Comment les commerçants lyonnais préparent la réouverture

REPORTAGE. Comme s'y est engagé le président français dans son allocution de mardi, les commerces seront autorisés à rouvrir ce samedi. Entre la gestion de la distanciation sociale et la préparation pour la période cruciale des courses de Noël, chacun s’organise en cette journée qui aurait dû être celle du Black Friday.
Après avoir fait de place pour que les passants voient un maximum de choses de l’extérieur, Coralie réarrange la vitrine de sa boutique, Capucines Bazar, en prévision de samedi.
Après avoir fait de place pour "que les passants voient un maximum de choses de l’extérieur", Coralie réarrange la vitrine de sa boutique, Capucines Bazar, en prévision de samedi. (Crédits : ZFA)

Derrière les portes fermées des boutiques, l'ambiance est affairée, les commerçants lyonnais se préparent à rouvrir dès ce samedi. Dans le petit salon de coiffure Le Riad, à la Croix-Rousse, les rideaux sont tirés, mais le téléphone sonne toutes les 20 minutes. "Mardi, déjà, je suis blindé", annonce Eric Tremeau, le gérant. Son salon de quartier a une clientèle fidèle, qui s'est empressée de reprendre rendez-vous dès l'annonce de la réouverture des commerces par Emmanuel Macron, ce mardi.

Gérer l'espace et les rendez-vous

Mais qui dit ouverture anticipée, dit protocole sanitaire maintenu et renforcé pour les commerçants. En temps normal, Le Riad peut accueillir cinq clients en même temps, avec le protocole sanitaire, il ne peut y en avoir que deux. "Il va falloir gérer les rendez-vous de façon très précise", poursuit Eric Tremeau. Le nouveau protocole impose un espace de 8 m2 par client, alors qu'après le premier confinement, les commerçants devaient garantir 4 m2 par client.

Dans son planning, le coiffeur doit donc jongler avec les types de prestations et les 18 m2 de son salon. Entre le bac, la coupe, la longueur des cheveux, les temps de pause des colorations, les gens qui viennent en couple ou en famille, chaque rendez-vous est précautionneusement intégré à l'agenda.

Coiffeur commerces réouverture

Pour satisfaire leur clientèle et rattraper les recettes perdues, Eric Trémeau et son co-gérant, Patrick Tiffon, comme beaucoup d'autres commerçants, vont devoir élargir leurs horaires et travailler 7 jours sur 7. Les deux salariés du salon, en chômage partiel, ne reviendront pas pour le moment.

"Sur Internet, on trouve uniquement ce qu'on cherche"

En bas des pentes, le magasin de sport de glisse Le Cri du Kangourou a carrément opté pour un système de feux rouges et verts, afin de gérer la circulation dans le magasin qui ne pourra accueillir que 16 clients.

Cela ne change pas de la période après le premier confinement, mais c'est toujours moins qu'en temps normal. "D'habitude, ont peut en accueillir entre 60 et 70", déplore Erwann, salarié du magasin. Il redoute aussi de perdre beaucoup de potentiels clients, "entre ceux qui vont devoir attendre dehors, les passants qui marchent aux 'coups de cœur', et les personnes qui fréquentaient les restaurants et bars du quartier".

réouverture commerce

C'est aussi ce que constate Isabelle Maillot, gérante de la librairie Musicalame. Son commerce est en effet entouré de lieux culturels, de restaurants et d'administrations, soit tout autant de structures fermées, ou en télétravail, et qui pouvaient ramener du monde. Résultat ? Les potentiels clients ne passent plus devant sa librairie. "Sur Internet, on trouve ce qu'on cherche, alors que dans les librairies, on découvre", rappelle cette libraire.

Réapprovisionner les stocks avant Noël

Plus que les questions d'espace, c'est plutôt l'état des stocks qui la préoccupe : "D'habitude à Noël, on commence les stocks en octobre. Là, c'est l'incertitude totale.  On ne sait pas si on va se faire dévaliser, ou si les gens ne se feront pas de cadeaux."

De l'édition, à la livraison en passant par les clients, toutes ces variables sont difficiles à prévoir aujourd'hui. Les plus petits éditeurs ne réimprimeront pas forcément certains livres, la distribution ne fonctionnera peut-être pas à plein régime, et les clients, dont le budget a été impacté par la crise, ne seront peut-être pas au rendez-vous pour les courses de Noël... Pourtant, "novembre et décembre sont les deux mois qui permettent de tenir les dix autres de l'année."

Coralie, gérante de la boutique Capucines Bazar, est en train de réarranger sa vitrine."J'avais agrandi ma vitrine jusqu'à l'intérieur de la boutique, pour que l'on voit le maximum de chose de l'extérieur." Pour la réouverture, en plus du rangement, sa priorité est aussi de relancer les commandes : "C'est la pagaille et il y a du travail, mais je suis très contente de rouvrir. Pendant un mois, on n'a pas arrêté avec le 'click and collect'. Il va donc falloir encore une bonne dose d'énergie !"

Une énergie partagée par Mathieu Bruel, gérant de la boutique de prêt-à-porter de luxe, High. Le commerçant s'estime chanceux de pouvoir rouvrir et devrait pouvoir compter sur la fidélité de ses clientes."Je crois qu'elles seront au rendez-vous", anticipe-t-il. Et de poursuivre, confiant : "Je pense que les gens veulent revivre normalement."

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