Mission patrimoine : moins d'un million d’euros pour Auvergne-Rhône-Alpes

Le million d’euros attribué par la Mission Patrimoine va contribuer à la restauration de 24 sites de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Les modes de calcul et de répartition sont néanmoins contestés, notamment à Chaponost.
(Crédits : DR)

Alors qu'il reste encore quelques tickets à gratter en vente, l'heure est au bilan pour la Mission Patrimoine, cette opération pilotée par Stéphane Bern pour financer la restauration du Patrimoine français. Un bilan financier plutôt positif puisque 21 millions d'euros ont été collectés en partenariat avec la Française des Jeux (loto + tickets à gratter) au lieu des 15 millions espérés initialement.

18 sites dits "emblématiques" se sont déjà vu attribuer 5,2 millions d'euros en 2018. Le reste sera réparti, selon un calcul savant, entre 251 autres sites. Un bonus supplémentaire de 14 millions d'euros, débloqués par le ministère de la Culture, sera accordé aux sites classés monuments historiques et sélectionnés par la mission Bern. L'enveloppe globale est donc conséquente.

Pour autant, de vives critiques s'élèvent notamment contre le mode de répartition et le maintien du prélèvement de la CSG sur les sommes collectées.

986 000 euros pour Auvergne-Rhône-Alpes

Dans la région, 986 000 euros ont été alloués. 24 sites ont été retenus, dont 13 pour le côté Rhône-Alpes (531 000 euros) et 11 pour la partie auvergnate (455 000 euros). Dans la liste des "gagnants" du loto : la Maison des Chevaliers à Viviers, le site troglodyte de Chateauneuf-sur-Isère, le Château de Bon repos, les Grottes de Couteaux, le Pont Vieux de Lavoute-sur-Loire ou encore le Chalet du Tour à Monsapey.

Mais au premier rang de ces sites, figure l'Aqueduc du Gier. Il avait été choisi, au côté de 17 autres lieux d'histoire français, comme site emblématique pour représenter la région. Une opération de communication de grande envergure avait ainsi été menée en septembre dernier, avec visite de la Ministre de la Culture.

"Depuis 2014, nous sommes inscrits dans une démarche de valorisation de ce patrimoine exceptionnel qui a plus de 2 000 ans d'histoire. Nous nous étions rendu compte que l'état sanitaire de l'Aqueduc du Gier était catastrophique", explique Damien Combet, maire de Chaponost.

Long de 86 kilomètres, cet édifice traverse 23 communes de la Loire et du Rhône. Sur ce parcours, deux communes sont particulièrement impactées par sa traversée : Chaponost et Sainte-Foy-lès-Lyon. Chaponost abrite ainsi la plus grande section d'aqueduc en France avec un alignement exceptionnel de 92 arches, sur 500 mètres, dont 72 sont encore debout. Six arches ont déjà été restaurées sur la période 2015/2017, grâce notamment à une première souscription menée avec la Fondation du Patrimoine. Cette dernière avait permis de collecter quelque 50 000 euros. En 2017, un nouveau programme a été lancé, prévoyant la restauration de 12 arches supplémentaires d'ici 2020.

"Il faut se rendre compte que le budget est énorme pour une petite commune de 8 500 habitants. Chaque arche coûte 30 000 euros. Alors évidemment, lorsque nous avons été retenus par la Mission Bern, nous étions vraiment très heureux. On nous avait annoncé un financement total des besoins, en tout cas pour les sites emblématiques. Cela représentait 1,4 million d'euros".

Traitement contesté

Sauf que dès septembre dernier, Chaponost a déchanté en comprenant qu'elle toucherait uniquement un chèque de 96 000 euros.

"Je ne comprends pas vraiment comment on peut fixer un montant, avant même que les jeux ne soient faits. Nous avons posé la question mais n'avons pas obtenu de réponse claire".

Le maire de Chaponost digère mal l'annonce des sommes attribuées à chaque site.

"Je suis très content pour eux mais pourquoi le Fort Villageois de Mareugheol a-t-il perçu 93 000 euros, presque autant que nous, alors que nous sommes site emblématique ?".

Une critique à laquelle tente de répondre Frédéric-Nicolas Kocourek, chargé de mission de la Fondation du Patrimoine pour Rhône-Alpes.

"M. Combet a raison de se battre pour son patrimoine, c'est tout à son honneur. Ceci étant dit, il ne faut pas oublier que certes, Chaponost a reçu un chèque de 96 000 euros mais une somme identique a été versée à Sainte-Foy-les Lyon pour le même édifice. De plus, l'Aqueduc du Gier étant classé Monument Historique, il pourra bénéficier d'aides supplémentaires issues de la dotation complémentaire de 14 millions d'euros débloquée par le gouvernement. Chaponost doit donc se rapprocher de la DRAC pour monter son dossier".

Dans une interview donnée au Figaro, en début de semaine, Stéphane Bern reconnait que "les Monuments historiques ont moins reçu que les autres". Pourquoi ? "Ils bénéficient par ailleurs de subventions et d'un régime fiscal favorable". Le pilote de la mission Bern, parfaitement conscient des frustrations générées, signale ainsi dans la même interview : "Nous allons reprendre, avec la Fondation du Patrimoine, les dossiers un par un et essayer d'arrondir les angles".

A noter que des bonus seront fixés, fin mai 2019, pour récompenser les sites et collectivités fortement mobilisées sur des collectes d'ordre privé, dans la limite de 10% du besoin de financement, avec la règle suivante : 1 euro apporté pour 1 euro collecté. La souscription publique lancée par Chaponost atteint à ce jour près de 75 000 euros.

Une mobilisation maintenue

Si Damien Combet se dit déçu des montants perçus et affirme ne pas avoir été informé d'éventuelles rallonges, il reconnait les bénéfices importants générés par la mission Bern en termes de visibilité.

"Nous avons profité d'un coup de projecteur fabuleux. Beaucoup de médias ont parlé de nous, nous avons eu une hausse importante du nombre de visiteurs".

Le site étant gratuit et libre d'accès, difficile d'avoir des chiffres précis mais cette progression serait palpable dans la petite commune. Des aménagements ont été faits aux abords pour accueillir le public dans de meilleures conditions et une mise en lumière sera opérationnelle dès cet été. Pour poursuivre la restauration des arches de son Aqueduc et compléter les fonds reçus de la mission Bern, et, potentiellement, ceux à venir de la DRAC, Chaponost compte désormais sur son budget propre, sur le mécénat d'entreprise et sur les dons des particuliers. Damien Combet place également ses espoirs dans la Région, qu'il doit rencontrer prochainement. "Laurent Wauquiez a annoncé un plan patrimoine, je suis optimiste !".

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