Paradoxalement, alors que les enjeux ne cessent de croître, le secteur de la sécurité a, jusque-là, échappé à la tendance du regroupement pour construire une "communauté" d'acteurs internationaux qui, grâce au continuum, font avancer des projets.

Tel est le constat qui a guidé la FITS (forum international des technologies de sécurité), un think thank qui planche depuis deux ans sur la création du campus européen pour la sécurité intérieure qui sera basé à Lyon.

Un projet encore conditionné au blanc-seing du ministère de l'Intérieur.

"Nous présentons notre projet à Paris au ministère de l'Intérieur de 10 juillet", précise Bernard Valezy, directeur du projet "campus".

Public et privé main dans la main

La force de ce campus est de regrouper aussi bien les forces de police nationale, municipale, la gendarmerie, la sécurité civile, les acteurs privés de la sécurité que les industriels, les chercheurs et les universitaires qui oeuvrent dans le domaine de la sécurité.

Leur objectif se décline en quatre thèmes. D'abord mieux former les acteurs de la sécurité, ensuite mieux connaitre les besoins en matière de ressources techniques et technologiques afin que les industriels puissent adapter leurs productions et ce faisant répondre avec précision et efficacité aux enjeux de sécurité.

Enfin, un tel campus positionnerait bien évidemment la Ville et la Région comme territoire d'excellence en matière de sécurité à l'échelle nationale et européenne, puisqu'un tel outil n'existe pas ailleurs.

Un campus lyonnais, des prolongements en Europe

Pour incarner ce campus, un ensemble immobilier sera construit sur le territoire de la métropole.

"Nous estimons l'investissement entre 30 et 40 millions d'euros", calcule Bernard Valézy.

Il sera articulé autour d'espaces animés par des organismes de formation du secteur et/ou d'autres spécialement créés pour répondre aux besoins exprimés par les acteurs du projet, d'un pôle de recherche regroupant chercheurs et universitaires de Lyon, Grenoble, et Clermont-Ferrand, mais aussi d'une pépinière d'entreprises et d'un auditorium permettant d'organiser des manifestations internationales.

L'idée de reconstituer sur ce site un quartier de ville avec ses rues, mais aussi ses bâtiments publics et privés pour permettre aux forces de sécurité de s'entraîner dans des conditions plus que proches du réel est aussi avancée.

En marge de ce site, siège de la direction du campus, du comité scientifique et du comité pédagogique, le campus sera complété par un réseau territorial.

"Notre souhait est de d'avoir des pôles d'excellence partout en France", résume Bernard Valézy.

Recherches de financements

La décision de passer des études à la concrétisation sera prise à la rentrée. Mais avant de voir le jour, le campus européen devra encore franchir quelques étapes et surtout trouver les financements nécessaires à sa création.

Les études, menées depuis 2 ans, ont été financées par la Région et la Métropole. Une association de préfiguration devrait prendre le relais pour commencer à mobiliser des investisseurs.

L'Etat via le PIA (programme d'investissement d'avenir) devrait être au tour de table, comme la Région et la Métropole ainsi que l'Europe. Les acteurs du projet souhaitent aussi que les industriels et les professionnels des services de sécurité se joignent à eux.

Il faudra ensuite trouver le foncier (au minimum 5 hectares) sur lequel sera construit le campus, un point sur lequel Région et Métropole, qui jouent collectif sur ce dossier, ont semble-t-il du mal à s'accorder. La première plaidant pour l'ouest Lyonnais quand la seconde envisage plutôt l'Est.

Autant de démarches qui amèneront doucement le campus vers une sortie de terre qui devrait se faire aux alentours de 2021. Pour une ouverture en 2022.