Et si demain… Clermont-Ferrand accueillait la fondation Guggenheim ?

Clermont-Ferrand, 2030. La fondation Guggenheim a transfiguré la ville de Bilbao, cité basque autrefois grisâtre, ouvrière et industrieuse. Espérant dupliquer les effets de cette installation culturelle, la ville de Clermont-Ferrand obtient de la fondation américaine l’ouverture, en 2025, d’un établissement culturel labellisé. Développement territorial, requalification urbaine, créations d’emplois : les retombées positives de cette initiative tiennent notamment au mode de gouvernance du projet, qui imbrique partenaires publics et privés. Acteurs de l’économie-La Tribune a imaginé, à l’occasion de la sortie de son ultime numéro, neuf scénarii pour la région Auvergne-Rhône-Alpes. Autant d’évolutions, de transformations, de métamorphoses, tour à tour anecdotiques ou révolutionnaires mais ni futuristes ni absurdes. Ils proposent un éclairage nouveau, un regard distancié, qui pourraient, un jour, interroger l’écosystème du territoire, et soulèvent des problématiques de natures sociale, environnementale, politique, culturelle et économique qui font sens et questionnent… aujourd’hui. Huitième volet de notre série - publiée chaque jour pendant la trêve de Noel.
(Crédits : Musée Guggenheinm - Bilbao)

Diversité culturelle, liens renforcés avec l'éducation, l'environnement et la recherche, inclusion sociale, développement d'activités avec des retombées économiques durables... le dossier présenté par la Ville de Clermont-Ferrand, en 2021, pour être désignée capitale européenne de la culture était solide. Surtout, la capitale auvergnate dispose d'un atout de poids, depuis l'ouverture, il y a cinq ans, en 2025, d'un musée d'art moderne et contemporain, labellisé par la fondation Guggenheim.

"Attirer la fondation américaine ne va pas sans la signature d'un beau chèque, de plusieurs millions de dollars", fixe Vincent Guillon, directeur adjoint de l'Observatoire des politiques culturelles.

En outre, le bâtiment culturel a été dessiné par les architectes espagnols Rafael Aranda, Carme Pigem et Ramon Vilalta, prix Pritzker 2017. Le trio catalan avait déjà conçu le musée Soulages de Rodez (Aveyron). Pour Guy Baudelle, professeur d'aménagement de l'espace-urbanisme à l'Université de Rennes 2, l'œuvre de ces "starchitectes" a permis de convaincre la fondation Guggenheim, "comme le nom de Frank Gehry, à Bilbao, dans les années 1990".

Friche industrielle

C'est dans le quartier Saint-Jean, un triangle de 40 ha formé par la voie ferrée, le boulevard Saint-Jean et l'avenue Édouard-Michelin, que s'élève le musée d'art moderne clermontois. Une zone en friche depuis la fermeture des abattoirs municipaux et de plusieurs entreprises de la filière viande en 2002, mais dont la transformation s'est engagée dès les années 2010 : construction de la vallée sportive, depuis l'avenue Michelin jusqu'à Estaing, création d'un parc le long des voies ferrées et développement d'activités commerciales.

Certes, relève Vincent Guillon, "un phénomène classique de gentrification a fait grimper les prix de l'immobilier dans le quartier". L'attractivité touristique renforcée de la capitale auvergnate l'a obligée à repenser son accessibilité, notamment ferroviaire et aérienne. Et l'afflux de touristes culturels a généré des emplois, "majoritairement dans l'industrie des loisirs, de l'hôtellerie et du commerce". Des emplois "souvent peu qualifiés et précaires", déplore Vincent Guillon.

Selon lui, l'installation de l'établissement culturel est surtout, la preuve de "la stratégie de reconversion du tissu économique local".

Couronnée de réussite, cette installation s'inscrit dans "un projet de nouvelle trajectoire urbaine qui ne peut se départir de l'histoire de la ville", abonde Guy Baudelle.

Et le co-auteur de Musées d'art et développement territorial, d'ajouter : "La réussite de cette installation tient à son mode de gouvernance. Acteurs publics et privés ont construit ensemble le projet et coopéré pour le mettre en œuvre. Son succès tient à l'encastrement des acteurs, élus, décideurs économiques et citoyens."

Ainsi, très tôt, le projet porté par la Ville de Clermont a remporté l'adhésion et le soutien de l'entreprise Michelin. "Sans ce cofinancement de l'équipement culturel, relève encore Guy Baudelle, l'échec était assuré."

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