Les TPE régionales, à nouveau menacées par la seconde vague, alerte le SDI

Face aux différents scénarios étudiés par l’exécutif, allant d’un renforcement du couvre-feu à un reconfinement plus ou moins total du pays, Jean-Guilhem Darré, le délégué général du Syndicat des Indépendants et des TPE (SDI) basé en région lyonnaise, évoque l’urgence dans laquelle se trouve « des centaines de milliers d'artisans, commerçants, et dirigeants de TPE » à la suite de la première vague. Et appelle à ce que les décisions qui seront annoncées ce mercredi soir par Emmanuel Macron comprennent de nouvelles aides pour sauver « ces entreprises de proximité, à l’emploi non-délocalisable », y compris en AuRA.
(Crédits : YP)

Un peu partout, l'étau se resserre pour les dirigeants économiques, qui voient poindre le scénario d'un reconfinement du pays, accompagné d'un nouveau ralentissement de l'économie. Alors que l'on parlait jusqu'ici de relance, l'heure est donc désormais à l'inquiétude et aux mises en garde. Près de Lyon, le délégué général du Syndicat des Indépendants et des TPE (SDI), Jean-Guilhem Darré, attend lui aussi les annonces du Président de la République, Emmanuel Macron, qui doit s'exprimer ce mercredi soir à la nation, face à la dégradation rapide de la situation sanitaire.

Avec ses 25.000 adhérents à l'échelle nationale, dont près de 6.000 en Auvergne Rhône-Alpes, ce syndicat interprofessionnel regroupe les petites entreprises de moins de 10 salariés, qu'elles soient issues de l'hôtellerie-restauration, du tourisme, de l'équipement de la personne, du bâtiment, de la réparation automobile, etc.

"Dans notre région, les TPE représentent 20% de l'emploi salarié -hors chef d'entreprises- et environ 20% de la richesse créée et représentent des entreprises de proximité, à l'emploi non-délocalisable", avance Jean-Guilhem Darré.

Et même s'il a pu exister des écarts entre certains secteurs, particulièrement touchés par la pandémie, comme le domaine de l'habillement, la parfumerie, l'hôtellerie-restauration ou encore, le tourisme, « il faut se rappeler que c'est l'ensemble de l'écosystème TPE qui a été impacté directement par cette crise », martèle le délégué général du SDI.

Un état des lieux qui se rapproche des résultats du dernier baromètre commandé par l'Union des entreprises de proximité (U2P) au cabinet Xerfi et publié en octobre, et qui révélait notamment que si la Région Auvergne Rhône-Alpes affiche une baisse d'activité (-3,5%) moins importante que la moyenne nationale (-5%) en cette rentrée, ces résultats demeurent très nuancés en fonction des secteurs d'activités. Et de noter : "Toutes les entreprises ont enregistré une baisse de leur chiffre d'affaires au regard de l'année passée, particulièrement les plus petites : -6,5% pour les entreprises sans salariés contre -4,5% pour les entreprises entre 1 et 10 salariés."

Identifier les TPE comme un élément clé

Car malgré les aides du fonds de solidarité, ciblées à l'origine directement vers les TPE, ainsi que l'identification de secteurs jugés « prioritaires » selon une classification établie par l'Etat, les petites entreprises pourraient bien être à nouveau les victimes collatérales de cette seconde vague, qui semble désormais hors de contrôle.

Les dispositifs imaginés par le gouvernement auront pourtant eu le mérite, admet Jean-Guilhem Darré, « d'identifier les TPE comme un élément clé du système économique du pays, et d'en sauver une très large proportion, puisque le nombre de défaillances d'entreprises n'a toujours pas bondi comme on pouvait le craindre ».

L'heure n'est cependant pas à la victoire. D'après le Syndicat des Indépendants et des TPE, la lourdeur ainsi que la complexité des dispositifs imaginés par l'Etat à l'issue du confinement se ressentiraient aujourd'hui sur la trésorerie des entreprises, qui abordent ainsi cette nouvelle vague avec une fragilité accrue.

« Sur un total de 1,7 millions de TPE de moins de 10 salariés qui ont bénéficié du fonds de solidarité, on arrive à une enveloppe de 3.500 euros sur la période de mars à septembre, ce qui n'est pas beaucoup. D'autant plus que jusqu'ici, le credo des chefs d'entreprise était qu'en continuant de travailler, ils allaient limiter les pertes, mais on voit bien désormais que ce ne sera pas possible », déclare le délégué général.

