Economie, mobilité, aménagement des villes : les territoires d'Auvergne-Rhône-Alpes inégaux face à la crise

En croisant différentes données, l’agence d’urbanisme de Saint-Etienne met en avant la "souplesse d’adaptation" des territoires face à la crise sanitaire. Mobilités, logement, urbanisme : quelles pistes pour l’avenir ?
A titre d'exemple, Saint-Etienne Métropole aurait moins souffert de la crise que l'Est lyonnais
A titre d'exemple, Saint-Etienne Métropole aurait moins "souffert" de la crise que l'Est lyonnais (Crédits : Ville de Saint-Etienne)

Le confinement a impacté durement l'économie française en général. Mais les conséquences ne sont pas les mêmes pour tous les territoires.

"En fonction des spécialisations des tissus économiques, le confinement a touché plus ou moins les économies locales", explique ainsi Ludovic Meyer, directeur adjoint d'Epures, l'agence d'urbanisme de la région stéphanoise.

Celle-ci vient de publier une analyse des conséquences de la crise sanitaire.

L'impact sur l'économie

En utilisant une méthode employée par d'autres agences d'urbanisme et se basant sur le croisement des données quant à la perte de valeur ajoutée estimée par l'INSEE en fonction des secteurs d'activité et les structures de l'emploi local en 2018, Epures a cartographié les territoires les plus touchés par le confinement.

En Auvergne-Rhône-Alpes, il s'agit des départements de la Savoie et de la Haute-Savoie avec une perte d'activité de 39,1%, s'expliquant par une forte spécialisation dans l'activité la plus impactée par la crise : l'hébergement et la restauration. L'impact y a d'ailleurs été immédiat avec une forte hausse des demandeurs d'emplois (catégorie A) durant le mois de mars : +12,9% en Savoie, contre "seulement" +3,6 dans la Loire par exemple (33,5% de perte d'activité).

Après la Savoie et la Haute-Savoie, arrivent le Rhône, l'Ain, l'Isère, l'Allier et le Puy-de-Dôme. Celui qui s'en sortirait le mieux serait le Cantal (29,9% de perte d'activité).

"On ne peut pas dire que la Loire n'a pas souffert évidemment mais si on compare avec l'Est Lyonnais (-47% de valeur ajoutée) et les conséquences sur la logistique ou avec la Savoie et l'impact sur le tourisme...", nuance Ludovic Meyer.

L'agence d'urbanisme de la région stéphanoise a affiné son analyse pour la Loire en détaillant au-delà des chiffres départementaux. Dans ce département, la communauté de communes des Monts du Pilat aurait été la moins touchée en raison de la forte présence des services principalement non marchands (30% des emplois salariés privés), "un secteur faisant traditionnellement office d'amortisseur en temps de crise".

En revanche, Loire Forez et la Communauté de communes Charlieu-Belmont dans le Roannais auraient plus souffert du confinement. Saint-Etienne Métropole affiche elle une perte de valeur ajoutée de 33,7%, très proche du niveau départemental (33,5%).

"Attention ces chiffres sont théoriques en fonction de la structure de l'emploi des territoires. Mais cette approche est très intéressante car elle permet d'avoir rapidement une photographie de la situation. Il serait très complexe en pleine crise d'avoir les détails des conséquences pour chaque entreprise" prévient néanmoins Ludovic Meyer.

L'impact sur les mobilités et l'aménagement des villes

"Il est probable que cette crise modifiera durablement les comportements. Il faudra désormais garder nos distances : sur ce sujet, l'urbanisme est un allié de taille. C'est d'ailleurs pour cela que de nombreuses villes déploient un urbanisme dit tactique afin que l'espace public soit plus agile, plus flexible et plus adaptable aux événements, avec bien entendu, le coût le plus faible possible pour la collectivité", anticipe le directeur adjoint d'Epures.

Concernant les mobilités, l'agence, dans sa publication, s'interroge : est-ce que les initiatives lancées pendant le confinement de partage d'axes routiers perdureront, comment les autorités pourront concilier la sécurité sanitaire dans les transports en commun et l'équilibre économique de ceux-ci, quelle gestion des flux et des nuisances provoquées par un regain d'usage des voitures individuelles ?

Dernier sujet abordé par Epures : celui des logements.

"Si toute la population n'aura pas les moyens ni même l'envie de changer de logement, force est de constater que la période que nous venons de vivre posera nécessairement des questionnements sur la taille de son logement, son organisation et la distribution des pièces. Nombreuses seront les personnes à rechercher de nouvelles possibilités pour créer un espace favorable au télétravail par exemple ou à la détente. Plus nombreuses encore seront les personnes à la recherche d'un espace extérieur privatif", souligne-t-il.

Ludovic Meyer pointe par exemple la tendance des jardins et espaces partagés, en plein essor. Quid en cas de confinement ?

Le directeur adjoint évoque enfin les tropéziennes, longtemps interdites dans le centre-ville de Saint-Etienne pour des raisons de préservation du patrimoine architectural, mais qui ont fleuri depuis une dizaine d'années.

"Il faudra probablement trouver des solutions de ce type pour offrir des respirations aux citadins. La ville devra être plus aérée pour être plus vivable", conclut-il.

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