Commandes publiques : le BTP ligérien tire la sonnette d'alarme

Les commandes publiques liées au BTP dans le département de la Loire chutent régulièrement depuis plusieurs années. Une baisse qui ne se constate pas dans le reste de la région. La fédération du BTP Loire tire la sonnette d’alarme.
(Crédits : DR)

445 millions en 2013. 326 en 2016. Les chiffres ne sont pas encore disponibles pour 2017 mais l'observatoire de la commande publique Bâtiment et Travaux Publics de la Loire, réalisé par CERC Auvergne-Rhône-Alpes, évoque déjà des budgets primitifs des collectivités locales en baisse de 10,7 % entre 2016 et 2017. Alors même que la moyenne régionale des budgets annoncés pour le BTP est sur une tendance à la hausse de 8,6%.

Entre 2015 et 2016, la commande publique a reculé de 12 % dans la Loire. La baisse n'a été que de 1,4% en moyenne dans la région.

"Ces chiffres sont inquiétants. Nous pensions qu'une fois les élections terminées, les commandes publiques repartiraient à la hausse. Ce n'est pas le cas.

Nos entreprises ont aujourd'hui du travail mais parce que beaucoup ont mis la clé sous la porte pendant la crise. Les carnets de commande bien remplis sont en trompe-l'œil. Il ne s'agit que d'un phénomène de rattrapage en réalité. Notre territoire s'appauvrit dangereusement, avanceThierry Vidonne, président de la Fédération BTP Loire.

Baisse des dotations de l'Etat

Le Département de la Loire est un des principaux commanditaires du BTP Loire. En 2009, son budget primitif affichait 67 millions d'euros destinés aux réalisations liées au bâtiment et travaux publics. Le budget 2017 s'est effondré à 47 millions d'euros, soit une baisse drastique de près de 30%.

Une évolution proportionnelle à celle de son budget global d'investissement, selon le président du Département, Georges Ziegler. "Il y a dix ans, nous investissions 123 millions d'euros. L'année dernière, nous n'avons pu investir que 71,67 millions d'euros". La faute, selon lui, à la réduction des dotations de fonctionnement attribuées par l'Etat.

"En 2008, l'Etat nous versait 146 millions d'euros de dotations. Nous ne recevons que 103,7 millions d'euros au titre de 2018. Croyez-moi, si j'avais 43 millions de plus, je construirais volontiers des routes !", justifie Georges Ziegler, président du département de la Loire.

Le président se dit d'autant plus contraint que les dépenses liées au versement du RSA, compétence départementale, ont doublé dans le même espace-temps. Elles ont fait un bond, passant de 50,14 millions d'euros en 2008 à 101,3 millions d'euros pour cette année (le nombre de bénéficiaires était de 10 355 en 2009 contre 18 000 aujourd'hui).

Georges Ziegler pointe néanmoins une bonne nouvelle : son budget primitif 2018 repart à la hausse (89,52 millions d'euros), avec des retombées proportionnelles à prévoir pour le BTP, grâce à des économies sur le budget fonctionnement.

Une charte des bonnes pratiques inefficace ?

Autre sujet de mécontentement du BTP Loire : la mise en œuvre aléatoire de la charte des bonnes pratiques pourtant signée par les principaux donneurs d'ordre du territoire.

"Nous ne constatons pas d'effets positifs pour l'instant. Les signataires ne sont pas moteurs", regrette Thierry Vidonne.

L'observatoire de la commande publique du CERC montre ainsi que le prix reste le premier critère de choix pour 74% des marchés, un chiffre équivalent à 2008. Un taux qui grimpe à 83% parmi les signataires de la charte ! 71% des commandes sont attribuées à l'offre la moins-disante et non à la mieux-disante, même lorsque le critère premier est la valeur technique. Chez les signataires de la charte, ce chiffre ne baisse que de 1%.

"Le rendez-vous annuel de l'observatoire de la commande publique ainsi que les réunions de suivi des chartes de bonnes pratiques seront les moments privilégiés pour sensibiliser les maîtres d'ouvrage. Tous n'ont pas encore une pratique vertueuse, il ne s'agit pas de les stigmatiser mais de les engager dans une démarche de progrès. Cela signifie que nous nous devons opérer un travail de fond sur des pratiques qui ne sont pas forcément naturelles", conclut Thierry Vidonne.

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Commentaire 1
à écrit le 22/03/2018 à 9:39
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Les collectivités locales continuent de faire travailler abondamment le secteur du BTP malgré des ressources en diminution constante. Cela assure ainsi à nombre de PME des contras stables et pérennes même si du coup porte ouverte à de nombreux abus. ...

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