PME : la croissance se maintient mais l'investissement reste trop faible

Le chiffre d'affaires des PME continue d'augmenter dans tous les secteurs en Auvergne-Rhône-Alpes pour l'année 2017. Mais cette croissance risque de s'infléchir à l'avenir, selon la Banque de France.
(Crédits : DR)

La croissance repart à la hausse pour les PME en Auvergne-Rhône-Alpes depuis trois ans. Leur chiffre d'affaires est en hausse en 2017, sur la même lancée que les deux années passées.

"Pour un tiers de ces entreprises, le chiffre d'affaires est majoritairement porté par l'export. C'est une donnée parfois erratique mais cela reste l'élément le plus dynamique de leur croissance", analyse Stéphane Albert, chef économique régional de la Banque de France.

Ces données, la Banque de France les tient des bilans des PME régionales qu'elle récolte à cette période. Pour la première fois, l'institution a souhaité en tirer une analyse régionale afin de distinguer des résultats annuels globaux. Des données précieuses puisque les petites et moyennes entreprises constituent la grande majorité du tissu économique régional.

La poursuite de la croissance concerne toutes les PME de la région, quel que soit leur niveau de dynamisme. Malgré tout, les entreprises appartenant au quartile inférieur restent dans le rouge avec une variation de leur chiffre d'affaires de -2,7% en 2017.

Tous les secteurs d'activité s'intègrent dans cette dynamique avec une forte reprise pour le BTP (6,6% de croissance du chiffre d'affaires).

"La tendance se confirme pour ce secteur après des années défavorables. Il est en net redressement depuis trois ans", commente Stéphane Albert.

Lire aussi : Auvergne-Rhône-Alpes, territoire privilégié pour les PME de croissance

L'industrie est le second secteur le plus dynamique de la région (5,1% de croissance du CA), talonné par les services (5%) et enfin le commerce (4,1%), tiré vers le bas par le secteur automobile qui peine à renouer avec la croissance.

Des modèles stables

Le besoin en fonds de roulement d'exploitation des PME a été maîtrisé l'année passée. Son augmentation en valeur absolue est compensée par l'augmentation de la croissance.

"Pour résumer, la nécessité pour l'entreprise de devoir financer sa croissance ne va pas freiner son développement", explique Stéphane Gourdet, directeur régional adjoint de la Banque de France.

Même constat du côté du taux de marge qui est à la hausse dans tous les secteurs. Les salariés sont les premiers à pouvoir profiter de ces richesses à la hausse.

Les actionnaires restent les troisièmes bénéficiaires de ces revenus, une valeur "normale" selon Stéphane Gourdet pour des PME pas systématiquement cotées en Bourse.

"Les intérêts représentent une part faible du revenu global et la tendance est encore à la baisse, tout comme l'impôt, grâce à une politique économique favorable aux entreprises", poursuit-il.

Lire aussi : Quand le partage de compétences fait grandir PME et grands groupes

Une tendance qui se traduit du côté de l'embauche. L'année passée a été marquée par une hausse significative de la masse salariale (hors intérim) des PME. La plus forte augmentation a été réalisée dans le secteur des services mais elle reste importante tous domaines confondus.

"On constate malgré tout une prédominance des emplois précaires, 80% de ces nouvelles embauches concernent des CDD", modèreStéphane Albert.

Investissements à la traîne

Les flux d'investissements en immobilisations, bien qu'élevés l'an dernier, se stabilisent par rapport à 2016. La démarche d'investissement reste donc faible pour les PME. Résultat : l'outil de production ne tend pas à s'améliorer.

"C'est une limite de ce bilan 2017 car il faut que les entreprises investissent, montent en gamme et continuent de robotiser. C'est une question de compétitivité", explique le directeur régional Auvergne-Rhône-Alpes de la Banque de France.

La reprise de l'investissement depuis quelques années constitue en réalité un rattrapage de la mauvaise conjoncture passée et cette stabilisation n'est pas un bon présage pour la croissance à venir.

Depuis le début de l'année 2018, la Banque de France note d'ailleurs que le climat des affaires est moins favorable que l'an passé. Tous les secteurs d'activité voient leur croissance s'infléchir avec un légère avance pour le BTP qui continue sur sa lancée.

Lire aussi : Les entreprises de taille intermédiaire, moteur de l'emploi régional

"Après une forte hausse en 2017, la capacité de production des PME retrouve un niveau conforme à la moyenne. Est-ce le fruit des investissements passés ou d'une stabilisation de l'activité ? Il est encore trop tôt pour le dire", avance Stéphane Albert.

Les carnets de commande, qui avaient tendance à s'envoler, commencent à s'alléger. Il ne s'agit pas d'un retournement pour les experts de la Banque de France mais bien d'une stabilisation. La croissance devrait elle aussi s'infléchir pour la suite de cette année. La BDF prévoit une légère augmentation de 0.3% pour le trimestre prochain.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.