Idex : Saint-Etienne bénéficie d’un court sursis pour trouver un accord

Le dossier Idex ne remporte toujours pas l'adhésion à Saint-Etienne, où les relations au sein de l’Université Jean Monnet demeurent tendues entre pro et anti fusion. Les nouveaux statuts présentés par la présidence il y a quelques jours, indispensables pour décrocher l’Idex, ne rassurent cependant pas les partisans d’un maintien d’une personnalité morale et juridique pour l’établissement stéphanois.
Face à la levée de boucliers, les statuts en cours de discussions de la nouvelle entité, retravaillés, prévoient désormais que le nom de Saint-Etienne apparaisse dans le titre du nouvel établissement.

L'accord du ministère de l'Enseignement supérieur est pour l'instant encore informel, mais semble acté. Alors que le projet Idex consiste, à Lyon, à créer une nouvelle "Université cible" regroupant les établissements de Lyon I, Lyon III,  l'ENS, ainsi que l'université Jean Monnet de Saint-Étienne, des voix s'élèvent toujours dans la Loire, estimant que ce regroupement n'est pas dans l'intérêt des formations ligériennes.

Alors que l'Université Jean Monnet devait initialement valider son entrée dans la future Université Cible avant le 30 septembre, à l'occasion d'un vote du Conseil d'administration sur les statuts, le contexte sanitaire et les remous internes ont eu raison de cette échéance.

La présidente de l'Université Jean Monnet, Michèle Cottier, a ainsi obtenu un (petit) sursis supplémentaire, avec un glissement d'un mois du calendrier. "Ce délai nous permettra d'organiser plus sereinement un débat de prévote", explique-t-elle. Car la situation est toujours loin de faire l'unanimité sur le territoire stéphanois.

Aussi bien en interne, que parmi les élus ou les acteurs économiques. Gaël Perdriau, le maire de Saint-Etienne, avait ainsi insisté auprès de Michèle Cottier pour qu'elle revoit sa copie, dès le printemps dernier. Idem, sur un mode plus virulent, pour le socialiste Pierrick Courbon, l'ancien président de l'université Jean-Monnet et ex-maire de la ville, Maurice Vincent ou encore député de la Loire, Régis Juanico.

A tel point que trois vice-présidents centraux ainsi que huit vice-présidents délégués avaient démissionné de leur poste en juillet dernier, pour manifester leur réticence, et créé un collectif afin de fédérer les opposants. Celui-ci compte désormais 374 membres dont les doyens des Facultés de Droit et de médecine, la directrice de l'IAE, plusieurs directeurs de laboratoires etc. Pour eux, cette fusion représenterait "une erreur monumentale, qui porterait préjudice aux étudiants, au territoire et aux laboratoires".

Des statuts retravaillés

Devant cette levée de boucliers, les statuts ont été retravaillés. Les évolutions ont été présentées la semaine dernière aux directeurs de composantes (bureau élargi). "L'été a été mis à profit pour reprendre le cours du travail qui aurait dû être mené au printemps. Il avait été interrompu en raison de la crise sanitaire. Nous avons pu améliorer les statuts afin de mieux positionner le campus de Saint-Etienne", explique Michèle Cottier.

Première avancée, le nom du futur établissement. Il est désormais acté que Saint-Etienne apparaîtra dans le titre de cette nouvelle entité. "Nous avons également mieux formuler quelques points, notamment celui concernant les partenariats avec les autres écoles du territoire. Les associations par décret seront automatiquement transférées au nouvel établissement commun. Ce sera le cas pour l'Ecole d'Architecture par exemple".

Autre sujet d'importance : une garantie de moyens et une garantie d'offres de formation est assurée dans les statuts nouvelle formule. "L'offre ne pourra pas être réduite", assure ainsi la présidente. Elle pointe également l'avis favorable que devra obligatoirement émettre le campus de Saint-Etienne, quant aux décisions le concernant. Le directeur de campus sera par ailleurs présent à l'ensemble des réunions de gouvernance, notamment du bureau. "Toutes ces modifications assurent à Saint-Etienne une réelle place dans les prises de décisions". Enfin, il a été obtenu que les étudiants pourront faire des propositions sur les points les concernant.

Un appel au premier ministre

Stéphane Riou, ex vice-président de l'Université Jean Monnet démissionnaire et porte-parole du collectif, reconnait des avancées avec ces nouveaux statuts, "preuve que la mobilisation a été utile". Mais ne s'en satisfait pas.

Quelques jours après avoir pris connaissance des nouveaux statuts de façon informelle, le collectif vient ainsi d'adresser un courrier au Premier Ministre. Il en appelle au "droit à la différenciation territoriale", évoqué par Jean Castex lors de son discours de politique générale en juillet dernier.

"Sur l'autel de l'IDEX, la communauté universitaire stéphanoise devrait sacrifier son identité profonde », s'indigne Stéphane Riou.

Pour le collectif, la seule façon, pour l'Université stéphanoise, de conserver une autonomie décisionnelle est bien de maintenir la personnalité morale et juridique de l'établissement. "C'est la seule manière de nous préserver d'un délitement à long terme".

Soutenue officiellement dans sa démarche par la CCI Lyon Métropole Saint-Etienne Roanne, pour qui "l'IDEX est une opportunité majeure pour les Métropoles de Lyon et Saint-Etienne" qui permettra "d'inscrire l'Université Lyon/Saint-Etienne dans le Top 10 des établissements phares de l'enseignement supérieur et de la recherche français", Michèle Cottier a donc encore une route ardue devant elle pour convaincre l'ensemble du conseil d'administration.

Elle doit par ailleurs rencontrer le maire de Saint-Etienne dans les prochains jours pour lui faire part, en détail, des évolutions apportées au statut et emporter son adhésion.

"J'ai encore un travail important devant moi, effectivement, qui consiste à bien expliquer la balance des bénéfices et des risques. Car cette opportunité de l'Idex ne se représentera pas deux fois. Si Saint-Etienne s'isole, nous risquons d'en payer des conséquences importantes", confirme Michèle Cottier.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.