Jazz à Vienne, plus qu'un festival d'été

Pendant 16 jours, l'ensemble du territoire viennois s'est adapté au rythme de Jazz à Vienne en accueillant près de 229 000 festivaliers en 2019. En attendant l'emblématique 40e édition, le festival compte jouer sa partition toute l'année.
(Crédits : Daniel_Durand)

Comme chaque année depuis près de trente ans, marquant le début de l'été, la planète jazz a débarqué à Vienne pour 16 jours de festivités. Ainsi, du 28 juin au 13 juillet 2019, près de 229 000 festivaliers (222 000 en 2018) ont assisté à au moins un concert joué à Jazz à Vienne, classé deuxième plus grand festival de jazz français, dans le top 10 des festivals en France, toutes catégories confondues.

Car si l'attention se porte généralement sur la programmation internationale, éclectique et de qualité du Théâtre antique de Vienne, un joyau classé monument historique datant du IVe siècle avant J.-C. et d'une capacité de 7 500 places, le festival démarrait en réalité dès midi avec une série de concerts (Scènes de Cybèle) qui s'enchaînaient jusqu'à trois heures du matin (Club de minuit et Jazz mix), soit près de 1 000 artistes et 250 concerts.

75% de l'offre gratuite

Ainsi, trois quarts des concerts ont été gratuits. Une offre en accès libre qui résume "le sens que l'on veut donner à notre festival", souligne Samuel Riblier, directeur du festival Jazz à Vienne et de l'établissement public à caractère industriel et commercial (Epic) qui porte l'événement.

"Ces scènes ouvertes contribuent à l'ambiance générale du festival. Elles favorisent le passage, facilitent le brassage, donnent accès la culture et nous permettent de rester attentifs aux autres", poursuit le directeur.

Ce sont aussi des lieux de découverte et d'expérimentation pour les artistes en devenir ou au succès plus régional.

"Ibrahim Maalouf a joué gratuitement au Club de Minuit avant de connaître le succès qu'on lui connaît", rappelle le directeur.

Cette année, plus de 100 000 personnes ont assisté à ces concerts gratuits alors même que le théâtre antique affiche une fréquentation en recul (- 9,5% par rapport à 2018), essentiellement en raison des violents orages et de la canicule qui ont obligé les organisateurs à annuler deux soirées de concerts - une "première en 39 ans de Festival".

Cette partie en accès libre est financée en majorité par la subvention de la collectivité - 1 million d'euros sur les 5 millions d'euros de budget annuel (90 % dédiés au festival) -, alors que près de 50 % des recettes sur le budget restant proviennent encore de la billetterie.

"Nous avons la chance d'avoir un public fidèle. Nous sommes fiers de cela. C'est à la fois une chance mais aussi une forme de fragilité. Cela nous oblige à l'excellence", analyse le directeur.

Samuel Riblier a réussi, en trois ans « difficiles », à remettre l'établissement public sur les rails. "Nous avions un déficit cumulé de 300 000 euros en 2015, nous l'avons comblé en 2018. Cette année 2019 est charnière pour notre avenir et notre capacité à aller plus loin, notamment pour fêter comme il se doit, notre 40e anniversaire en 2020", dit-il.

Acteur du territoire...

Jazz à Vienne génère ainsi près de 17 millions d'euros de retombées économiques, dont 6 à 7 millions directement sur le territoire de l'agglomération (commerçants, hôteliers, restaurants... 80 % des fournisseurs sont régionaux), selon une étude d'impact réalisé en 2014 par Vienne Condrieu Agglomération, où Samuel Riblier est également rattaché comme directeur général adjoint des services en charge de la communication.

Des retombées quasi régionales, car, même si sa notoriété dépasse les frontières territoriales, la manifestation n'a pas un « public de touristes mais de fidèles ». Conscient de son impact environnemental, Jazz à Vienne s'est engagé dans une démarche de certification de développement durable. Pour s'y préparer, il a commencé par mettre en place des indicateurs de mesure de l'impact des festivaliers dans les domaines de l'énergie, du transport, des déchets, etc. Il s'y consacrera pleinement l'année prochaine. En attendant, le signataire de la charte Handi +, porté par la région Auvergne-Rhône-Alpes, travaille aussi à l'accueil de tous les publics.

« On ne peut pas installer un ascenseur dans le Théâtre antique, c'est définitif. Cela nous oblige à réfléchir, à compenser. Ce n'est pas qu'une question technique, nous avons une volonté, forte, d'aller vers le festivalier par nos moyens humains », indique le directeur.

Si les personnes porteuses d'un handicap bénéficient de nouveaux dispositifs, comme des gilets vibrants ou des boucles magnétiques reliées à leurs smartphones, 1000 personnes ont prises en charge de façon ultrapersonnalisée lors de cette 39e édition.

... toute l'année

Mais si le festival joue son rôle modèle et reste le vaisseau amiral de l'Epic, Jazz à Vienne ne "veut pas être une organisation hors-sol". Fort de son projet territorial, la "marque" entend exercer sa compétence reconnue en matière de jazz tout au long de l'année en s'inscrivant dans une programmation de saisons.

Ainsi, il multiplie ses collaborations et s'exporte. Il intervient dans la programmation de la saison de jazz à l'Auditorium de Lyon, fait venir des artistes à Lyon, Bourgoin-Jallieu ou Saint-Étienne. Et installe, depuis deux ans, un rendez-vous en hiver lors du Jazz à Val Thorens (Savoie).

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