Thierry Mandon, le goût de la reconversion

Portrait. La 11e édition de la Biennale internationale Design Saint-Étienne a commencé le 21 mars et devrait accueillir 250000 visiteurs. À la tête de l'événement et de la cité du design : Thierry Mandon, qui a déjà eu plusieurs vies, dont celles de maire, de secrétaire d'État ou de patron de presse.
(Crédits : DR)

À ceux qui conjectureraient sur les ambitions de Thierry Mandon à Saint-Étienne, à ceux qui le verraient bien dans le fauteuil de maire de la deuxième ville d'Auvergne-Rhône-Alpes, à ceux qui redouteraient l'ombre qu'il pourrait faire à Gaël Perdriau, l'édile actuel, la réponse est cinglante : "La politique, c'est terminé, définitivement terminé ! Aucun doute là-dessus. J'ai été maire, député, secrétaire d'État. Quel serait le challenge aujourd'hui ? Premier ministre ? Président de la République ? Hors de question, je n'ai absolument aucune envie de me jeter de nouveau là-dedans."

Il a d'ailleurs déjà fait une croix sur le sujet plusieurs mois avant de débarquer à la direction de la Cité du design de Saint-Étienne. En acceptant courant 2017 le poste de directeur de publication d'Ebdo, le bien-nommé hebdomadaire lancé par son ami Laurent Beccaria, il avait amorcé une véritable reconversion et annonçait déjà à ce moment tourner la page de sa vie politique.

"Je voulais découvrir cet univers compliqué de la presse."

Ironiquement, c'est justement une histoire politique, la fameuse enquête sur Nicolas Hulot, qui plombera définitivement les comptes de ce nouveau titre de presse et le mènera rapidement vers la liquidation.

"J'étais contre la publication de cette enquête, pas parce que c'était faux mais parce qu'elle n'était, en l'état, pas assez fouillée. On ne m'a pas écouté, on ne m'a pas laissé m'impliquer comme je le souhaitais dans la rédaction. Résultat : les ventes ont été divisées par trois ou quatre après la publication du dossier."

Et de reconnaître : "Cet épisode est un échec, je ne peux pas dire le contraire, mais je ne regrette rien. On apprend dans toute expérience."

Un territoire marqué mais résilient

Il n'a évidemment pas coupé tous les ponts avec la politique. L'homme discute fréquemment avec Olivier Faure, Bernard Cazeneuve ou encore Matthias Fekl mais "sur un mode réflexif, pas sur un registre opérationnel", précise-t-il.

Après avoir été le benjamin de l'Assemblée nationale entre 1998 et 1993, après avoir tenu les rênes de Ris-Orangis pendant dix-sept ans (1995 - 2012), assumé les missions de secrétaire d'État à la Simplification puis à l'Enseignement supérieur sous l'ère Hollande, et après avoir été une des figures du Parti socialiste pendant des décennies, Thierry Mandon s'est aujourd'hui fixé un nouveau défi : faire de Saint-Étienne la capitale incontestée du design.

"Gaël Perdriau m'avait déjà approché avant l'aventure Ebdo. Lorsque j'ai été de nouveau disponible, il est revenu me voir."

Il faut dire que son profil présentait des atouts séduisants : un réseau national qui pouvait se révéler très utile pour ouvrir quelques portes, une expérience de président de l'Agence de développement économique de l'Essonne, la création du "Genopole" d'Évry - un "biocluster qui compte aujourd'hui plus de 2000 chercheurs...

En résumé, "Une bonne pioche", selon les mots de Gaël Perdriau à son arrivée.

Thierry Mandon s'est donc laissé convaincre.

"Le projet m'a attiré car je crois beaucoup dans le design. D'ailleurs, j'utilisais les méthodes du design thinking lorsque je m'occupais de la Simplification."

Thierry Mandon dit aussi avoir été agréablement surpris par la résilience de ce territoire lourdement marqué par son passé industriel. "Et puis, cette Cité du design est autant une promesse qu'un projet..."

En poste depuis six mois, ce passionné de course à pied a déjà mis sa patte à l'établissement public stéphanois avec une Biennale Design davantage tournée vers l'économie et le lancement de nombreux projets structurants. Par exemple, la création d'une mini-Villette pour partager le design avec le plus grand nombre, dans une optique chère à Thierry Mandon et qu'il a défendue tout au long de sa carrière politique : celle de l'éducation populaire.

Profil

  • 1957 Naissance à Lausanne
  • 1995-2012 Maire de Ris-Orangis
  • 2014-2015 Secrétaire d'État chargé de la Réforme de l'État et de la Simplification
  • 2015-2017 Secrétaire d'État chargé de l'Enseignement supérieur et de la Recherche
  • 2017 Directeur de publication d'Ebdo
  • 2018 Direction de la Cité du design de Saint-Étienne

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Commentaire 1
à écrit le 08/04/2019 à 17:48
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Mais qu'est-ce qu'ils ont tous à quitter la politique ? On dirait que ce n'est plus ce que c'était avant...ça paye moins peut être.

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