"On ne peut plus laisser faire uniquement le marché, donc on prend la main en mettant en place un plan d'urgence pour l'accès au logement, sinon on risque d'effriter l'attractivité de la métropole".
Tel est le constat posé par David Kimelfeld, président de la métropole de Lyon pour justifier la mise en œuvre d'une batterie de mesures visant à réguler le marché du logement sur le territoire métropolitain. Un territoire, où le prix du mètre carré de logement ancien a franchi le cap de 4 000 euros sur la ville de Lyon, et le prix moyen du neuf flirte avec les 5 000 euros. Une situation qui condamne de plus en plus de personnes à vivre en dehors de la ville voire de la métropole.
Maîtriser plus de foncier
Pour répondre à ces enjeux, la métropole mise sur des solutions qui ont déjà fait leurs preuves. C'est le cas de l'encadrement des locations de meublés touristiques, permettant de limiter la professionnalisation de cette activité et de créer une bulle spéculative sur les petites surfaces ou du plan 3A favorisant l'accession à la propriété pour les primo-accédants via un coup de pouce financier de la collectivité. Mais désormais d'autres dispositifs vont entrer en scène.
Le principal levier actionné par la métropole sera la maîtrise foncière. Le budget alloué aux réserves foncières va ainsi être doublé cette année.
"Nous passons à 40 millions d'euros", précise Michel le Faou, vice-président de la Métropole chargé de l'urbanisme et du logement.
Dans le même esprit, l'exécutif proposera, en septembre à l'assemblée, la création d'un office foncier solidaire. Ce dispositif, qui n'est pas sans rappeler celui des baux HCL, bien connus des Lyonnais, permet de dissocier le foncier du bâti. Autrement dit, pour devenir propriétaire de leur logement les acquéreurs s'acquittent du prix du bâti et d'un loyer pour le foncier.
"Le prix d'acquisition est ainsi diminué de 20 à 30%", souligne le vice-président.
L'objectif de la Métropole est de "produire" environ 900 logements par an via l'OFS qui sera créé sous forme associative. Un modèle retenu par la métropole car il permet de réunir au tour de table "l'ensemble des partenaires parties prenantes dans l'acte de construire", des bailleurs aux promoteurs en passant par les communes.
L'attractivité en jeu
En initiant ces mesures, l'exécutif de la métropole n'entend pas faire table rase du passé et notamment du fameux modèle lyonnais en matière de production immobilière. Lequel entretenait année après année sa réputation fondée sur un travail partenarial entre la collectivité et les promoteurs pour doser les mises en vente et maintenir un marché équilibré.
"Nous restons dans l'état d'esprit d'un travail avec les acteurs de l'immobilier", insiste David Kimelfeld.
C'est la conjoncture nationale (et surtout locale) de hausse des prix des logements combinée à une période de transition entre le nouveau PLU-H et l'ancien durant laquelle les permis de construire sont restés en souffrance qui ont dicté ce plan d'urgence. Mais surtout, la crainte que le renchérissement des prix des logements ne pénalise l'attractivité.
"De plus en plus d'entreprises, qui veulent s'installer, nous posent des questions sur le prix du logement", constate le président de la métropole, convaincu que "le logement et les mobilités sont les enjeux majeurs de demain".
Reste le levier de l'encadrement des loyers qui pour l'heure n'est pas activé.
"Nous avons un observatoire des prix des loyers qui montre que pour l'instant, les loyers restent raisonnables, si cela vient à changer, nous serons pragmatiques et nous agirons", promet David Kimelfeld.
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