Et si demain… L’AS Saint-Étienne remportait la Champions League ?

Plus de quarante après sa célèbre défaite en finale de la Coupe d’Europe à Glasgow, l’AS Saint-Étienne porte toujours cette étiquette de finaliste malheureux, mais continue d’entretenir une popularité indélébile. Et si demain les nouvelles générations de joueurs accédaient à nouveau à la finale de la Ligue des champions et la remportaient, comment cette ferveur se transformerait-elle ? Aurait-elle un impact économique, social, culturel ? Acteurs de l’économie-La Tribune a imaginé, à l’occasion de la sortie de son ultime numéro, neuf scénarii pour la région Auvergne-Rhône-Alpes. Autant d’évolutions, de transformations, de métamorphoses, tour à tour anecdotiques ou révolutionnaires mais ni futuristes ni absurdes. Ils proposent un éclairage nouveau, un regard distancié, qui pourraient, un jour, interroger l’écosystème du territoire, et soulèvent des problématiques de natures sociale, environnementale, politique, culturelle et économique qui font sens et questionnent… aujourd’hui. Premier volet de notre série publiée chaque jour pendant la trêve de Noel.
(Crédits : DR)

Article initialement paru dans le numéro 143 d'Acteurs de l'économie - La Tribune.

Champion de France à plusieurs reprises et finaliste raté - mais à l'issue heureuse finalement - en Ligue des champions contre Glasgow, l'AS Saint-Étienne verra les années 1970 écrire sa légende. Une ferveur pour les Verts qui irrigua tout un territoire et transpira bien au-delà. La France entière supportait l'équipe du président Roger Rocher. Toute une ville vibrait avant, pendant et après les soirs de match, parvenant à faire oublier un quotidien morose troublé par les fermetures des mines, les rêves envolés de l'ère industrielle et les conflits sociaux. Dans ce contexte, le football apportait cet espoir de jours meilleurs. L'AS Saint-Étienne était unique et faisait rêver. Quarante ans plus tard, cette ferveur ne s'est jamais éteinte et coule de génération en génération.

Les fondations solidement ancrées ont généré une culture d'appartenance, rarement vue dans le football français. Si bien que dès que l'équipe remporte un derby face à l'Olympique Lyonnais, la finale de la Coupe de la Ligue en 2013, ou encore est sacrée champion de France de deuxième division en 1999 et 2004, c'est tout un département qui vit à l'heure de "Sainté" et ce, des semaines durant. Dès lors, si demain, l'ASSE accédait à nouveau à la finale de la Champions League, et dans le meilleur des cas la remportait, non seulement elle entrerait dans l'histoire du football européen, et renforcerait encore un peu plus son statut de club de légende. Jusqu'à avoir des conséquences dans toute la région sur les plans tant économique, culturel que social ? Difficile de se projeter, mais rien n'est impossible.

Une estime de soi renforcée

"Une victoire de l'AS Saint-Étienne enclencherait une médiatisation très importante, une lecture de son actualité forcément en rapport avec les années 1970Car cette séquence de l'épopée des Verts n'est pas refermée et vit encore. À Saint-Étienne, on parle toujours de football et pas forcément de design", annonce Ludovic Lestrelin, maître de conférences à l'Université de Caen Normandie

Et l'enseignant de poursuivre, nuancé : "L'impact d'une victoire est compliqué à mesurer, et relativement fugace. Mais le football touche à l'appartenance collective locale". Il se garde de dire qu'elle pourrait rejaillir sur la ville ou sur le moral des habitants.

"Y a-t-il eu une différence entre avant et après la finale remportée en 1993 par l'Olympique de Marseille ? se demande-t-il en prenant l'exemple de l'OM. L'effet le plus important fut plutôt la popularité du club phocéen à l'extérieur, en France."

"Toutefois, mesure Christian Bromberger, professeur émérite d'ethnologie à Aix-Marseille Université et auteur de nombreux travaux sur le football, il est possible de voir qu'à Marseille, sur le plan de l'estime de soi, sur le plan psychologique et de la convivialité, les effets ont été remarqués. »

Effet économique limité

Mais en matière économique, c'est une autre histoire.

"Nous n'avons pas constaté de lien entre le succès de l'équipe et le rebond économique de la ville après cette finale de 1993."

Pour Saint-Étienne, il en serait donc de même. Une victoire aussi prestigieuse pourrait cependant profiter au club, en premier lieu. "Il pourrait se saisir de cette opportunité pour réactualiser cette popularité qui lui colle au ballon depuis des décennies, lui redonner un élan, renouer le fil avec son public extra-local et permettre de redynamiser ses sections d'associés supporters", imagine Ludovic Lestrelin. Tout en ayant un effet sur l'affluence les soirs de match.

Puis la ville serait l'autre acteur à bénéficier de l'image renvoyée avec une médiatisation démultipliée, offrant une vitrine pour la capitale ligérienne. Enfin, comme à Marseille, cela renforcerait le chauvinisme, la cohésion et la ferveur. Des caractéristiques finalement bonnes pour l'économie locale et pour le peuple vert.

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