Comment Natexpo a maintenu le cap, malgré les impératifs sanitaires

[Reportage] Lundi, le préfet du Rhône avait annoncé un renforcement des mesures sanitaires avec, entre autres, la diminution de la jauge des salons, passant de 5000 à 1000 visiteurs. Cette annonce a, de facto, eu un impact sur la fréquentation du salon international des produits bios Natexpo, qui se tenait les 21 et 22 septembre à Eurexpo Lyon. Des conséquences contraignantes, mais anticipées, selon l’organisation.
Les exposants et visiteurs ont globalement répondu présents à l'occasion du salon Natexpo qui se tenait ce début de semaine à Eurexpo, malgré le renforcement des mesures sanitaires annoncé lundi par le préfet du Rhône.
Les exposants et visiteurs ont globalement répondu présents à l'occasion du salon Natexpo qui se tenait ce début de semaine à Eurexpo, malgré le renforcement des mesures sanitaires annoncé lundi par le préfet du Rhône. (Crédits : DR/ZoéFavreDanne)

Le salon aura eu chaud. Mais lors de la seconde journée d'ouverture du salon Natexpo, ce mardi, la file d'attente était toujours longue devant le Centre de congrès d'Eurexpo, situé à Chassieu, près de Lyon.

Car depuis les annonces du préfet du Rhône, intervenues ce lundi, la jauge des salons organisés au sein du département est désormais limitée à 1.000 visiteurs en simultané. Une annonce qui a eu un impact direct, dès le lendemain, sur les conditions d'accueil du salon international des produits bios Natexpo. Organisé par Natexbio et par le groupe parisien SPAS Organisation, spécialisé dans les événements dédiés à cette filière, cet événement attendait un total de 10.000 visiteurs pour cette édition 2020. Ils auront finalement été 8.000 à répondre présents sur les deux journées (visiteurs et exposants compris).

Ce mardi, un filtrage au compte-goutte avait donc été mis en place dès l'entrée, alors que la veille, le salon pouvait encore accueillir simultanément 5.000 visiteurs. Le nombre d'exposants, 700, n'aura finalement pas été réduit sur les deux jours. "Quand l'annonce de la jauge de 1.000 personnes est survenue, on s'est dit qu'on devait le gérer et on l'avait même anticipé. Nous sommes déjà équipés pour faire en sorte que les conditions sanitaires soient strictes", affirme Valérie Lemant, directrice de salon.

Des dispositions supplémentaires

Ainsi, une fois dans l'enceinte du salon, en plus des habituels tours de cou, les visiteurs se sont vus remettre un flacon de gel hydroalcoolique aux huiles essentielles, élaboré par un artisan savonnier. Des mesures sanitaires, d'accord, mais en accord avec les valeurs de Natexpo dans la mesure du possible. En plus de ce "cadeau" distribué aux visiteurs, s'ajoutent évidemment toutes les autres précautions : marquage au sol, port du masque obligatoire, élargissement des zones de restauration, renfort de gardiens et d'hôtesses, réduction des points de contact....

"Tout ça à l'air de rien, mais c'est un budget supplémentaire", déclare Valérie Lemant, sans pour autant en préciser l'enveloppe. Aussi, pour les exposants et les visiteurs qui n'auraient pas pu venir, la plateforme Natexpo Digital a été mise en place, accessible "pour les visiteurs éloignés", jusqu'au 25 septembre.

Contrairement à la Foire de Lyon qui a été repoussée, raccourcie, puis finalement annulée ce lundi, Natexpo a pu être maintenu à sa date initiale. Malgré le climat d'incertitude globale, les exposants n'ont pas déserté le salon, au contraire.

"A cause du Covid-19, on a hésité à participer, mais on y a réfléchi : ce salon est un bon test pour lancer notre produit", explique Alexia Desporte Richard, CEO de la start-up Popotte Duck, qui a conçu un "coooking planner" intelligent et anti-gaspi. Malgré la jauge réduite, Natexpo a permis aux fondateurs de la start-up d'établir de bons contacts.

Les exposants au rendez-vous

De l'autre côté du salon, Piet Niesten, un des fondateurs de We Love the Planet, marque de cosmétique au packaging durable, a lui aussi mesuré le risque et il est venu des Pays-Bas pour participer à l'événement. "Nous aurions du venir à quatre, mais finalement, nous ne sommes que deux. En rentrant, nous devrons faire une quarantaine de dix jours et je ferai du télétravail", assure-t-il. Il a en effet discuté avec son équipe avant de prendre la décision de se déplacer : "C'était tout de même une occasion de rencontrer des acheteurs et de présenter nos produits sur le marché français".

Mais ce n'est pas le cas de tous : certains exposants étrangers ont, quant à eux, fait le choix de ne pas venir, sans qu'on ne connaisse encore précisément les chiffres.

Même pour les exposants français, la question de se déplacer sur un tel événement s'est nécessairement posée. Laurent Bailly, cogérant du lyonnais Applymage, qui conçoit des solutions de distribution pour l'alimentation en vrac, n'avait pas d'appréhension sur l'organisation du salon, mais plutôt sur la fréquentation. "Cela n'a pas empêché les gens de venir, comme je craignais. Aujourd'hui, la fréquentation est réduite, mais ceux qui sont là ont plus de temps".

« Dans l'insécurité sanitaire, on va vers des produits rassurants»

Cette année, Natexpo aura mis trois tendances en avant : "l'amour de la Terre et du terroir", "l'économie circulaire et zéro déchet" et "une consommation raisonnée, rayonnante et joyeuse".

"Ces tendances sont apparues il y a déjà trois ans et se sont fortement accélérées avec la crise. La ligne forte du zéro déchet, de l'économie circulaire, c'est le cœur, car on doit répondre aux exigences de consommateurs", estime Valérie Lemant.

Le sourcing local s'est même trouvé renforcé par la crise : "Les gens prennent conscience qu'il est important de faire travailler les producteurs locaux, il y a plus de simplicité, de lisibilité. On observe ainsi un retour aux valeurs essentielles et à une traçabilité simple", constate Valérie Lemant.

Et d'ajouter : "dans un contexte d'insécurité sanitaire, on se dirige plutôt vers des produits rassurants". Laurent Bailly d'Applymage partage ce constat : "La lame de fond du zéro déchet est appelée à demeurer, tandis que les futures législations vont vers une diminution des emballages sur le long terme", croit-il. Le marché du bio pourrait donc encore faire naître d'autres jeunes pousses.

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