Clinique mutualiste de Grenoble : le déficit se creuse tandis que la cession est retardée

Lors d’un conseil d’administration qui s’est tenu en visioconférence le 24 avril 2020, les administrateurs de l’UMG GHM ont présenté les résultats de l’exercice 2019, confirmant une forte dégradation du résultat net de l’ensemble des activités du groupe. Un report du calendrier de cession a également été entériné, avec un objectif désormais fixé "d’ici la fin de l’été".
(Crédits : Capture écran YouTube)

Toujours sur les rangs, malgré la cession annoncée. Dans le contexte de l'épidémie actuelle de Covid-19, le Groupement Hospitalier Mutualiste (GHM) de Grenoble fait partie des établissements grenoblois de seconde ligne, pouvant être sollicités en cas d'augmentation du nombre de patients à prendre en charge. Il a, à ce titre, activé son plan blanc, à compter du 13 mars dernier et a mis en place, dès le 25 mars, un contrôle systématique ainsi que la création d'un poste médical avancé, visant à orienter et séparer les flux de patients Covid et non-Covid.

Si le président de l'UMG GHM (Union Mutualiste pour la Gestion du Groupe Hospitalier Mutualiste de Grenoble), Edmond Giorgetti, a donc profité du conseil d'administration qui s'est tenu ce vendredi en visioconférence pour saluer, à cette occasion, "la mobilisation des personnels du GHM", adressant ainsi collectivement "tous ses remerciements et son admiration aux équipes", l'heure était surtout au bilan financier de l'exercice annuel de l'établissement.

L'UMG GHM, co-administrée par le groupe Adréa (majoritaire) et par la Mutualité Française, regroupe en effet les établissements de la Clinique Mutualiste de Grenoble qui emploient près de 1 300 salariés sur le bassin grenoblois, mais également une activité dentaire, des laboratoires ainsi que les centres de planification des Eaux-Claires et de consultation du Grésivaudan.

Or, ces résultats s'avèrent, sans grande surprise, en "forte dégradation" au 31 décembre 2019, avec un résultat net comptable qui chute à - 3,9 millions d'euros, contre - 593 000 euros en 2018 pour l'ensemble du groupe en 2019. Et ce, alors que le groupe Adréa avait annoncé, à la rentrée dernière, un projet de cession de l'ensemble des activités de l'UMG GHM, en mettant en avant un déficit structurel trop important.

Selon les derniers chiffres communiqués ce vendredi, le déficit du GHM seul (qui inclut notamment la Clinique des Eaux Claires, la Clinique d'Alembert et l'Institut Daniel Hollard) atteindrait ainsi 3 millions d'euros pour l'année 2019, contre 94 000 euros en 2018.

"Il est à mettre en regard du niveau d'endettement préoccupant à 23,1 millions d'euros, contre 21,9 millions d'euros en 2018, qui représente plus de 150% des fonds propres", ajoute le document.

Un arrêté des comptes a été vôté à l'unanimité, et sera présenté à la prochaine Assemblée Générale pour approbation.

Une cession toujours présentée comme la seule avenue

Des chiffres à croiser avec les données déjà communiquées à l'occasion de l'annonce du projet de cession, à l'automne dernier, où la direction évoquait déjà un niveau de pertes pour le GHM de "17 millions d'euros cumulés sur 10 ans", pour 130 millions de chiffre d'affaires annuel. Tandis que son niveau d'endettement était déjà évalué à 21,9 millions d'euros fin 2018, ce qui représentait déjà 150% des fonds propres.

Le conseil d'administration qui s'est tenu ce vendredi a ajouté que "100% des investissements nécessaires pour maintenir le niveau des soins et de l'accueil ainsi que pour préparer l'avenir sont aujourd'hui supportés par de l'emprunt".

"Or, sans cet équilibre financier, pas de marges de manœuvre pour investir", a estimé Denis Philippe, administrateur de l'UMG GHM représentant Adréa Mutuelle.

Des données qui résonnent donc comme un argument de plus pour le groupe en faveur du processus de cession des activités du GHM, officiellement lancé le 26 septembre dernier. Avec toujours d'après ce document, l'objectif de "sauver" cet établissement majeur du système de santé isérois, qui accueille chaque année plus de 160 000 patients.

Une opposition toujours forte au projet

L'annonce du projet de cession avait suscité, et suscite toujours, une forte opposition de l'écosystème local, puisqu'un collectif de salariés, riverains et sympathisants de la Clinique s'était même monté, dès les premières annonces, afin de demander des garanties, concernant notamment la sauvegarde de ses activités relevant du statut ESPIC. Un certain nombre de personnalités politiques, dont le maire de Grenoble Eric Piolle ainsi que le président de la métropole, Christophe Ferrari, avaient fait part de leur inquiétude à l'égard de ce projet de cession et demandé à leur tour des engagements, de la part du groupe Adréa et de l'UMG GHM.

Un dossier de reprise, proposé sous la forme d'une société coopérative (SCIC)par le collectif de salariés et habitants du quartier, n'a finalement pas été retenu par le conseil d'administration de l'UMG GHM, lors de la première phase de sélection des candidatures, début mars. Seuls trois dossiers, sur sept offres ayant été déposées avaient été conservés à l'issue de cette première phase.

Un calendrier légèrement repoussé

Alors que les discussions entre l'UMG GHM et les trois candidats potentiels à la reprise devaient aboutir à l'origine sur une décision d'ici fin juin, ce conseil d'administration a entériné un report du calendrier envisagé, en raison du contexte sanitaire actuel.

"Depuis le début de la pandémie, de nombreuses étapes du processus de cession ont naturellement été reportées comme, par exemple, les auditions ou les visites indispensables du site par les trois candidats retenus pour la reprise du GHM", a souligne le conseil d'administration par voie de communiqué.

Un nouveau calendrier prévoit désormais la remise des offres et du projet d'exploitation des trois candidats début juin, ainsi que la sélection du candidat qui devrait être retenu pour une négociation exclusive courant juin par le conseil d'administration de de l'UMG GHM. L'offre définitive devrait quant à elle être déposée devant une Assemblée Générale extraordinaire décisionnaire, puis être entérinée par la saisine du comité social et économique (CSE) du GHM, ainsi que de l'Autorité de la concurrence et de l'ARS.

Ces dates prévoient ainsi qu'une décision finale puisse être rendue "d'ici la fin de l'été 2020". Le tout, sous réserve de l'évolution du calendrier de déconfinement.

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