Les stations de ski de plus en plus "vulnérables" face au changement climatique

Alors que les stations de ski des Alpes du Nord sont confrontées à "une vulnérabilité croissante" face aux effets du réchauffement climatique, elles peinent à enclencher un nouveau modèle de développement, estime la Chambre régionale des comptes Auvergne-Rhône-Alpes. Après son rapport de 2011, la juridiction tire une nouvelle fois l'alarme.

Les stations de basse et moyenne montagne de la région vont-elles suivre le même sort mortifère que celle du Valdrôme ? Zone familiale et touristique située dans la Drôme, elle a arrêté ses remontées mécaniques en 2015, sur décision du conseil départemental, en raison d'un déficit estimé à 400 000 euros. Une sanction radicale, notamment motivée par la baisse du niveau d'enneigement constaté ces dernières années et qui impactait, en partie, les revenus de la structure.

"Le réchauffement climatique affecte toutes les stations, mais celles de moyennes et surtout de basses montagnes sont davantage fragilisées", alerte la Chambre régionale des comptes Auvergne-Rhône-Alpes, dans son rapport annuel. Les collectivités doivent "faire évoluer rapidement la gouvernance et le fonctionnement des domaines skiables pour s'adapter suffisamment tôt à un futur où le ski et les sports de neige ne seront plus leur unique ressource. Pour les stations de basse montagne, préparer la reconversion est dès à présent nécessaire", tranchent les magistrats. A cette situation climatique s'ajoute une problématique d'un marché estimé "comme mûr", et celle d'une clientèle plus volatile.

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Dégradation de certains indicateurs financiers

Plus précisément, la CRC, s'appuie sur des "séries longues de températures et d'enneigements dans les Alpes", produites par Météo France. Si les basses stations sont plus affectées, les stations de haute-altitude ne sont pas totalement épargnées, souligne la Chambre, prenant l'exemple de Chamonix ou des deux Alpes. Dans ces stations emblématiques, le recul des glaciers "remet en cause la pratique du ski d'été ou la fréquentation estivale de voies et de parcours devenus instables ou dangereux", relève la Cour.

"En réduisant la période ou le périmètre de "sûreté en neige" l'élévation de température affecte la fréquentation dans des proportions qui peuvent devenir critiques pour l'équilibre des finances locales", poursuivent-ils.

Dans le même temps, la juridiction financière constate une dégradation de "quelques agrégats financiers" sur la période 2012 - 2016 concernant les stations étudiées. "Si le stations conservent dans leur ensemble, une capacité d'autofinancement brute sensiblement supérieure à celles des strates considérées, l'écart se réduit de façon continue sur la période". Et d'ajouter : de même leur capacité de désendettement consolidée, sans atteindre un niveau préoccupant, se dégrade progressivement, passant de 4,7 ans en 2012 à sept ans en 2016, alors que celle des strates de référence est stable.

Adaptabilité

Les magistrats pointent également des politiques tarifaires "mal maîtrisées", des investissements "privilégiant le court terme". L'institution dénonce également la généralisation de l'enneigement artificiel, solution "partielle et onéreuse". Confrontées à une pénurie de neige ces dernières années, les stations y ont eu abondamment recours, ce qui pose des problèmes d'approvisionnement en eau.

Cette situation rend nécessaire l'évolution de la gouvernance des domaines. Elle repose pour l'heure sur une "pluralité de collectivités" et "un cadre de gestion peu adapté à l'importance des enjeux", face à des "opérateurs puissants" comme la Compagnie des Alpes ou la Compagnie du Mont-Blanc.

Maintenir une activité économique en montagne est "indispensable", assure cependant la Chambre. Mais s'adapter "à un futur où le ski et les sports de neige ne seront plus l'unique ressource" exige "un développement équilibré" et "une solidarité renforcée entre les territoires", estime la Cour, qui conseille aux stations de basse altitude de se rapprocher des grandes agglomérations voisines pour développer un tourisme de proximité "diversifié et mieux réparti entre les saisons". Afin d'éviter que d'autres stations de basse altitude ne ferment leurs portes ?

 (avec AFP).

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