AOC Condrieu et Côte-Rôtie : un anniversaire assombri par le Covid-19

Elles célèbrent cette année leur 80e anniversaire. Mais les bouchons n’ont pas sauté comme ils l’auraient dû. Les AOC Condrieu et Côte-Rôtie, aujourd’hui connues très largement des amateurs de vin, ont été évidemment impactées par la crise du Covid-19. Alors que les vendanges commençaient cette semaine, les vignerons guettent avec anxiété les données sanitaires qui pourraient venir remettre en cause leur équilibre économique dans les prochains mois.
(Crédits : Inter-Rhône)

Les deux appellations sont voisines et haut-de-gamme, leurs histoires s'entremêlent mais ne se concurrencent pas. La première, Condrieu (200 hectares plantés, 7400 hectolitres/an) ne fait que du vin blanc, tandis que la seconde, Côte-Rôtie (323 hectares, 12 000 hectolitres/an), est spécialisée dans le vin rouge. Les deux célèbrent cette année les 80 ans de la naissance de leur AOC.

De nombreuses manifestations avaient été programmées au printemps, très peu ont finalement pu se tenir. D'autres sont encore prévues à l'automne, si les conditions sanitaires le permettent. Un anniversaire bien particulier donc, terni évidemment par le Covid-19.

Une ascension ralentie

« Nous étions en pleine croissance, notre appellation avait vraiment le vent en poupe depuis quelques années, avec 30% de nos ventes à l'export », explique Mickaël Gérin, président depuis 2015 du syndicat Côte-Rôtie. Même constat du côté de Condrieu : « Nous progressons chaque année, en notoriété et en production », assure Christophe Pichon, président du syndicat Condrieu.

A tel point d'ailleurs que le syndicat avait déposé une demande en 2018 pour obtenir une extension de 13 ou 14 hectares. Demande toujours en cours d'examen par les autorités compétentes, qui devrait permettre non seulement d'augmenter la production, mais aussi de répondre à la problématique du changement climatique nécessitant, pour les vignerons, de se tourner vers des parcelles plus à l'Est pour redonner un peu de fraîcheur à leur vin.

Le confinement a donné un coup d'arrêt brutal à leur ascension. « Du jour au lendemain, il n'y a plus eu de vente dans les caves et caveaux, dans les restaurants qui représentent un tiers de notre chiffre d'affaires. Seulement quelques expéditions à l'export ». La période du confinement a été extrêmement compliquée. « Nous étions très inquiets car nous devions absolument écouler notre production de l'an dernier, le Condrieu n'est pas un vin de garde », reprend Christophe Pichon.

Heureusement pour Christophe Pichon et ses confrères de l'AOC Condrieu, l'été a été exceptionnel. « En juillet et en août 2020, nous avons même fait plus que l'été dernier », sourit le président du syndicat. Pourquoi ? Les cavistes et les restaurants ont réapprovisionné leurs stocks et, surtout, les Français ont passé leurs vacances dans les terroirs locaux, consommant et buvant français.

Production 2020 en sursis ?

Si les inquiétudes sont donc désormais levées pour la majorité des vignerons de Côte-Rôtie et Condrieu quant à la campagne 2019, l'interrogation persiste pour la récolte 2020. « Lorsque le confinement est arrivé en mars, nous avions déjà écoulé 70% de notre production, le risque était présent mais pas dramatique. Je suis beaucoup plus inquiet pour le prochain millésime. Si les fêtes de fin d'année sont perturbées, cela pourrait être une catastrophe pour nous », angoisse Mickaël Gérin.

En attendant, les vignerons doivent d'abord s'atteler à la récolte 2020 dont les vendanges démarrent cette semaine. Et là encore, le Covid-19 joue les trouble-fêtes.

« Les masques, le gel etc... c'est un surcoût. Et puis, nous avons besoin de 400 à 500 vendangeurs pour le Condrieu. Cette année, c'est très compliqué de trouver le personnel nécessaire : les gestes barrière et le port du masque repoussent les volontaires. Nous sommes obligés d'aller chercher du personnel à l'étranger, en Espagne notamment », explique Christophe Pichon.

Etrangement, la difficulté ne touche pas le Côte Rôtie, qui semble avoir fait le plein de vendangeurs, essentiellement locaux.

Mickael Gérin pointe même, avec amusement : « Après le confinement, nous avons eu énormément de main d'œuvre volontaire. Beaucoup de personnels de la restauration notamment, qui se retrouvaient au chômage. Cela a été une aubaine car avec la chaleur de cette année, les vignes sont reparties très tôt et nous avions besoin de monde sur le terrain à ce moment-là ». Car Côte Rôtie comme Condrieu ont une particularité : la topographie de leur sol (vignobles en forte pente) limite les possibilités de mécanisation.

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