En Savoie, l’inclusion fait l’unanimité, pas la méthode

Le plan "10 000 entreprises pour l’inclusion et l’insertion professionnelle" a fait étape en Savoie pour encourager les entreprises du département à s’unir en faveur de l’inclusion par le travail. Si l’objectif est partagé, la méthode employée l’est moins.

Depuis le lancement de l'idée il y a un an par le président de la République, 55 clubs d'entreprises ont émergé à travers la France pour unir les entreprises, les organismes d'accompagnement tels que Pôle Emploi, et les collectivités territoriales, dans le combat pour inclure les personnes laissées en marge du marché du travail.

La Savoie, malgré son taux de chômage inférieur à la moyenne nationale, a du travail à accomplir dans ce domaine. Le département compte 42 500 personnes hors de l'emploi. La moitié d'entre eux sont des chômeurs de longue durée et des jeunes actuellement sans travail, sans stage ni inscription à une formation.

Un format national

Vendredi 28 juin, Laurent Kazmierczak, chef de projet au Ministère du travail, et Florence Poivey, ex-dirigeante de l'industrie de la plasturgie altiligérienne, représentaient le Haut-commissariat aux compétences et à l'inclusion par l'emploi à une réunion avec des représentants d'entreprises savoyardes sensibles aux enjeux liés à l'inclusion. Plusieurs d'entre eux ont témoigné de leurs difficultés à recruter et à conserver leur personnel.

En réponse, les deux représentants du haut-commissariat sont venus expliquer aux dirigeants et DRH des entreprises savoyardes comment leur union à travers un club d'entreprises permettrait de faire oeuvre utile dans le domaine de l'inclusion, et à satisfaire leurs besoins de recrutement.

Les représentants d'entreprises savoyardes sont donc invités à se fédérer, encourage Florence Poivey avec enthousiasme quand elle entrevoit les initiatives qui pourraient être mises en commun. Les entreprises de la Savoie sont aussi conviées à choisir une ou plusieurs des 12 thématiques « officielles » du programme national (handicap, apprentissage et alternance, quartiers prioritaires, stages de troisième...), sur lesquelles elles s'engageront et dont elles devraient débattre trimestriellement entre elles, suggère Laurent Kazmierczak. Les engagements pris seront évalués périodiquement, prend-il le soin de préciser.

Pas un club de plus

L'objectif de "raccrocher ces personnes à la société", selon les mots de Pierre Molager, le secrétaire général de la préfecture de la Savoie, crée l'unanimité parmi les entreprises représentées. Des dirigeants d'entreprises et des DRH ont cependant mis un bémol quant à la méthode employée.

"C'est un dispositif de plus, qui se veut fédérateur des autres dispositifs existants. L'initiative vient de Paris, mais on demande aux territoires de proposer et de s'engager en leur confiant la responsabilité de s'organiser", observe Bruno Gastinne, le président de la Chambre de commerce et d'industrie de la Savoie.

Mais celui-ci ne veut pas voir éclore une structure supplémentaire. "On va faire en sorte de ne pas créer un club de plus, mais plutôt de capitaliser sur des clubs existants", entrevoit M.Gastinne.

De l'entre-soi ou de l'action?

Le ton était plus circonspect du côté de Julien Maurice, dirigeant de l'entreprise de nettoyage HEPS de Saint-Genix-sur-Guiers, qui compte 40 employés. Le plan national risque de réunir encore une fois les entreprises entre elles plutôt que de les encourager à s'ouvrir sans arrière-pensée, pointe-t-il.

"On en est encore à se focaliser sur la recherche de candidat pour des besoins de court terme, alors que les entreprises devraient aller à la rencontre des personnes à inclure", regrette le chef d'entreprise, dans une intervention saluée par plusieurs représentants d'entreprises et d'organismes d'accompagnement.

Ces personnes et les entreprises demeurent dans deux mondes séparés, perpétuant des croyances et des peurs de chaque côté, constate M.Maurice.

"Nous devons rencontrer des jeunes pour les comprendre, sans motivation de combler un poste immédiatement", illustre-t-il, se disant également en réflexion quant à l'opportunité de rejoindre un éventuel club d'entreprises savoyardes dans le cadre du plan national.

"J'irai si cela peut faire bouger les choses, mais pas si c'est pour faire de l'entre-soi."

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