Kidiliz : les repreneurs potentiels dégradent leurs offres de reprise

En raison de la crise sanitaire, les deux principaux candidats à la reprise (CWF et ID Kids) du groupe de mode enfantine Kidiliz sont revenus sur leurs propositions : désormais, seuls 300 emplois sur 1.200 seraient repris, dans le cadre de la procédure de redressement judiciaire. Alors qu'une audience avait lieu ce vendredi devant le Tribunal de commerce de Paris, celui-ci rendra sa décision le 20 novembre prochain.
A l'issue de cette procédure menée par le Tribunal de commerce de Paris, la marque Z pourrait être amenée à disparaître.

Ils avaient espéré que la moitié des 1.200 emplois français seraient préservés puisque c'était ce que prévoyaient les principales offres de reprises. Mais, c'est la douche froide pour les salariés du groupe de mode enfantine Kidiliz (Z, Catimini, Absorba, Kenzo Kids, 3 Pommes etc), placé en redressement judiciaire en septembre dernier. Ce seront seulement 300 salariés qui devraient être finalement repris à la barre du Tribunal de commerce de Paris, et ce, même en cumulant plusieurs offres complémentaires.

La principale offre, déposée par ID Kid, a ainsi fait l'objet d'une rectification ces derniers jours, "en raison de la dégradation du contexte sanitaire et économique", selon les représentants du personnel.

Au lieu des 615 "préservations d'emplois français" annoncées par ID Kid il y a une quinzaine de jours, seules 226 restent finalement au menu, malgré une reprise souhaitée de la plupart des marques de Kidiliz (Catimini, Z, 3 Pommes, Chipie etc). "ID kid rachète toutes les marques mais ne veut en réalité exploiter que Catimini. Ils vont probablement se contenter de laisser mourir les autres pour éteindre la concurrence", confie ce responsable syndical souhaitant rester anonyme.

Même rétropédalage du côté de CWF, intéressé par quelques marques seulement et qui a ramené son offre à 86 salariés contre 200 personnes prévues initialement. Elle vise principalement les marques Kenzo, Paul Smith, et accessoirement Catimini. Au total, sur l'ensemble du groupe (France et international compris), ce seront finalement plus de 2.000 emplois qui devraient être supprimés.

Des centaines d'emplois menacés

Par conséquent, plusieurs des sites sont menacés à court terme, dont celui de Saint-Chamond dans la Loire, implantation historique de cette entreprise créée dans les années 60 par le Ligérien Roger Zannnier et qui compte encore aujourd'hui plus de 200 personnes. Concentré sur la marque historique Z, à laquelle aucun des repreneurs ne semble vouloir donner un second souffle, le site est condamné, ses salariés devraient être licenciés d'ici à la fin de l'année. Le site de Rillieux-la-Pape pourrait lui être déplacé à Lyon, mais ses salariés n'en seront pas pour autant tous épargnés. Le sort des sites de Beaurains (Pas-de-Calais) et de Troyes (Grand-Est) semblent tous aussi incertain. Seul finalement celui de Saint-Macaire-en-Mauges, près de Bordeaux, pourrait tirer son épingle du jeu.

L'audience avait lieu ce vendredi, mais la décision du Tribunal de commerce devrait être connue le 20 novembre prochain.

Coup de pression des élus de Saint-Etienne

Le Chinois Semir est propriétaire du groupe depuis 2018. Ensemble, les deux entreprises constituaient le numéro 2 mondial de la mode enfantine et des objectifs ambitieux avaient été annoncés au moment de l'acquisition. Sauf que le chiffre d'affaires de Kidiliz s'est effondré, faute d'investissements et en raison d'un contexte économique dégradé. Le chiffre d'affaires est ainsi passé de 360 millions d'euros en 2019, à 260 millions cette année.

Les managers chinois ont valsé à la tête de la direction et finalement, l'actionnaire semble s'être désintéressé de son acquisition française. A tel point qu'il n'a pas accepté d'injecter les 22 millions d'euros nécessaires à l'obtention d'un PGE, précipitant ainsi la chute de l'empire Kidiliz. "Nous ne nous expliquons pas cette situation. Cette acquisition chinoise était-elle un caprice de millionnaire ?" s'interroge-t-on du côté des syndicats de salariés.

L'affaire fait en tout cas enrager Hervé Reynaud, maire de Saint-Chamond et vice-président de Saint-Etienne Métropole. Une motion a ainsi été votée lors du conseil métropolitain de ce 5 novembre. "Si la crise sanitaire a pu précipiter cette situation, les problématiques liées à la nécessaire restructuration du groupe n'ont manifestement pas été prises par les nouveaux propriétaires" y est-il ainsi indiqué.

"Pourquoi le groupe Semir n'a-t-il pas pris les mesures qui s'imposaient pour que se poursuive l'activité d'un leader et fleuron de notre savoir-faire textile? Y a-t-il eu une volonté délibérée de saborder ces entreprises pour créer un appel d'air économique favorable aux autres activités du groupe Semir? (...) Il ne saurait être question pour nous que des groupes étrangers indélicats puissent faire main basse sur notre patrimoine économique".

Face à la dégradation des offres de reprise, le conseil métropolitain demande ainsi à Semir d'assurer la continuité de l'activité du groupe Kidiliz, aux repreneurs de reprendre l'ensemble des salariés et surtout, au gouvernement, de mettre en place un moratoire sur les procédures de redressement ou de liquidation judiciaire jusqu'à la fin de l'Etat d'urgence. Avec un objectif : "de traduire en actes le discours qu'il tient sur le soutien à l'activité économique et sur la relocalisation".

"C'est sympa mais c'est trop tard, les dés sont jetés", soupire encore ce responsable syndical. "Les élus auraient dû se saisir du dossier avant le dépôt des offres".

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