3.I.A : les premiers éléments du dossier grenoblois

Le projet de centre de recherche en intelligence artificielle défendu par l’écosystème grenoblois, MIAI@Grenoble-Alpes, fait partie des quatre dossiers retenus, aux côtés de Nice, Paris et Toulouse, lors de la première phase de sélection de l’appel à manifestation d’intérêts pour l’obtention du label 3.I.A par l’Etat français. Un programme doté d’une enveloppe globale de 100 millions d’euros sur 4 ans, et dont les résultats sont attendus au printemps.
(Crédits : DR)

"Ce n'est pas rien si dès le départ, le président Emmanuel Macron avait cité la ville comme l'un des territoires pouvant potentiellement accueillir un tel site". Pour Eric Gaussier, coordinateur du projet et directeur du laboratoire d'informatique de Grenoble (LIG, CNRS/Grenoble INP/Inria/UGA), Grenoble a désormais toutes ses chances de figurer parmi les sites qui seront labellisés au printemps, grâce à son projet MIAI@Grenoble-Alpes.

"La ville possédait déjà sur ce terrain des forces importantes, issus à la fois de la recherche académique et du secteur industriel", souffle-t-il.

Si les cartes ne sont pas encore distribuées, tout porte à croire que l'ensemble des dossiers retenus (dont Grenoble) pourraient se diriger vers une labellisation. Car à l'issue d'une première phase de sélection déjà assez drastique, où douze projets avaient été soumis, les quatre villes retenues sont désormais invitées à déposer un document plus complet d'ici la fin janvier. Avec toutes les chances de remporter ensuite la mise :

"La volonté du gouvernement est d'essayer de financier l'ensemble des sites présélectionnés. Mais il y aura tout de même un cahier des charges à respecter", concède Eric Gaussier.

A Grenoble, le projet MIAI@Grenoble-Alpes, chapeauté par la communauté d'établissements Université Grenoble-Alpes (Comue), fédère plusieurs acteurs autour de la table tels que l'UGA, le CNRS, l'INRIA, le CEA, l'INSERN, ainsi qu'une quarantaine de partenaires industriels (dont Facebook, Google, Naver labs, STMicroelectronics, Atos, Schneider ou encore la Poste), travaillant autour des thématiques liées à l'intelligence artificielle.

Au total, cela représenterait un vivier de 150 à 200 chercheurs impliqués sur ce dossier, et bien plus si l'on compte les doctorants et post doctorants que cela permettrait de recruter.

Les quatre piliers du projet 3IA

Pensé pour associer le tissu privé et académique, ce centre de recherche fondamentale et appliquée sur l'IA s'organisera autour de plusieurs piliers : l'apprentissage et le raisonnement, la perception et l'interaction (à travers la vision par ordinateur et le traitement de la parole), l'architecture matérielle et embarquée, avec un regard des sciences humaines et sociales sur l'éthique et le cadre juridique de l'IA. La mise sur pied d'une chaire en partenariat avec un industriel du secteur fait partie des pistes envisagées.

"Nous visons à appliquer ces technologies dans le domaine de la santé et des medtechs, mais aussi de l'environnement, par le biais de l'énergie", annonce le porteur de projet.

"Nous visons un budget de 20 millions d'euros par année, dont 1/3 de contributions de l'Etat, 1/3 issus de partenaires industriels et 1/3 du budget académique, qui est principalement le temps des chercheurs", souligne Eric Gaussier.

Aucune construction ne sera nécessaire pour mener à bien ce projet, qui devrait occuper au moins deux bâtiments situés sur deux sites distincts de la ville.

"Nous aurons besoin de salles blanches associées, pour la partie comprenant l'architecture matérielle et embarquée, qui se situent sur le campus Ouest de la ville, en plus des locaux académiques se trouvant sur la partie plus à l'Est", détaille-t-il.

Doubler le nombre de personnes formées

En plus d'inclure la recherche fondamentale et appliquée, ce projet souhaite développer de nouvelles formations dans le domaine de l'IA, et ce, avec des objectifs cibles, qui seront de "doubler le nombre de candidats formés pour atteindre près de 700 personnes" mais aussi de "créer 10 startups par an d'ici deux ans".

"Nous possédons déjà des formations de niveau master et école d'ingénieurs sur les sciences de données et l'IA. L'idée étant de renforcer ces formations et d'introduire des majeures et mineures", ajoute Eric Gaussier.

Selon lui, ce projet vise aussi à répondre aux attentes des entreprises locales, qui se font également de plus en plus importantes dans le domaine de l'apprentissage automatique ou de l'architecture des systèmes.

"Ces dernières ont besoin de comprendre dans quelle partie il devient nécessaire d'investir, et s'il faut plutôt développer au sein de l'entreprise ou en partenariat avec des acteurs académiques en fonction des aspects", illustre-t-il.

Après avoir rendu un premier document d'une dizaine de pages en vue de décrire le projet ainsi que la structure et le CV des principaux intervenants envisagés, les porteurs de projet planchent déjà sur un nouveau document à rendre pour le 19 février prochain, qui sera de nouveau soumis à un jury d'experts en IA.

"Nous espérons une décision pour la mi-avril afin de pouvoir démarrer un peu avant l'été et mettre en place l'offre de formation", affiche Eric Gaussier.

Reste que le financement global de 100 millions d'euros proposé par l'Etat ne devrait s'inscrire que sur une période de 4 ans. Quid de l'horizon post-2022 ?

"D'ici là, nous espérons que l'institut puisse faire effet de levier tout en nous permettant d'accéder à des fonds européens".

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