"Nous partageons avec la Région une vision commune", Michèle Boisvert, déléguée générale du Québec en France

La déléguée générale du Québec en France, Michèle Boisvert achève sa première mission officielle de trois jours en Auvergne-Rhône-Alpes. L'économiste, ancienne journaliste, un temps vice-présidente de la Caisse des dépôts et placement du Québec fait le point sur la coopération entre Auvergne-Rhône-Alpes et le Québec.
Michèle Boisvert à la tribune des Entretiens Jacques Cartier 2019
Michèle Boisvert à la tribune des Entretiens Jacques Cartier 2019 (Crédits : Thierry du Bois)

Article mis à jour le 18.02.2019 à 10h45

LA TRIBUNE - Vous avez déclaré sur Twitter avoir réaffirmé au président de la région, Laurent Wauquiez, l'importance de la relation entre le Québec et Auvergne-Rhône-Alpes. Qu'est-ce que cette coopération a de si particulier ?

MICHELE BOISVERT - L'idée du gouvernement du Québec, c'est d'introduire une dose d'économie dans tout ce que l'on fait. Il n'est pas question de tout lui substituer, mais bien d'en ajouter autant que possible. C'est notre priorité et c'est le sens de mon mandat pour la France. Outre le fait d'entretenir les relations, j'ai comme objectif de doubler les échanges commerciaux entre la France et le Québec d'ici 5 ans. Ils sont actuellement de 4,8 milliards de dollars canadiens (environ 4 milliards d'euros). C'est l'équivalent de 3 jours de commerce avec les États Unis... c'est ridicule, on a largement de quoi faire mieux.

Le Québec a la côte en France, mais ce n'est pas tout à fait réciproque. On y a une image un peu périmée de l'économie française, ses mutations ne sont pas assez connues, alors qu'il y a beaucoup d'innovation. Mon autre devoir, c'est aussi de valoriser cette relation. Nous avons une langue et des valeurs communes, il faut se mettre ensemble pour faire l'effet d'un catalyseur : si le Québec peut être une porte d'entrée vers le marché nord-américain pour les Français, la France peut etre une porte d'entrée vers le marché européen pour les Québécois.

Avec la région, la coopération dure depuis 25 ans. Sur les 200 entreprises québécoises implantées en France, on en compte une petite trentaine dans la région. Nos relations sont fortes, profondes. Nous partageons avec la Région une vision commune, basée sur des actions concrètes. Notre tissu de PME se ressemble. Là aussi, je me dois de mieux faire connaître notre relation basée sur nos échanges universitaires - on compte 43 projets de coopération universitaires —, mais aussi économiques, scientifiques, éducatifs et culturels

Quel secteur mérite une attention particulière ?

Nous avons convenu, avec Yannick Yannick Neuder, vice-président délégué à l'Enseignement supérieur, la Recherche, l'Innovation, les Fonds européens et la Santé, avec qui nous partageons cette vision concrète, de s'emparer des Entretiens Jacques Cartier, point d'orgue de notre relation bilatérale. Ils se sont déjà bien ouverts aux entreprises avec une diversité de secteurs, mais nous souhaiterions nous réserver une journée thématique pour nous emparer d'un sujet, très ciblé comme par exemple l'hydrogène, la santé, la mobilité, pour travailler concrètement ensemble.

J'ai rencontré les pôles de compétitivité et nous avons décidé d'intensifier nos relations de travail, déjà très fructueuses, à travers par exemple d'événements d'interclustering.

Enfin j'ai également découvert le concept du Campus du numérique que je trouve très intéressant. Nous avons acté, avec Juliette Jarry, la vice-présidente déléguée aux infrastructures, à l'économie et aux usages numériques, de nous retrouver sur Vivatech en juin prochain pour faire fructifier cette relation. Le numérique est nouveau sujet très important, porteurs d'échanges.

Qu'avez-vous découvert de très innovant dans la région ?

J'ai été très impressionné par l'Yspot, le centre d'innovation du CEA à Grenoble ou par le FactoLab de Michelin, à Clermont-Ferrand. Mais je retiens surtout la plateforme d'innovation Axel'One : je ne connaissais pas du tout et j'ai découvert un modèle de travail très inspirant entre recherche, startup et entreprises. C'est un modèle très abouti, un bon mixte auquel il est très difficile d'aboutir. Ces précurseurs ont réussi à briser la méfiance entre tous ces mondes. Cela résume bien l'innovation collaborative et le pont entre la recherche et le marché.

A contrario, qu'avez-vous repéré comme potentiels de développement pour vos entreprises québécoises ?

Nos entreprises ont clairement une carte à jouer en matière d'Intelligence artificielle. Nous avons un vrai savoir-faire qui peut bénéficier aux entreprises et au marché français. J'ai rencontré quelques pépites : nous allons faire en sorte que tout le monde puisse se connaître.

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