Elle est cachée derrière un mur de végétation, dans un recoin des pentes de la Croix-Rousse, et souvent oubliée des Lyonnais. L'église Saint-Bernard (Lyon 1er), désaffectée depuis 2008 et désacralisée en 2016, va bientôt avoir droit à une seconde vie : celle d'un centre d'affaires. Damien Beaufils, d'Urban Project, raconte :
"Je parcourais la ville à vélo pour trouver des lieux à mettre en valeur et je suis tombé sur cette église cachée. C'est là que je me suis mis à rêver de mon lieu de travail idéal : un site majestueux pour favoriser l'émergence d'idées créatives."
L'espace sera dédié aux startups et autres petites entreprises. 2 000 m² de bureaux et 750 m² d'espaces communs, soit 30 % du site.Il s'agit selon Damien Beaufils d'un des points forts du projet : les bureaux plus traditionnels n'ont en moyenne que 5 à 10 % d'espaces partagés.
Les deux architectes du projet, Charlotte Vergely et Gilles Perraudin, ont souhaité respecter la structure traditionnelle de l'édifice : 32 modules prendront la forme de boîtes en bois semblables à des chaires liturgiques. Un avantage pour l'isolation thermique et sonore.
Une église inachevée
Le travail de ces deux architectes est délicat : l'église Saint-Bernard a connu une histoire particulière. Réclamée par les habitants de la Croix-Rousse lorsqu'elle a été rattachée à la commune de Lyon en 1852, elle a été conçue par Tony Desjardins, l'architecte de l'autre église du quartier, Saint-Polycarpe. Faute de moyens, elle est restée inachevée.
Aujourd'hui, le sénateur-maire de Lyon, Gérard Colomb, se réjouit de ce projet, inédit dans la Métropole :
"Nous voulons apporter une dynamique nouvelle aux pentes de la Croix-Rousse, qui s'exprime déjà dans les pentes créatives."
Il s'agit aujourd'hui de tisser de nouveau un lien avec l'extérieur en mettant le bâtiment en valeur. Le parvis n'a jamais été terminé. Urban Project souhaite créer 380 mètres carré de terrasses végétalisées pour le remplacer. Tout le long, des cafés et restaurants animeront le lieu. L'architecte Gilles Perraudin se prend à rêver :
"L'idéal serait de retrouver la pierre dans laquelle l'église a été construite, mais on ne sait pas encore de laquelle il s'agit."
Le bâtiment restauré pour un montant de 7 millions d'euros devrait accueillir 200 à 250 postes de travail dans ses modules et sur les terrasses.
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