A Grenoble, une nouvelle SCIC veut booster l’innovation des PME post-Covid

[Exclusif] Ils avaient contribué à développer le modèle du premier masque réutilisable plus de 100 fois, transféré et produit ensuite par la PME Ouvry à grandes capacités industrielles… Quelques mois après la mise en place du collectif Voc-coV qui s’était structuré dans l’agglomération grenobloise, plusieurs membres lancent une SCIC, AuRorA-5R. Leur objectif : déployer un modèle d’innovation destiné aux PME, en favorisant également l’insertion des jeunes diplômés.
Après avoir participé au collectif Voc-coV qui s’était structuré dans l’agglomération grenobloise pour faire face à la pénurie de masques et de respirateurs, trois membres de ce collectif (Cédric Stien, Laurent Maumet et Pierre Emmanuel Frot) lancent une nouvelle SCIC dédiée à l'innovation des PME.
Après avoir participé au collectif Voc-coV qui s’était structuré dans l’agglomération grenobloise pour faire face à la pénurie de masques et de respirateurs, trois membres de ce collectif (Cédric Stien, Laurent Maumet et Pierre Emmanuel Frot) lancent une nouvelle SCIC dédiée à l'innovation des PME. (Crédits : DR)

Le projet, qui naît des cendres du Covid-19, se veut comme "un lieu de renaissance, de relance", en vue de "créer un nouveau monde". A Grenoble, la nouvelle SCIC AuRorA-5R en cours de constitution vise à "accélérer des projets d'innovation, de transformation ou de localisation au bénéfice des PMEs", résume Pierre-Emmanuel Frot, l'un des trois cofondateurs du projet. Et comprend également, un volet d'accompagnement à l'insertion des jeunes diplômés dont les débouchés se retrouvent actuellement impactés par la crise du Covid-19.

Une partie de l'équipe qui avait planché sur les plans du masque OCOV, -transféré et produit désormais à grands volumes par la PME Ouvry, avec près de 500.000 unités livrées à ce jour-, ont désormais choisi de se structurer pour poursuivre leurs travaux d'innovation et continuer d'œuvrer à la matérialisation du monde d'après. "Lorsque nous avons travaillé sur le sujet avec Ouvry, nous nous sommes aperçus toutes les difficultés que les PME pouvaient rencontrer à innover, quand même accéder aux systèmes existants dédiés à l'innovation", confie Pierre-Emmanuel Frot.

Car s'il accorde qu'il existe un certain nombre de dispositifs d'accompagnements existent, "le chemin peut en réalité s'avérer très compliqué et ne répond pas toujours à la question de l'absence de certaines compétences clés au sein des PME", résume-t-il.

Un modèle d'innovation à déployer

C'est donc en s'appuyant sur la dynamique collective née dans l'urgence du Covid-19 que trois membres de ce collectif (Cédric Stien, Laurent Maumet et Pierre Emmanuel Frot) ont souhaité mettre en place un projet plus structuré, alliant une méthode et un modèle d'innovation à proposer aux PME. Avec, dans son titre, les "5R", en écho au référentiel 5R qui sera utiliser pour évaluer et sélectionner les projets.

"Notre proposition est d'être un accélérateur de projets d'innovation, en accompagnant des projets d'innovation jusqu'à leur commercialisation et leur permettant de devenir environnementalement et socialement responsables", indique Pierre Emmanuel Frot.

Avec, comme cibles principales, les PME à vocation industrielle qui œuvrent dans les domaines de l'énergie, de l'automobile, de l'aéronautique, ou encore de la santé. "On a par exemple été confrontés, au sein des hôpitaux, à la question du jetable, qui présente de forts enjeux logistiques. Car à force d'utiliser des produits à usage unique, on ne dispose plus la chaîne logistique nécessaire pour utiliser des produits réutilisables", cite en exemple Pierre-Emmanuel Frot.

L'équipe compte proposer des programmes de 3 à 12 mois d'accompagnement à destination des PME du territoire, qui se revendiquent d'une approche plus agile, basée sur le "try and fail". "Souvent, les centres d'innovation sont très bons dans la conception des produits mais ne savent pas toujours faire le lien avec l'industrialisation. Or, une PME ne recherche pas le produit parfait, mais a besoin de le mettre rapidement sur le marché, tout en le faisant évoluer".

Un volet insertion et formation

Pour cela, ils utiliseront à la fois les compétences de partenaires (laboratoires de recherche, écoles, etc), ainsi que celles d'une équipe interne, composée d'experts mais également de jeunes diplômés.

"Nous proposons à des entreprises partenaires de ne pas attendre pour embaucher les jeunes talents dont ils ont besoin, mais de nous les confier à travers un dispositif de mécénat de compétences durant quelques mois, afin qu'ils développent leur expérience et qu'ils soient en ordre de marche dès que la reprise se présentera pour eux", indique Pierre Emmanuel Frot.

L'idée d'AuRorA-5R est également d'établir des partenaires avec des écoles et laboratoires de recherche afin que ces acteurs puissent partager leurs équipements, et éviter ainsi  à la SCIC de devoir investir massivement dès son démarrage sur des équipements souvent très onéreux.

"Nous ne voulons pas que ce projet ne grève non plus la trésorerie des entreprises, c'est pourquoi nous allons essayer de travailler avec la BPI et avons également lancé un appel à l'État en vue de proposer un système d'avance remboursable par les PME, une fois le projet abouti".

La SCIC recherche notamment à financer une enveloppe de 300.000 à 500.000 euros par projet, "ce qui représenterait, au global, un budget de 4 millions d'euros par année pour l'accompagnement de 10 projets. Avec ce chiffre, nous pourrions générer des centaines d'emplois au niveau local, et non-délocalisables", estime Pierre-Emmanuel Frot, qui regarde encore attentivement du côté du plan France Relance, annoncé par le gouvernement, pour voir de quelle manière une enveloppe pourrait être allouée.

En pleine création, la SCIC AuRorA-5R compterait déjà, parmi ses fondateurs et soutiens, l'école Grenoble INP, l'Udimec, ainsi que la Cci de Grenoble. "Il est également question d'élargir le projet à la CCI régionale et à la métropole grenobloise, pour en faire un pôle à dimension plus régionale", souligne Pierre Emmanuel Frot.

Et d'ajouter : "Nous sommes ensuite prêts à essaimer le modèle dans d'autres régions, en aidant d'autres territoires, intéressés par la démarche, à bâtir leur propre SCIC".

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