Culture : quel financement demain ?

Alors que le financement des institutions culturelles est en pleine évolution, les acteurs doivent trouver de nouvelles ressources, impliquant parfois un profond virage de leur modèle économique.

La baisse des subventions publiques favorisera-t-elle l'émergence de nouveaux modèles de financement ? « Ce sont surtout les plus gros festivals qui parviennent à se diversifier comme Jazz à Vienne, les Nuits de Fourvière ou le festival de La Chaise-Dieu », constate Catherine de Kersauson, présidente de la chambre régionale des comptes Auvergne-Rhône-Alpes (elle a depuis rejoint la Cour des comptes à Paris), qui recommande plutôt de trouver une forme d'« équilibre ». Les Musiciens du Louvre ont ainsi mis sur pied un club de mécènes d'une dizaine d'entreprises, mais ces ressources se développent uniquement grâce à un cercle vertueux, la présence du public rassurant le privé. « Ce n'est pas parce que le public disparaît que le privé va compenser », met en garde sa secrétaire générale, Stéphène Jourdain.

Nouveaux modèles

La MC2 de Grenoble, qui a lancé dès 2004 son club d'entreprises, parvient à générer 160 000 euros par ce biais « mais ne peut pas remplacer le financement public », soutient Jean-Paul Angot, son directeur. « Il n'existe pas de recette unique, mais plusieurs possibilités, comme offrir des produits dérivés, s'ouvrir à de nouvelles sources de financements privés, mieux faire tourner les spectacles, économiser sur certains postes... Il faut inventer de nouveaux modèles », souligne Françoise Benhamou, économiste et professeure à l'université Paris XIII.

Au-delà de la vente de produits de merchandising ou de restauration, l'apport de fonds peut provenir d'un profond virage de la stratégie du modèle économique, comme le souligne Cédric Bolliet d'Algoé consulting. Il évoque différentes solutions, tel le crowdfunding, mais aussi l'émergence de nouveaux modèles juridiques comme les fonds de dotation, issus de la loi sur la modernisation économique, qui constituent de nouveaux outils de financement au service de la philanthropie et du mécénat.

« L'association peut ainsi être un bon véhicule pour s'intégrer dans la gouvernance d'entreprise, comme c'est le cas au Sucre à Lyon, géré par le collectif Culture Next (une émanation de l'association Arty Farty qui compte lui-même une vingtaine de salariés, NDLR), ou soutenir des start-up », estime-t-il.

La gratuité en question

Pour l'économiste Michel Albouy, l'une des pistes pourrait se trouver également dans le contrôle voire la réduction de la part de la gratuité qui pèse dans les comptes des structures culturelles. « Cependant, dès qu'il s'agit de faire payer un peu plus un service culturel, à l'exception du cinéma, on se retrouve face à un esprit du gratuit bien ancré. » Catherine de Kersauson estime que la gratuité devrait être surtout « bien encadrée » et « ne pas représenter une part trop importante des activités d'un festival ».

« Le défi de ces manifestations est de créer demain de nouveaux objets culturels, des événements, de travailler le marketing, voire d'aller vers de la coproduction pour fidéliser », estime Cédric Bolliet. Le festival Berlioz fait ainsi le pari de fidéliser les spectateurs qui profitent de son offre gratuite (122 manifestations gratuites sur 155 gérées par l'AIDA) pour les inciter à revenir lors des événements payants, alors qu'a été mené, en parallèle, un travail sur la réduction du nombre d'invitations gratuites.

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