s'apparente au budget de fonctionnement annuel de la structure, s'élevant à près de 1,2 millions d'euros.

Pour sa reconstruction, le CCSTI La Casemate a notamment pu compter sur le soutien de subventions publiques exceptionnelles, provenant des principales collectivités (région, département, ville et métropole), ainsi que sur une cagnotte en ligne, qui lui a permis de récolter près de 30 000 euros de dons auprès du public.

Une reconfiguration des activités

L'ensemble de l'équipe en place (soit une vingtaine de collaborateurs dont une quinzaine d'équivalents temps plein) a également été conservée.

"Nous n'avons pas souhaité mettre en place des mesures de chômage technique, mais au contraire, se serrer les coudes afin d'envisager un projet de reconfiguration avec l'équipe actuelle".

Résultat ? Après avoir reconfiguré le rez-de-chaussée en salle d'exposition dédié au jeune public, assorti d'un fablab, la Casemate avait été contrainte de trouver de nouveaux modèles.

"Compte-tenu de notre capacité d'accueil restreinte, nous avons développé des activités hors les murs, à travers un fablab itinérant, embarqué dans un camion, pouvant être utilisé en direction des écoles et des collèges, mais aussi lors de manifestations ou encore d'événements au sein des entreprises".

Un modèle de financement hybride

Alors que la structure avait démarré, à l'origine, dans le cadre de la programmation de la Maison de la Culture de la ville de Grenoble, elle avait quelques années plus tard pris son indépendance, sous forme d'association de loi 1901.

Bien qu'elle puisse toujours compter sur le soutien de plusieurs collectivités (Grenoble Alpes Métropole, Région AURA, Département de l'Isère ainsi que la ville de Grenoble), la Casemate avait développé, au cours des années précédentes, un modèle hybride : la structure possède également son propre système de billetterie destiné à ses activités, et peut également facturer des prestations (comme des expositions mobiles ou des animations extérieures) à destination de différents publics comme les entreprises.

Une diversification qui s'était également renforcée depuis l'incendie connu par la structure. Sa directrice estime ainsi que les financements privés atteignent désormais 20% du budget global de la Casemate, et ce chiffre qui pourrait encore grimper une fois ses locaux rénovés.

"Ces travaux ont été l'occasion de repenser les espaces endommagés, dont les cloisons avaient dû être abattues, pour proposer un nouveau projet architectural et valoriser davantage le site", indique-t-elle.

Avec, au menu, la création d'une extension supplémentaire de 100 m2 sur le premier toit terrasse, en vue d'héberger une salle polyvalente qui lui permettra de diversifier encore davantage ses activités, à travers l'organisation de tables-rondes et conférences. Non sans quelques précautions néanmoins :

"Etant donné que les façades sont classées, nous avons travaillé en amont avec des représentants des Monuments Historiques, à l'échelon local, afin de ne pas dénaturer le bâtiment".

Alors que les marteaux piqueurs ont déjà commencé leur travail, le nouveau visage du centre des sciences est donc désormais attendu pour avril 2020.

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