Comment la reconnaissance de l'Unesco transforme le développement touristique local

Pour développer la fréquentation touristique, les acteurs locaux se mobilisent de plus en plus pour décrocher un "label", signe de qualité patrimoniale exceptionnelle pour les visiteurs du monde entier. La reconnaissance de l'Unesco est la plus convoitée. Mais, désormais, d'autres labels sont également recherchés.
Lyon fête en 2018 ses 20 ans de classement Unesco
Lyon fête en 2018 ses 20 ans de "classement Unesco" (Crédits : Laurent Cerino / ADE)

A Lyon, une partie du centre historique figure au Patrimoine de l'Unesco depuis 1998. Comme à Firminy, dans la Loire, qui a décroché cette reconnaissance en juillet 2016, pour l'oeuvre de Le Corbusier.

Ce classement pose avant tout des bases solides permettant de protéger ce patrimoine singulier à plus d'un titre.

Mais il est aussi un moyen hors pair d'attirer les touristes et de bénéficier de retombées qui vont bien au-delà des allées et venues des visiteurs attirés par cette reconnaissance internationale.

Effet immédiat

Sur le champ touristique, force est de constater qu'obtenir la reconnaissance de l'Unesco est synonyme de progression du nombre de touristes. Les effets sont, pour ainsi dire, garantis et immédiats.

A Lyon, où le fameux Graal est tombé le 5 décembre 1998, le flux touristique a marqué une hausse de plus de 15% dès l'année suivante. "Cela a été un formidable élément déclencheur", résume François Gaillard, président de l'Office du tourisme.

A une bonne centaine de kilomètres de là, ce phénomène est scruté avec attention, car les mêmes causes semblent produire les mêmes effets.

"Entre juillet et décembre 2016, le nombre de visites de la Maison de la Culture œuvre majeure de Le Corbusier, a augmenté de 50%. L'année dernière, 20 000 personnes ont visité le patrimoine de Le Corbusier à Firminy, soit 16% de plus qu'en 2016", constate Marc Petit, maire de Firminy, presque incrédule, mais fier du chemin déjà accompli.

"Nous nous sommes battus pendant 10 ans pour obtenir le classement des œuvres de Le Corbusier au Patrimoine de l'Unesco", lâche-t-il bien décidé à capitaliser sur cette reconnaissance pour aller encore plus loin.

Effet durable

Car si ce signe aujourd'hui accordé à 1 073 biens culturels, naturels et mixtes de 167 états membres de tous les continents est synonyme d'avant et d'après en matière touristique, il est loin d'être "un one shot".

"Les Lyonnais ont changé de regard sur leur ville. Ils se sont rendu compte qu'ils vivaient dans un endroit méritant vraiment le détour. Tout le monde s'est mis à bomber le torse. Et les habitants sont devenus les meilleurs ambassadeurs de la ville, une sorte d'office du tourisme en puissance. Nous sommes allés voir les tour-opérateurs pour leur vendre des programmes de destination et la fréquentation touristique a doublé en vingt ans. De 2,5 millions de nuitées par an, la ville est passée à 5 millions", analysait le patron de l'Office du Tourisme de Lyon en dressant le bilan des 20 ans de "classement UNESCO".

Constat partagé en Ardèche, où pour la troisième année consécutive les réservations d'hébergements marchands ont progressé de plus de 5% sur les ailes de saison, laissant penser que la Caverne du Pont D'arc, réplique de la Grotte Chauvet, patrimoine mondial de l'Unesco depuis 2014, influe directement sur ces chiffres.

Firminy veut croire à la même destinée. "Aujourd'hui, des voyagistes japonais et coréens inscrivent Firminy dans leurs circuits", commente le maire. La cité de la Loire, jadis place forte de l'extraction de la houille fortement minée par la disparition de cette activité, semble avoir trouvé un nouveau socle pour son développement, qui profite au bassin stéphanois dans son ensemble.

Effets économiques

En restant à l'intérieur des frontières de la ville, les comptes sont déjà positifs. Ce classement a permis de créer deux emplois pérennes au sein des sites et deux postes saisonniers de guide. "Le chiffre d'affaires de la boutique est en nette hausse", ajoute Marc Petit.

Le corbusier Firminy Maison de la Culture

La fréquentation de la Maison de la Culture a augmenté de 50%

Au-delà, des retombées sonnantes et trébuchantes, le travail mené en amont du classement a été fédérateur et a permis de rassembler vers ce dessein commun les forces économiques, politiques et les habitants de l'ensemble du bassin stéphanois. "Un véritable élan collectif", qualifie l'édile.

D'autant que cet "élan" franchit aujourd'hui les frontières et laisse augurer de nouvelles perspectives.

"Nous avons des liens réguliers avec les autres villes qui ont un patrimoine classé, l'image de la ville change. Nous sommes aujourd'hui régulièrement sollicités par des écoles qui souhaitent organiser des visites du site. Nous allons créer une salle pour les accueillir", égraine le maire.

En parallèle, le master européen des métiers des patrimoines dont une partie des cours ont lieu sur le campus Le Corbusier, installé au cœur des bâtiments imaginés par l'architecte, séduit de plus en plus d'étudiants.

Pour l'heure, à Firminy, le label Unesco n'a pas encore véritablement bouleversé le paysage des hébergements, mais au regard de ce qui se passe à Lyon, où le parc hôtelier a quasiment triplé ses capacités, on se prépare également à des évolutions positives sur ce secteur d'activité.

Effet courtisé

Face à de tels effets, on comprend mieux pourquoi, les candidatures se multiplient pour obtenir le sésame.

Retoqué en juillet dernier, l'Auvergne représentera son dossier en juin avec l'espoir de voir la Chaîne des Puy et la faille de Limagne enfin retenue.

"Notre détermination est intacte", rappelle à l'envi Jean-Yves Gouttebel, président du Conseil Départemental du Puy-de-Dôme, pas ébranlé par les revers enregistrés depuis que cette course au label a été lancée il y a cinq ans.

A la clé, les acteurs de ce projet mettent en avant la reconnaissance des caractéristiques et les attributs géologiques du site, mais l'aspect économique n'est pas feint.

Il a d'ailleurs été souligné par le président de la République qui a apporté son soutien aux Auvergnats lors de sa visite, fin janvier, au sommet du Puy-de-Dôme.

"C'est un élément d'attractivité de touristes et de salariés de talent. [...] C'est un formidable atout", a alors affirmé Emmanuel Macron.

Le patrimoine mondial de l'Unesco n'est pas le seul à susciter des vocations.

Lyon brigue désormais le label Grand Site de France pour Fourvière. Comme la Combe d'Arc qui estime que ce titre donnerait plus de visibilité au patrimoine historique et naturel du Sud Ardèche.

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