Directrice, agrégée de lettres classiques, Anne Pariente avait rejoint en 1984 l'École française d'Athènes, fondée en 1846, premier institut étranger à s'établir en Grèce, dont la mission fondamentale est d'étudier la Grèce dans son contexte balkanique et méditerranéen, de la préhistoire à nos jours. D'abord membre scientifique, puis adjointe aux publications et rédactrice de la Chronique des fouilles en Grèce, elle a assuré la direction de la médiathèque puis de la communication de l'Institut français d'Athènes.

Elle devient naturellement une spécialiste de l'archéologie urbaine antique, codirigeant, à partir de 1985, les fouilles de la ville d'Argos, dans le Péloponnèse. Anne Pariente regagnera Lyon pour prendre en 2001 la direction du service archéologique dont elle développe l'équipe et l'activité opérationnelle, ainsi que les missions patrimoniales et l'implication sociétale, comme les très courues visites de chantier qui attirent des dizaines d'amateurs.

"Ce service archéologique est marqué par un choix politique fort de la collectivité qui a su mêler et faire fonctionner ensemble deux composantes : le scientifique et l'humain. Une polyvalence qui décline son rôle archéologique, mais remplit aussi son rôle sociétal, le rendant acceptable et assimilable par notre société mouvante et non figée", résume-t-elle.

Femme de dialogue

Le service a gagné ses lettres de noblesse puisqu'il est reconnu des historiens, techniciens, chercheurs, porté par une directrice dont l'image associe à la fois compétence, expérience et technicité, avec en prime l'art du dialogue qui échappe parfois aux spécialistes de la pierre de jadis.

"Anne Pariente est solide scientifiquement, aussi à l'aise dans l'antique que dans le médiéval et la Renaissance, sachant également prendre du recul avec une vue large et équilibrée sur les dossiers comme sur les chantiers", décrit Didier Repellin, architecte en chef des Monuments historiques, responsable à ce titre du Rhône, par ailleurs inspecteur général des Monuments historiques.

Un argument défendu également dans le monde, bien différent, des structures industrielles et commerciales qui "labourent" le sol lyonnais et alentour. Intéressé à la fois par l'archéologie et par l'histoire lyonnaise, François Gindre, PDG de Lyon Parc Auto, société d'économie mixte opératrice de stationnement gérant plusieurs milliers de places en parcs de stationnement, suit les dossiers "automobilo-archéologiques" depuis 1986.

Il raconte combien les contextes, les structures, les règlements, les délais et les déroulements ont changé d'un siècle à l'autre avec servitudes imposées par l'installation du métro et de ses corridors, mais aussi les conduites d'eau, de gaz et d'électricité.

"Anne Pariente est une ancienne rencontre, une passionnée, une responsable qui sait prendre des décisions et les faire appliquer, mais aussi écouter les avis qui lui sont donnés. Une femme de dialogue", décrit-il.

Du côté du monde associatif, les Amis des musées de la civilisation gallo-romaine ou Garom, structure créée en 1976, un an après l'ouverture du musée gallo-romain de Fourvière, ne tarissent pas d'éloges sur la personnalité de la directrice du Service archéologique de la ville de Lyon.

"Anne Pariente dispose du faire savoir. Une sorte de volet pédagogique tant historique qu'archéologique lié au dialogue avec tous. Elle sait nous faire passer et partager son enthousiasme. Jamais autant de monde à Lyon ne s'est intéressé à l'archéologie. Grâce à elle et à son équipe", rappelle Alain Bedos, l'un des responsables.