Renault Trucks révise à la baisse son plan de réduction des effectifs

Un plan de départs légèrement moins important que prévu, qui ne concernera, cette fois, que les cols blancs. La direction du constructeur lyonnais Renault Trucks, filiale du groupe Volvo, a confirmé cette semaine la suppression de 323 postes, presque tous centralisés dans la région Auvergne Rhône-Alpes, sur ses sites de Lyon (69) et Bourg-en-Bresse (01). La récupération in extrémis de 40 emplois témoignent d'une filière automobile encore dans l'attente d'une forme de consolidation de la reprise économique, et qui prépare déjà sa transformation du marché vers l'électrique.
Le groupe Volvo AB a déjà démontré ses ambitions sur le terrain des motorisations plus propres, en s'associant avec le groupe Daimler Truck, en vue de développer et produire, à compter de 2025, des piles à combustible pour les camions lourds.
Le groupe Volvo AB a déjà démontré ses ambitions sur le terrain des motorisations plus propres, en s'associant avec le groupe Daimler Truck, en vue de développer et produire, à compter de 2025, des piles à combustible pour les camions lourds. (Crédits : DR)

Le 16 juin dernier, le suédois AB Volvo, maison mère de Renault Trucks, annonçait un grand plan de restructuration à l'échelle du groupe, avec le départ de 4.100 salariés à travers le monde (dont près de 1.250 en Suède), assortie d'une baisse des investissements de développement de l'ordre de 35%. A travers cette annonce, le groupe avait rappelé sa volonté de ne fermer aucun site industriel en France et de ne pas toucher aux effectifs de production, qui seront nécessaires au redémarrage de son activité.

Un chiffre qui devait donc se traduire, en France, par la suppression de 463 emplois, essentiellement parmi ses cols blancs, employés par sa filiale, Renault Trucks. Et ce, alors même qu'un projet de nouveau centre de R&D doit sortir de terre à Saint-Priest d'ici 2021 et que le constructeur tablait sur l'essor du marché de l'électrique, avec un objectif d'atteindre 10 % de ses ventes en zéro émission d'ici 5 ans.

Avec, parmi les sites touchés par cette annonce, celui de Lyon, à cheval sur les communes de Vénissieux et Saint-Priest (Rhône), où près de 298 emplois seraient menacés sur 4.500, tandis que 25 emplois seraient également concernés sur le site de Bourg-en-Bresse (Ain), sur les quelques 1.200 salariés que compte ce site.

Un marché chahuté au niveau mondial

L'objectif affiché : faire face à la crise économique provoquée par le Covid-19. Le constructeur anticipait en effet un retour à "un niveau d'activité inférieur à ses niveaux d'avant-crise à court et à moyen terme".

Car à l'issue d'une année 2019 déjà considérée comme "flat" au niveau de ses ventes mondiales (54.098 véhicules vendus), avec une croissance de seulement 2 % en France, le constructeur anticipait un recul de 15 % de ses ventes en 2020. Une prévision qui, en mars dernier, ne prenait pas encore en compte l'impact du Covid-19, qui pourrait encore peser sur les comptes... "Le marché du camion est un marché cyclique, car une fois que nos clients se sont équipés, notamment sur les gros modèles, ils attendent un peu avant de racheter un équipement", note Eric Freyburger, représentant du comité social et économique économique (CSEC) de Renault Trucks.

Mais finalement, on apprend cette semaine que cette réduction d'effectifs sera finalement limitée, à l'échelle de l'Hexagone, à 323 postes de travail de techniciens et cadres. C'est 40 de moins qu'annoncé le 16 juin dernier, grâce au transfert de 100 salariés de Renault Truck vers une filiale spécialisée dans le conseil (Arquus), qui employait jusque là une large proportion de consultants externes.

"L'entreprise s'était également organisée en anticipant cette année une forte baisse de la demande, de l'ordre de 50% en 2020 : or, les premiers indicateurs tendraient à montrer que depuis septembre, les commandes repartent et devaient donner du travail aux sites de production jusqu'à la fin de l'année, pour l'instant", confirme Eric Freyburger.