Premières victimes collatérales à nouveau

Ainsi, d'après lui, près de 60% des TPE françaises se trouveraient aujourd'hui dans une situation correcte, voire meilleure que l'an dernier, contre 40% environ dans une situation plus défavorable. Il cite en exemple le cas d'une épicerie fine de notre basée en AuRA, dont le chiffre d'affaires est actuellement plombé par son activité de vente de dragées pour le secteur des mariages, qui représente habituellement 80% de son activité. Ou encore une TPE de commerce de gros, qui revend habituellement du matériel dédié à l'hôtellerie-restauration, et dont les activités sont elles aussi, de fait, à l'arrêt.

« Quand on parle uniquement d'une classification par secteurs d'activité, on ne parle pas de ces TPE, alors qu'elles connaissent une importante baisse de leur activité depuis mars », confirme-t-il.

Et même pour celles qui surferaient, depuis quelques semaines, sur des marchés nouvellement porteurs, comme le secteur des loisirs (cyclisme, pêche, etc), dopés par la crise sanitaire, ou encore sur les segments de la livraison à emporter et des ventes en ligne, « qui ont pu apporter un petit complément de chiffre d'affaires lors de la reprise », cette stratégie présenterait désormais ses limites. En particulier à l'aube d'une seconde vague, qui laisse entrevoir de nouvelles restrictions dans la vie des français au cours des semaines à venir.

Car sur ce terrain, force est de constater que les scénarios envisagés par le gouvernement ne seraient pas favorables à un maintien d'une activité économique suffisante pour assurer la survie de ce tissu de petites entreprises, rappelle le SDI :

« Si l'on reste sur un couvre-feu de 21 heures à 6 heures du matin, une grande partie des structures entrepreneuriales, en dehors de l'hôtellerie-restauration, peuvent fonctionner. Mais lorsqu'on avance cet horaire à 18 heures ou 19 heures, cela aura nécessairement un impact sur leur chiffre d'affaires », met en garde Jean-Guilhem Darré.

Une réalité encore plus présente lorsque l'on parle de l'hypothèse d'un reconfinement partiel ou total.

« Une seule solution : de nouvelles mesures »

Mais ce qui inquiète le plus Jean-Guilhem Darré, c'est l'effet que pourrait avoir cette seconde vague sur des commerces en pleine reconquête de leur chiffre d'affaires, déjà lourdement endettés, et dont l'équilibre économique ne tient désormais plus qu'à un fil.

A l'aube des annonces gouvernementales, confinement ou non, ne reste plus qu'une seule solution, selon lui : « que l'Etat apporte à nouveau un soutien massif aux TPE ». De quelle manière ? « On a bien vu durant cette crise que ce qui fonctionne pour les patrons de TPE notamment, ce sont les dispositifs simples et concrets. Comme l'abondement de 1.000 euros au fonds de solidarité, qui avait été proposé par la métropole de Lyon, qui fonctionnait de manière automatique et simple, ou encore le report des charges sociales, lui aussi automatique », illustre-t-il.

Selon Jean-Guilhem Darré, l'Etat doit agir dès maintenant de manière claire s'il souhaite endiguer non pas la seconde, mais la troisième vague à venir, qui pourrait être cette fois-ci économique : « On évoquait le chiffre de 20% de faillites d'entreprises comme un élément possible en début de crise sanitaire. Il est certain que dans les conditions actuelles, cela pourrait même monter à 30% ». Un chiffre qui donne le vertige lorsqu'on le rapporte aux quelques 3 millions de TPE françaises : « Cela signifierait que 900.000 entreprises de moins de 10 salariés mettraient la clé sous la porte... ».

C'est pourquoi, après avoir participé aux discussions de rentrée aux côtés du gouvernement et les partenaires sociaux en septembre dernier, le SDI veut à nouveau faire entendre sa voix. « Nous appelons à ce que le plafond octroyé aux PME soit rehaussé de 1.500 à 3.000 euros minimum, et que le seuil minimum pour bénéficier de ces dispositifs soit abaissé de 50 à 40% de pertes du chiffre d'affaires. Il faut également proposer une exonération des charges sociales aux dirigeants de TPE sur cette période, car leur report ne sera plus suffisant compte-tenu de la situation actuelle : les entreprises ne pourront pas refaire leur trésorerie ! ».

Le syndicat interprofessionnel appelle également proposé à ce que les loyers, qui demeure un problème majeur pour une grande partie des PME, locataires de leurs locaux, puissent donner lieu à un abattement ou crédit d'impôts pour les propriétaires qui feraient le choix de les annuler. Il plaide également, entre autres, pour un report des premières échéances de PGE, prévues pour démarrer début avril, à 2022, « compte-tenu des incertitudes actuelles ». Reste à savoir si tout ou partie de son appel sera entendu.

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