Le décompte reste cependant difficile à établir puisqu'en parallèle à la préparation de ce plan de rupture conventionnelle collective (RCC), le groupe Renault Trucks souhaiterait recréer plusieurs dizaines de postes sur d'autres segments, dont le détail n'a pas encore été précisé. Contactée, la direction n'a pas donné suite à notre demande.

"On sait d'ores et déjà que la montée de l'électrique va faire évoluer les métiers au sein du groupe, avec par exemple, des spécialistes de la combustion des moteurs thermiques qui n'auront, à l'avenir, plus de travail", illustre le délégué syndical.

Vers une restructuration d'un pan de l'offre

Une bonne nouvelle, qui ne satisfait cependant pas entièrement les représentants des salariés : la CFE-CGC indique ainsi que "la diminution du nombre de salariés et de consultants dans les départements commerciaux, les études et développement, et l'usine de Bourg en Bresse fragilise Renault Trucks".

Et ce, malgré le fait que plusieurs éléments sont venus "limiter la casse sociale", tels que des prises de commandes meilleures que prévu, le transfert d'une centaine de salariés vers Arquus, ainsi que la création d'une nouvelle Business Unit Medium duty.

Annoncée le 8 juillet par le groupe, cette nouvelle entité, qui sera basée à Lyon, sera bientôt en charge de regrouper et structurer l'offre du marché des camions de moyen tonnage (gamme intermédiaire de 7,5 à 18,5 T), en collaboration avec l'usine de Blainville sur Orne dans le Calvados, et générera à elle seule la création d'une vingtaine de postes.

Selon la CFE-CGC, cette nouvelle entité est perçue comme un bon signe, "qui va redonner des perspectives au site de Lyon" et ira de pair avec le développement des motorisations électriques sur le marché de ces véhicules de gamme intermédiaire (bennes à ordures, camions de livraisons, etc). Les représentants des salariés en ont d'ailleurs profité pour lancer un appel aux pouvoirs publics et aux collectivités, les invitant à soutenir la filière en s'équipant de ces véhicules, qui seront fabriqués en France.

"C'est aujourd'hui une manière pour le groupe, qui était jusqu'ici majoritairement concentré sur le segment des poids lourds, de rassembler l'ensemble de son offre pour les véhicules de moyenne taille, considérés désormais comme stratégiques avec l'électrique. Et donc, d'éviter ainsi que les coupes n'interviennent à l'avenir sur ce segment", observe Eric Freyburger.

Sans oublier que le groupe Volvo AB a déjà, de manière officielle, fait montre de ses ambitions sur le terrain des motorisations plus propres avec son association avec le groupe Daimler Truck, en vue de développer et produire, à compter de 2025, des piles à combustible pour les camions lourds.

Des départs qui restent à négocier

En attendant, les salariés français se préparent à négocier les modalités de leur prochain plan de rupture conventionnelle collective (RCC), dont les discussions ont démarré le 2 septembre. La CFE-CGC a notamment rappelé à cette occasion "qu'une baisse d'effectifs ne peut se faire que sur la base du volontariat et en veillant à perdre le minimum de compétences et de savoir-faire".

Le syndicat, majoritaire sur le site de Lyon, réitère donc, par la même occasion, sa demande à ce que ces suppressions se déroulent uniquement sur la base du volontariat. "Notre objectif est de parvenir à conclure près de 200 départs anticipés sur des questions d'âge, etc, et de trouver des volontaires pour la centaine de départs restants", indique le délégué syndical.

Avec une cible qui se dessine déjà pour la direction : que les premiers départs puissent intervenir à compter de janvier 2021. Un mince espoir subsiste cependant encore concernant la taille de ce plan, qui pourrait réduire encore à la marge, à l'aune des résultats qu'enregistrera le groupe en fin d'année sur l'ensemble de ses marchés.

Au total, Renault Trucks emploie près de 7.500 salariés en France, dont 4.500 collaborateurs dédiés à ses activités industrielles, hébergées principalement en région Auvergne-Rhône-Alpes (Lyon/Saint-Priest/Vénissieux, Bourg-en-Bresse) ainsi qu'à Blainville-sur-Orne (Calvados) et Limoges (Nouvelle Aquitaine).

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